« Je suis en vacances à st Julien, et j’ai participé aux deux soirées à L’Hacienda. Donc venir me faire tester était une évidence. Non pas pour moi, car je ne suis pas inquiète mais pour les autres, pour éviter de le transmettre. Durant ces soirées festives, les tables étaient poussées et tout le monde dansait, s’embrassait. Je ne sais pas du tout quel sera mon résultat, car j’ai plusieurs de mes amis présents ces soirs-là, et déjà testés et qui sont négatif ».
« Je passe mes vacances chez ma grand-mère, c’est donc primordial pour moi de me faire tester. Je n’ai participé à aucune soirée de grande ampleur, mais en fréquentant les bars, en discutant avec des amis, il y a un risque que je ne veux pas faire courir à ma grand-mère. Je me suis déjà fait tester il y a deux mois, je recommence aujourd’hui. C’est juste normal ».
« J’habite Saint-Pierre Quiberon et je suis saisonnier à La Poste. Je fais très attention aux gestes barrières et nous prenons beaucoup de précaution pour les distributions. Mais se faire tester est pour moi une sécurité. Nous fréquentons des personnes fragiles et, personnellement, je tiens également à protéger mon entourage, mes grands-parents ».
À l’embarcadère de la gare maritime de Quiberon, l’actualité récente n’a pas eu d’effet sur la circulation, fait savoir sur place un employé de la compagnie Océane : « On ne ressent pas de baisse de la présence touristique ». Sur les îles, on concède que le flux a légèrement baissé ce week-end. Les réservations pour Belle île, Houat ou Hoëdic restent néanmoins importantes, malgré les cas de coronavirus à Sauzon. Quelques améliorations toutefois sont à noter selon le personnel : « On a moins à faire les gendarmes sur le port du masque à l’entrée. Ça nous soulage ».
« Dans sa boutique de prêt-à-porter de la place, la commerçante observe un passage régulier de clients qui ne faiblit pas depuis le début de l’été, et ce malgré l’annonce de nombreux cas de Covid-19 : « Les gens viennent sans peur. Ils me disent depuis deux jours : « le virus est partout en France. Il faut bien vivre ». Même son de cloche, dans la boutique de souvenirs de Saint Kado, près de l’hôtel de ville : « Les gens qui ont des besoins d’achat viennent. De toute façon, nous n’avions pas de ballots de gens depuis le début du mois de juillet ». Sur sa rue, toutefois, elle note une « baisse du flux de vacanciers en promenade ».
En vacances avec ses deux enfants, Baptistin et Noëlie, Dominique voit du bon dans la situation que connaît Quiberon : « Dans ce contexte, c’est plus rassurant. Les gens portent des masques dans la rue et le gel hydroalcoolique ne manque pas en boutique… ». Celle qui aide dans son travail des personnes âgées reste néanmoins sur ses gardes : « Avec les enfants, on va être plus vigilant. On doit voir la mamie de 87 ans bientôt. Mais la vie continue ». Arrivée via le tire-bouchon avec leurs vélos, l’équipée, qui loge pour une semaine dans un mobile-home, ne compte pas reporter ou réduire ses vacances en plein air.
Chez un loueur de vélo, près de l’hôtel de ville, on relativise : « Oui, on a quelques annulations de réservation depuis ce week-end, observe Jean-François, à l’accueil. Mais en grande partie, on a des appels de gens inquiets. On les rassure sur l’état de la situation sur place ». La distanciation entre cycles, la capacité de pouvoir se déplacer hors centre-ville sont autant d’atouts pour convaincre les touristes plus inquiets. « Certains Parisiens nous disent : « Entre avoir le masque dans le métro et sur le bord de la mer, on choisit largement la mer ». Le doute subsiste pour le mois d’août. « On ne sait pas si les gens se presseront dans les semaines à venir ».
La presqu’île a répondu massivement à l’appel au dépistage. « On ne peut pas autoriser plus de 300 personnes testées au risque de saturer le labo », estimé Gildas Quendo, adjoint au maire. « On ne passera pas tout le monde aujourd’hui ». Beaucoup de Quiberonnais, de Saint-Pierrois mais aussi parfois… de ?Plouharnelais devront attendre. Fin de la session test programmée à 17 h 30. Et les personnes handicapées sont prioritaires.
