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Décidément, les temps sont difficiles pour l’industrie dans l’Aveyron. Après le plan social au sein de l’usine Bosch de Rodez (premier employeur privé du département), puis l’arrêt d’activité de la fonderie SAM avec le licenciement de ses 350 salariés, un autre dossier anime l’écosystème local ces derniers jours.
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À quelques kilomètres de là, le site industriel de la Société nouvelle d’affinage des métaux (SNAM) connaît quelques soubresauts. De source syndicale, une quinzaine d’anciens salariés de l’ancienne fonderie SAM devaient y passer ces jours-ci un entretien d’embauche, mais ils ont été annulés. Et pour cause, le président de SNAM, Éric Nottez, a été révoqué, mardi 3 mai, par son conseil d’administration. Provoquant de fait une sorte de paralysie des services dans cette ETI aveyronnaise.
Le conseil remercie Eric Nottez pour ses quinze années passées à conduire le groupe. Il a permis avec l’aide du comité de direction et de l’ensemble du personnel de positionner SNAM comme un leader européen sur le segment porteur du recyclage des batteries issues de la mobilité électrique”, s’est contenté de confirmer et commenter le conseil d’administration à son sujet, via un communiqué.
Fondée en 1977, cette société est, avec le temps, devenue une référence dans le retraitement par milliers de tonnes de batteries d’appareils portables, engins industriels et surtout véhicules hybrides et électriques. La SNAM récupère le cadmium, le cobalt, le cuivre, le lithium ou encore le nickel, avant de les purifier. Un savoir-faire de taille à l’heure où la mobilité électrique fait de plus en plus d’adeptes dans le monde.
Par effet de ruissellement, la société aveyronnaise, basée à Viviez, a vu son activité croître ces dernières années, jusqu’à franchir facilement la barre des 20 millions d’euros de chiffre d’affaires au début de la nouvelle décennie. “Depuis 2015 et l’entrée au capital d’un nouveau partenaire, la société connait une croissance constante. Ainsi, les actionnaires ont contribué à des augmentations de capital successives pour un montant supérieur à 20 millions d’euros. Ces apports ont permis des investissements majeurs en équipement et en personnel. Cela s’est traduit par une augmentation de l’effectif de plus de 60% et un niveau d’activité multiplié par quatre pour atteindre un chiffre d’affaires de 31,7 millions d’euros en 2021. Cette croissance a été rendue possible grâce à l’implication et à l’expertise de l’ensemble des collaborateurs“, tient à faire savoir le conseil d’administration après l’officialisation du départ d’Éric Notez.
Dans ce contexte, où tous les voyants semblent au vert pour SNAM, pourquoi prendre une telle décision ? En interne, les 170 salariés et leurs représentants, ont d’ailleurs été surpris de cette annonce, tout comme les élus locaux. “J’ai été surpris, avec d’autres, d’apprendre son éviction car Éric Nottez semblait bien installé. Cela démontre bien que n’importe quel dirigeant, tel qu’il soit, peut se faire sortir s’il ne donne pas satisfaction à ses actionnaires“, réagit auprès de La Tribune le maire de Viviez, Jean-Louis Denoit.
Néanmoins, cette éviction trouverait son origine dans l’augmentation de capital de SNAM, bouclée à l’automne 2021. Pour alimenter la croissance de la société, le groupe belge Floridienne, côté en bourse et actionnaire majoritaire de SNAM Group, a octroyé 20% du capital de la société aveyronnaise à l’Allemand LHS (et n’en détient ainsi plus que 57,6%) en l’échange de 10 millions d’euros. Selon plusieurs protagonistes du dossier, ces nouveaux actionnaires allemands étaient insatisfaits de la gestion de SNAM conduites par Éric Nottez, qui avait rejoint la société en 2007. Ces mêmes sources évoquent un certain flottement en interne sur l’avancée de plusieurs projets en particulier depuis le départ du directeur technique de la société, Gilles Garin, il y a environ un an.
“On avait l’impression que cela patinait un peu… Et puis Éric avait tendance un peu à sur-vendre les choses. Il parle d’employer 600 personnes dans six ans avec son projet Phenix. Ce n’est pas sérieux… ! Environ 300 déjà ça serait bien”, témoigne un protagoniste du dossier.
Passé l’effet surprise de ce licenciement, c’est désormais l’inquiétude qui règne dans les rangs des élus locaux et des salariés de SNAM, répartis sur trois sites de production à Viviez, Decazeville (Aveyron) et à Saint-Quentin-Fallavier (Isère). Notamment en ce qui concerne l’avenir de ce projet Phénix, imaginé et porté par Éric Nottez, et principal relai de croissance pour les années à venir de SNAM.
Avec le projet Phénix, la SNAM compte fabriquer des batteries neuves dont les composants et matériaux seront à 80% issus de déchets recyclés. Les batteries de ce projet serviront au stockage de l’énergie électrique. Cette initiative d’économie circulaire aura pour intérêt de beaucoup moins importer les matières premières de ces batteries, essentiellement d’origine asiatique. Par ailleurs, les batteries Phénix seront utilisées pour des sites photovoltaïques et éoliens. Les batteries auront comme fonction d’être un soutien au réseau de ces sites qui sont sensibles à la proportion de vent et de soleil, en permettant de stocker de l’énergie en continu sur ces sites malgré un manque de ces énergies naturelles.
La levée de fonds opérée auprès de la société allemande LHS doit permettre d’accélérer l’industrialisation de cette nouvelle technologie à fort potentiel, que l’État accompagne à hauteur d’un million d’euros dans son développement via France Relance et le conseil régional d’Occitanie aussi, pour trois millions d’euros environ. La collectivité, dirigée par la socialiste Carole Delga, n’a pas réagi publiquement à ces mouvements au sein de la direction de SNAM, malgré les craintes de délocalisation étalées par certains après le départ d’Éric Nottez, qui tenait à l’ancrage aveyronnais du projet. “La région Occitanie tiendra ses engagements si la société tient les siens“, assure un élu local.
La volonté du conseil et des actionnaires de SNAM Groupe est de poursuivre et d’accélérer les plans d’investissement et de développement sur les trois sites de production du groupe en s’appuyant sur le professionnalisme des équipes présentes”, a précisé Gaëtan Waucquez, CEO de Floridienne (actionnaire depuis 1996), sur place mercredi 4 mai.
Il était accompagné de représentants du nouvel actionnaire allemand LHS et de ceux du Luxembourgeois Raspaillon (présente au capital depuis 2015). Après avoir rencontré les salariés, le conseil d’administration a rencontré les élus locaux. “Monsieur Waucquez s’est montré rassurant dans le fait qu’il voulait continuer à développer la SNAM et maintenir le projet Phenix sur place“, veut croire Jean-Louis Denoit bien qu’il reste vigilant. Ce déplacement a été l’occasion d’introniser un nouveau dirigeant, allemand, au poste de président de SNAM, qui sera rejoint dans les prochaines semaines par un directeur administratif et financier. “Nous devrions y voir plus clair à l’automne“, conclut le maire de Viviez.
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