L’actualité à portée de main
Abonnement à partir de 1€
En direct
La tension monte à la centrale de Gardanne

Par Carine PALMI
  Photo DR
1/3
 
2/3
 
3/3
Recevez chaque semaine toute l’actualité de votre région
À l’heure où Emmanuel Macron prenait la parole, hier matin, pour appeler à réindustrialiser la France afin qu’elle redevienne “une nation d’innovation et de recherche”, le torchon brûlait entre les travailleurs de la centrale thermique de Provence et leur propriétaire Gazel Énergie. Ce dernier se fendait d’un communiqué de presse annonçant l’occupation des locaux, dans la nuit du 11 au 12 octobre, par ” près de 80 individus cagoulés”. Et de préciser : “Ils se sont introduits par effraction dans la Centrale avec des véhicules sans plaque d’immatriculation et avec des armes decatégorie D” (de type batte). Centrale qui “a été la cible de multiples violences et dégradations”.
En réaction, la CGT organisait une conférence de presse avec visite interne – fait assez rare pour être souligné – afin de prouver que rien n’avait été dégradé puisque “nous nous battons depuis deux ans et demi pour préserver notre outil de travail”, surenchérissait Nicolas Casoni, secrétaire général CGT de la Centrale. Depuis hier, les forces vives de la CGT, de l’UD CGT 13 et de la FNME CGT ont donc décidé de mettre le site sous protection. Comprenez, occuper le lieu “jour et nuit jusqu’à ce qu’on trouve une solution”.
Cette solution, justement, c’est celle que tous les acteurs concernés tentent de mettre en place depuis que le gouvernement a annoncé la fermeture des centrales à charbon du pays en 2022. La question de la reconversion est sensible, d’autant plus à Gardanne où le conflit social s’est enraciné depuis le rachat du site par le Tchèque EPH en 2019.
Pour rappel, l’exploitant Gazel Énergie avait entamé à la fin du mois de juillet 2021 le redémarrage de la tranche 4 de biomasse. Opération test qui aurait dû durer 40 jours mais qui s’est soldée par un appel à la grève de la CGT en date du 5 août. Dans le même temps, le plan social engagé par la direction de la Centrale venait d’être validé par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, alors même qu’il avait été suspendu par ce même tribunal au début de l’été, dans l’attente d’un jugement sur le fond. Le PSE fait état de 98 suppressions de postes sur le site de Gardanne – Meyreuil qui en compte 180.
Et c’est là que le bât blesse. Quand la CGT pointe une “désorganisation totale” en rapport avec la quarantaine de lettres de licenciement parties par courrier au mois d’août, “empêchant la tranche biomasse de fonctionner”, la direction met en exergue “une réorganisation constructive”. “Sur les 98 suppressions, 11 postes sont proposés au reclassement, 4 collaborateurs sont partis d’eux-mêmes, il y a un peu plus d’une quarantaine de départs volontaires et donc il restait une quarantaine de départs contraints. Aujourd’hui le dispositif de formation des 11 qui vont partir du charbon vers la biomasse est en cours de finalisation.”
La première étape de reconversion de la Centrale a été actée le 17 septembre dernier grâce au partenariat de Gazel Énergie avec la société aixoise Hy2gen. Hynovera (ex-projet Hybiol), donc, produira de l’hydrogène par électrolyse grâce à l’électricité de son unité biomasse. Sauf que les travailleurs, qui se sont constitués en association, ont eux aussi déposé leur projet en préfecture le 7 octobre dernier. “Il a été amélioré continuellement”, précise Nicolas Casoni et porte, entre autres, sur la pyrogazéification pour produire du méthane et de l’hydrogène. Une seconde partie est concentrée sur la cogénération dont le résultat des études devrait tomber ce mois-ci. Pour Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD CGT 13, “c’est un scandale d’en arriver à des situations pareilles (…) Il faut mettre tout le monde autour de la table, une bonne fois pour toutes!”
Gazel Énergie rappelle que l’occupation d’un site industriel classé Seveso “met en danger la sécurité publique”. La direction a porté plainte et demande aux forces de l’ordre de faire évacuer les lieux.
C’est la cerise sur le gâteau, celle qui est “venue s’ajouter à la situation de dégradation sur le site”, résume le CGTiste Nicolas Casoni. Vendredi matin, vers les coups de 10 h 30, une panne électrique sur la tranche 5 est détectée. “On est en train de finaliser un certain nombre de travaux pour couper P4 de P5 (la tranche biomasse de la tranche charbon, Ndlr) et il y a eu une inversion de câbles avec des voltages différents qui a fait disjoncter les installations”, rapporte le directeur des opérations chez Gazel Énergie.
