C’est à sa façon un maître des salles obscures. Ne le cherchez cependant pas du côté de ces fameux "méchants" que le 7e art a si souvent mis en scène du genre Dark Vador, Hannibal Lecter ou Voldemort. Loin de là. Jocelyn Bouyssy, qui est tout au contraire franchement sympathique, occupe le haut poste de Directeur général du réseau de cinémas CGR. Pourtant, comme le dit l’Agenais aujourd’hui âgé de 54 ans et à la manière dont pourrait démarrer un scénario : "C’était mal parti". "Mon rêve quand j’étais jeune, raconte-t-il, c’était de devenir journaliste sportif. Mais j’ai arrêté les études assez tôt. Au lycée Palissy, j’étais trop souvent au flipper du bar d’à côté… On m’a fait passer en 1re G et ça a été le début de la fin, d’autant que j’ai une aversion pour la comptabilité." Sa passion pour le sport l’amène à faire de la lecture de l’Équipe et de Midi Olympique sa principale occupation pendant plus d’un an, alors que les manuels scolaires restent sagement fermés… si bien que le conseiller d’orientation l’incite fortement à ne plus revenir dans l’établissement après les vacances de Noël. À six mois du baccalauréat, on imagine que la nouvelle a été fraîchement appréciée par les parents de Jocelyn. Il assure pourtant à son père : "Fais-moi confiance, je vais trouver autre chose." La promesse sera assez rapidement tenue, comme il l’explique : "J’avais un cousin à Marseille qui travaillait dans un cinéma. Je me suis souvenu que j’aimais bien rentrer dans la cabine, voir les affiches, les vendeurs de bonbons…" Puis ce fut le temps du Gallia, du Paris ou encore du Florida et de poursuivre : "Après un intermède au cinéma de Cannes afin de remplacer un opérateur s’étant fait casser la figure dans le hall", l’inauguration du cinéma Carnot, en mars 1985, constituera une ouverture professionnelle qui lancera une brillante carrière.
La scène est digne d’un film que notre personnage central décrit : "Il y avait là Georges Raymond, le fondateur du groupe. J’étais sur le trottoir en face, je regardais tout cela depuis un bon moment. Et tout à coup, une voix, celle de Roger-Marc Lecoq, un responsable, lance : "Qu’est-ce qu’il veut celui-là ? Ça fait une heure qu’il me regarde !" Mon cerveau m’a dit de partir… et mes jambes ont traversé. Il m’a demandé d’aller aider en cabine." En revenant le lendemain matin afin de donner un coup de main au ménage, l’Agenais décroche une promesse d’embauche. Après quelques années passées entre le Carnot et le café de la Poste voisin où ce grand supporter du SUA trouve naturellement sa place, il est appelé à diriger le cinéma de Châtellerault, décor de son premier coup d’éclat. Car ce qui favorisera l’ascension de Jocelyn Bouyssy, c’est le fameux coup d’avance, l’idée qui permet de dépasser la concurrence : "Le jour où je suis arrivé à Châtellerault, un 1er mai, tout était fermé et je me suis dit qu’il fallait que je trouve le moyen de repartir très vite ! (rires) J’ai néanmoins tenu le choc et j’ai remonté ce cinéma qui était sur la mauvaise pente. Je voulais faire un coup, marquer les esprits. Il y avait le film "Terminator" qui arrivait. L’idée a été de faire des tracts et de les distribuer à la sortie des collèges, garantissant une réduction… à laquelle ils avaient de toute façon droit." Le coup est gagnant : l’établissement fait le plein, se relance et Jocelyn y gagne le droit de se rapprocher de son Sud-Ouest natal, direction Castres, puis Angoulême et enfin Bordeaux. Là encore, il profite de la sortie d’un film événement pour frapper fort. Cette fois, c’est "Titanic", en 1997, qui lui en offrira l’occasion : "Le film dure trois heures et quart. Nous avons eu l’idée de dédoubler l’unique bobine pour le projeter dans deux salles, ce qui nous a fait multiplier par trois les nombres d’entrées. Ce qui nous a aussi obligés à faire un entracte durant lequel les gens consommaient énormément de confiseries : les recettes ont explosé !"
Ces réussites le propulseront jusqu’au poste de directeur général du groupe en 2006. Avec un challenge à relever : innover sans cesse afin que le cinéma reste un loisir populaire et familial, sans se faire déborder par les écrans télé géants ou les plates-formes de vidéo à la demande. Le troisième film qui lui donnera l’occasion de s’illustrer et de s’inscrire dans cette philosophie est "Avatar" (2009). Il détaille : "J’ai appris qu’avec ce film, la 3D allait débarquer. Nous avons alors pris tous les concurrents de vitesse et nous avons passé 400 salles en numérique. Et là, nous avons fait la "Une" jusqu’aux États-Unis… Il faut toujours proposer quelque chose de nouveau pour que les gens, les familles viennent encore au cinéma. On a vu que l’industrie de la musique n’a pas anticipé tous les changements et les a pris de plein fouet. Le cinéma français, lui, se porte bien sous couvert de beaucoup d’investissements."
Des liens d’amitié tissés avec des acteurs
Lui qui dit n’aller que rarement au cinéma car il ne peut s’empêcher d’y voir les défauts dans les salles a tout de même créé des liens dans le métier, notamment avec ceux qui sont en pleine lumière : "Le siège du groupe se trouve à La Rochelle et souvent nous y recevons les acteurs pour les avant-premières. C’est vrai qu’au fil des années je me suis lié d’amitié avec certains : Manu Payet, Patrick Timsit, José Garcia par exemple sont des gens vrais qui ne se prennent absolument pas la tête. Avec d’autres, c’est plus compliqué… Jean Dujardin est très sympa également. Je lui ai même fait donné le coup d’envoi d’un match de rugby à La Rochelle ! Comme à Jean-Claude Van Damme d’ailleurs. J’ai dernièrement amené Franck Gastambide avec moi à Los Angeles pour inaugurer une salle Ice Immersive (voir encadré)." Mais loin des "States" et de ces stars qu’il fréquente très régulièrement, Jocelyn n’en oublie pas moins son Lot-et-Garonne natal : "J’essaie d’y revenir souvent. J’y suis revenu l’année dernière avec Les Chevaliers du Fiel, à l’occasion de la sortie de leur film à Agen. Un CGR qui sort d’une très bonne année d’ailleurs. Mais quand je peux, j’y viens aussi voir mes sœurs et mon père." Un père qui ne doit pas regretter la confiance accordée il y a maintenant quelques années au vu de ce parcours… digne d’un scénario de cinéma.
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