Une maman et son jeune garçon se dirigent vers la sortie après le test nasal : « Nous le faisons car notre fils a été testé positif, indique-t-elle, d’un air fatigué. Il est sorti qu’une demi-heure à l’Hacienda Café le 18 juillet au soir. Mais il n’a fait que revoir dans la semaine ses amis, qui y étaient aussi ». Depuis, confiné, son aîné culpabilise. À tort, si l’on en croit la mère : « ça faisait un mois qu’avec ses amis, ils reprenaient un cours de vie normal. Ils se sont fait piéger et on ne leur en veut pas. Ils avaient l’impression d’être protégés entre amis. C’est tout ».
« C’est par acquit de conscience que je suis venu », lance un employé du Super U de Quiberon, où un premier cas avait été détecté. Lui, avoue ne pas sortir en dehors de ses heures de boulot. Pour trois employées en restauration, plus loin dans la queue, on se fait tester mais on ne broie pas du noir non plus pour l’avenir : « Dans notre établissement, on prend énormément de précaution. Et l’Hacienda n’est pas Quiberon ». Les trois concèdent un léger relâchement chez les jeunes. « Pour sortir à l’extérieur, on a manqué de vigilance, comme partout ».
Judith*, 20 ans, est venue avec sa mère : « Je travaille pour elle en tant que saisonnière dans un camping de Quiberon ». Sa venue est motivée par le test positif d’une de ses connaissances. « Elle faisait partie de ceux qui sont allés un soir à l’Hacienda ». Tous ses copains ont sinon été déclarés négatifs. « C’est fini, les soirées dans les bars, comme dans les plages », promet l’étudiante. « On va se retrouver lors de soirées privées. Dans des maisons ou des mobile-homes. En petit comité ».
Alors que le test PCR (dans le nez) peut être fait au drive test sur le parking derrière la mairie, il existe une autre sorte de test qui est, lui, proposé en pharmacie. Le but n’est pas du tout le même, car il s’agit là de tests sérologiques. Julie, 23 ans a fait ce choix.
Ailleurs sur la presqu’île, d’autres tests sont menés. « Nous effectuons actuellement 10 à 15 tests sérologique par jour », annonce Anne, à la pharmacie de Saint-Pierre-Quiberon. « Le but est la recherche des anticorps liés au coronavirus dans le sang, qui détermine si une personne a déjà été infectée. La réalisation d’un diagnostic sérologique permet la détection de la réponse immunitaire post-infectieuse humorale (détection des anticorps IgM, IgG et éventuellement IgA). Nous accueillons parfois des personnes qui se présentent pour avoir un diagnostic, avec des symptômes. Nous leur expliquons alors que ce test n’est pas adéquat ». Julie, 20 ans, est venue car elle avait été en contact direct avec des personnes infectées il y a plusieurs semaines. « Si ce test s’avère positif, cela me rendra plus sereine vis-à-vis de mon entourage, de mes grands-parents en particulier. Mais, quel que soit le résultat, j’irai de toute façon me faire tester au drive, car ce sont deux tests complémentaires ». Le Pharmacien insiste : « même une personne ayant développé des anticorps peut transmettre le virus, mais ce sera uniquement par contact, d’où l’importance de bien se laver les mains et de conserver les distances de sécurité ».
Loin d’un point presse à l’hôtel de ville de Quiberon, la directrice adjointe de l’ARS Claire Muzellec-Kabouche a affirmé que « la majorité des 54 cas positifs étaient des jeunes entre 18 et 25 ans ». Il apparaît selon elle « que les jeunes sont moins précautionneux que des personnes à risque ou plus âgées ».
La directrice adjointe de l’ARS Claire Muzellec-Kabouche a annoncé qu’un drive test serait ouvert jeudi à Auray, sur le parking de Keriolet, afin de délester Quiberon et permettre à plus d’habitants et de vacanciers de se faire tester.
Non loin du drive test, quelques étudiants vacanciers grognent. « Attendre deux heures pour pas se faire tester ». Max, Pauline et Camille se retrouvent tous les ans au camping de Kerhostin. Max était de soirée à l’Hacienda le 16 juillet : « Oui, on a un peu relâché ». La Grenobloise Pauline est plus mitigée sur ce constat : « Certes on s’est mis à checker nos coudes que la semaine passée. Les gens en rajoutent un peu trop sur notre compte. Beaucoup de gens sont relâchés. Rien que sur la plage. L’an passé, on pétait les scores le soir. Cette année, tu ne trouvais pas plus de trois groupes de dix personnes tous les soirs. C’était loin d’être bondé ». Ses copains confirment…

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