L’industriel, qui a investi 10 millions d’euros pour ces travaux, a ainsi diligenté une enquête technique interne pour savoir comment ces câbles ont pu être inversés. Depuis, le service maintenance de la Centrale est intervenu mais Nicolas Casoni fait état de réparations “loin d’être terminées”. Ce qui empêcherait notamment le traitement des eaux qui doivent servir à alimenter la tranche biomasse, pour l’heure à l’arrêt. “C’est vrai mais on n’a pas accès au site… Les actifs nécessaires à la sécurité sont, eux, sécurisés“, assure le directeur.
Une enveloppe d’un milliard d’euros pour le développement, entre autres, des “Small modular reactors” (SMR) : l’annonce a été faite, hier, par le président de la République, Emmanuel Macron, dans le cadre de la présentation du plan “France 2030” (lire en page III). Cette technologie apparaît comme un levier pour décarboner l’énergie et pour répondre aux besoins de sites industriels énergivores. Une annonce dont s’est emparé le groupe du Rassemblement national de la Région Paca. Dans une tribune, Thierry Mariani, président du groupe RN à la Région, évoque la possibilité de “faire de Gardanne le leader du nouveau nucléaire français et de l’hydrogène“. Et d’évoquer, dans ce communiqué, le site de la centrale de Provence comme lieu d'”installation de deux modules Nuward démonstrateur“.
Objectivement la reconversion de la centrale de Gardanne est au point mort ; la tranche 4 censée servir de preuve à une utilisation biomasse ne convainc pas. À la fois au niveau technique, de la fourniture en bois, du coût de fonctionnement. Le contexte social y est très tendu.” Et de conclure en expliquant que le projet pourrait assurer un “avenir pérenne au site” et que “Gardanne peut devenir le fer de lance du nouveau nucléaire modulaire français.” Le débat, sensible à plusieurs niveaux – social et industriel – devrait, selon les élus de l’extrême droite, être porté dans l’hémicycle régional lors de la prochaine séance plénière, prévue le 29 octobre.
La proposition peut prêter à discussion dans ce contexte. L’impérieuse nécessité de reconvertir un site industriel de production d’énergie, à l’heure où la consommation électrique croit, et qu’un projet d’hydrogène vert est avancé, font que le programme SMR – Nuward™ peut être porteur. Moins puissantes, ces centrales sont “d’une grande compacité et d’une sûreté encore renforcée“, explique-t-on à la Société française d’énergie nucléaire (Sfen). Elles résultent d’un consortium de plusieurs opérateurs : “dans le design, la construction et l’exploitation des réacteurs à eau pressurisée portées par EDF et Framatome ; dans le développement et la maintenance des réacteurs compacts avec TechnicAtome et Naval Group ; et dans la recherche et la qualification de nouvelles technologies avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA)“, expliquait Renaud Crassous, directeur du projet SMR à EDF, dans une publication de la Sfen en début d’année. Sur le papier, ces SMR doivent permettre de remplacer les centrales à charbon.
Plusieurs paramètres sont toutefois à prendre en considération. Le premier est le calendrier : le processus n’en est qu’au stade de l’avant-projet sommaire jusqu’en 2022. Les autres viennent de l’implantation : de la source froide en passant par la stabilité d’un terrain situé dans une ancienne zone minière, ou encore les réseaux de distribution sont autant de freins potentiels. Sans compter les problématiques économiques liées à un tel projet de reconversion. “Un SMR à Gardanne, ce n’est pas impossible, mais il y a sur le territoire national certainement des sites plus pertinents“, précise Patrick Michaille, président du groupe régional Provence de la Sfen.
Ukraine : des dizaines de frappes russes la nuit du Nouvel An et dimanche, quatre morts
“Avatar 2” continue de faire des vagues au box-office nord-américain
Loire : un homme soupçonné du meurtre de son co-détenu
Avignon : la Légion d’honneur pour Anne-Marie Jouffroy-Bologna
Lula investi président du Brésil pour la troisième fois
Vidéo : à la Foux d’Allos, on commence l’année 2023 sur les pistes de ski
Ligue 1 : Lyon s’incline à domicile contre Clermont (0-1)
Vidéo : le cardinal Aveline rend hommage à Benoît XVI, un pape “très puissant intellectuellement mais d’une très grande douceur”
Votre journal numérique disponible sur tous vos supports.
À Aix, les tueurs surgissent dans le rétroviseur
Arles : un jeune homme meurt dans un accident sur la route des Saintes
Les stations des Hautes-Alpes sont les plus enneigées de France
Toute l’actu directement par mail

source

Catégorisé: