Pour la plupart des gens, « colocation » rime avec « jeunes étudiants ». Pourtant, elle peut aussi rimer avec « seniors », grâce à Maxime Sauvanet, fondateur des Pénates, une solution de vie pour seniors autonomes. Il nous explique les avantages de cette colocation méconnue dans le podcast de SeLoger, lâimmobilier décrypté.
Les Pénates, câest une solution de colocation avec des services pour seniors autonomes. On se veut une alternative au maintien à domicile et aux grandes résidences seniors. Jâai créé les Pénates, il y a deux ans, en mars 2020 et nous avons ouvert notre première maison, il y a 15 jours dans le Tarn.
Il y a eu plusieurs chemins de réflexion⦠Tout dâabord jâai discuté avec mes parents, qui arrivent à la retraite, à propos de ce quâil se passerait si lâun des deux décédait ou devait être placé en maison médicalisée. Ils se voient mal rester chez eux car ce sont des personnes très actives, qui ont toujours vécu avec du monde, fait des activités comme aller au musée, au cinéma etc. Donc ils ne sont pas habitués à ne rien faire et ils ne se voyaient pas non plus dans des grands complexes, qui sont certes sécurisés et bien pensés mais où il nây a pas beaucoup de fédération entre les habitants car chacun reste chez soi.Â
à force de discuter avec eux et leurs amis, je me suis rendu compte quâil manquait un entre-deux, quelque chose qui serait proche du maintien à domicile mais sans être seul, donc la colocation. Jâai regardé ce qui se faisait dans les pays alentours, surtout dans les pays scandinaves qui sont à la pointe des nouvelles tendances sociétales et de comportement⦠Or il sâest avéré que la colocation entre seniors est très démocratisée là -bas. En France, il y a quelques initiatives, qui sont souvent des épiphénomènes portés par des particuliers, des associations ou des mairies, mais il nây a pas de marques ou de réseaux qui développent ce maillage au niveau national. Jâai donc couplé cette idée avec mes quelques connaissances en immobilier, les planètes se sont alignées et jâai pu me lancer !
Tout dâabord, il faut préciser que chacun dispose de son espace privatif avec chambre, salle de bains, sanitaires et aussi kitchenette car il faut avoir son intimité. En revanche, comme dans une colocation classique, les colocataires partagent de grands espaces communs mais aussi certains services. On peut avoir des animations qui proposent des activités afin que tout le monde, dans la colocation, participe (même si ce nâest bien évidemment pas obligatoire) pour fédérer les habitants. Ces activités sont construites autour des centres dâintérêts de chacun, donc, par exemple, des cours de cuisine si vous êtes un peu épicurien, mais aussi des cours de danse, de sport, de langue⦠On dispose d’une palette assez variée. Elle est encadrée par une gouvernante-animatrice présente 30 heures par semaine et dont le rôle est de sâassurer que tout le monde sâentend bien et régler dâéventuels conflits.
De plus, cette personne est formée sur la détection de signaux de fragilité, car on accueille des personnes autonomes mais il faut rester attentifs en cas de début de dépendance, qui peuvent arriver. Cela nous permet dâanticiper auprès des seniors et de leurs familles, mais aussi de repousser au maximum la perte dâautonomie puis de trouver un habitat qui soit plus adapté si le senior nâest plus autonome. Pour que la vie soit plus douce, on a aussi enlevé les contraires liés à la tenue dâun logement. On sâoccupe donc du ménage (dans les parties communes comme privatives), du linge et de la blanchisserie, ainsi que de lâentretien des jardins car on a la chance dâavoir des grands terrains de 2 000 m², en moyenne.Â
Choisir la colocation entre seniors avec les Pénates coûte à peu près autant qu’une résidence seniors classique.
On a choisi de mettre en place des maisons à taille humaine, qui accueillent entre 8 et 10 personnes et font 600 à 800m². Le ratio est donc de presque 60 m² par personne, ce qui est très confortable. En termes de prix, il faut compter entre 2 100 et 2 300 ⬠par personne et par mois, sachant quâil y a 500 ⬠de crédit dâimpôt sur le service à la personne : gouvernante, ménage, blanchisserie, etc. Il y a donc un reste à charge de 1 600 à 1 700 ⬠par personne, ce qui est dans les mêmes prix et les mêmes ratios que les résidences seniors.Â
Je pense que câest quelque chose qui va fortement se développer. Les seniors dâaujourdâhui et de demain ne sont pas du tout les mêmes seniors quâhier, on est sur des personnes issues de la génération 68, qui aiment leur liberté, la vie en communauté, qui veulent avoir accès à la société de loisirs, de culture⦠Ils veulent prendre leur retraite en main et dans les meilleures conditions possibles : câest ce quâon propose chez les Pénates. On voit bien ce début de phénomène qui consiste à ne pas forcément vouloir rester chez soi où il est possible de vite se sentir seul ou isolé, mais sans vouloir non plus aller dans des grands complexes.Â
Les Pénates font partie du collectif « Les 150 000 en 2030 ». Pourquoi 150 000 ? Parce que le dernier rapport gouvernemental sur la question estime à 150 000 le nombre de logements nécessaires dâici 2030 dans lâhabitat partagé. 5 000 ont été créés lâan dernier donc lâécart est encore très grand et ces chiffres montrent bien la tendance qui se dessine en France sur lâhabitat senior.
En 2020, 26Â % de la population avait 60 ans ou plus et ce chiffre devrait atteindre 32Â % en 2050 (INSEE).Â
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