Article rédigé par La Voix du Sancerrois
Publié le 24/10/2022 à 07h05
Hervé Martin
 « Il allait partout, il était basé à Santranges. Son chapiteau voyageait au gré des festivités du Pays Fort au Val de Loire, dans le Cher, la Nièvre, le Loiret, l’Yonne… Des bals-parquets, il y en avait partout, à cette époque ». C’était avant l’ère (aujourd’hui révolue) des discothèques. Le livre de Virginie Brancotte est une rencontre et une aventure (huit ans de travail), consacré à une famille de forains, les Corcelle, qui exploitent toujours des chapiteaux, à Santranges, au lieudit le Guédon.
C’est une autre rencontre, celle de Camille Delamour, forain et auteur patoisan berrichon qui avait mis l’autrice sur la piste de Joseph Corcelle, Le Manouch’, et de la saga familiale : « J’ai été séduite par leur chaleur, leur générosité, leur gentillesse, leur bonne humeur. J’ai adoré. Et lorsque Joseph est mort, je suis allée à son enterrement, à Santranges. Il y avait six cents personnes. On avait remonté le bal pour l’occasion. Avant de partir, Joseph avait dit : je ne veux pas qu’on pleure, je veux que l’on danse à mon enterrement et qu’il y ait de la musique. On était triste, mais sur un nuage… »
Cette histoire du bal était restée dans un coin de la tête de Virginie Brancotte.  « C’est ressorti lors du deuxième confinement, se souvient l’autrice, à l’automne : un vieux voisin m’a parlé du bal Manouch’. J’ai cherché sur internet, il n’y avait rien. C’était dommage. Alors, je suis allée voir la famille qui m’a sorti les archives. Des gens chaleureux, gentils. Et j’ai commencé à travailler, j’ai rencontré ses enfants, José et Jocelyne Urbaniak. Grâce à eux, j’ai retrouvé les musiciens qui jouaient au bal, à Nevers, Bourges, Vierzon, Prémery, Paris, Cosne, Boulleret… Ils m’ont tous bien accueillie. »
Virginie Brancotte n’a eu qu’à dérouler l’écheveau pour retrouver le fil de l’histoire de ces fameux bals du samedi soir et des jours de fêtes. « Le bal s’est terminé à la fin des années 1990, l’aventure a duré 50 ans, ce furent des moments magiques, les plus belles années de leur vie, le bal, la musique… L’affaire avait démarré en 1922, lancée par Odile Corcelle, un violoniste. Il a acheté le parquet puis l’a exploité jusqu’en 1946, passant le flambeau à son fils Joseph. Pendant la guerre, il n’y avait plus de bal, mais il existait des soirées clandestines… En 1976, la troisième génération prend la relève, avec José Corcelle. Joseph est décédé en 2009, à l’âge des 94 ans, suivant son épouse Irène, partie en 2008, à 86 ans. »
Le livre redonne leur place aux tenants de ce bal, aux générations de musiciens qui ont animé les soirées et diffusé dans les campagnes, les musiques de leur époque, le rock, la musique des yéyés, la chanson française. Le bal Manouch’, des milliers de personnes s’en souviennent encore, on s’y pressait pour danser, faire la fête, partager les bons moments, retrouver ses amis, faire des rencontres du samedi soir, écouter les tubes du hit-parade…
Recevez par mail notre newsletter loisirs et retrouvez les idées de sorties et d’activités dans votre région.
Des musiciens qui ont animé ces moments, s’en souviennent et témoignent. Maurice Jaillette et Lou Jordan (Pierre Bergerioux), ont les yeux qui brillent lorsqu’ils évoquent ces « souvenirs-souvenirs », en référence au tube de Johnny, un parmi des dizaines qu’ils reprenaient le samedi soir, sur les parquets du Manouch’… S’il subsiste encore quelques autres anciens du bal, comme Jeannot Martin (il joue avec le Gadjo Duo), beaucoup ont rejoint El Manouch’, dont Pierre Ivantcha, de Saint-Gemme, parti en 2021, ou Jo Alaphilippe, mort en 2020. Cette célébrité en Berry, père du champion cycliste, Julian Alaphilippe aurait même, dit-on, joué un soir, en première partie de Johnny…
Pour ce récit d’histoire populaire (236 pages, 90 photos, illustrations inédites), l’ouvrage voit la participation d’une illustratrice, Fanny Alizon (formée aux Beaux-Arts de Nantes), d’ailleurs musicienne, joueuse de techno-musette… Elle a réalisé nombre de dessins et montages pour le livre, mettant en scène et en couleurs, des personnages et des décors des bals d’autrefois.
“Au bal Manouch’, un bal itinérant dans le Pays Fort, 1922-1995”. À paraître en fin d’année. Commande possible en souscription sur Ulule, livre au bal manouch’. Contact : 02.38.31.11.14.
Biographie. Virginie Brancotte, ethnologue, journaliste, autrice. Publications : (2010), Camille Delamour, poète et berlingotier (Corsaire Éd.), biographie d’un forain qui écrivait des poèmes en patois berrichon ; (2011), Au cœur du Journal de Gien, portrait du dernier hebdomadaire familial de France avant son rachat.
Hervé Martin
Article rédigé par La Voix du Sancerrois
Soyez le premier à commenter cet article
10 places à gagner !
Jouez et gagnez vos places pour le match Tango Bourges vs Asvel
Aidez-nous à améliorer notre site en répondant à notre questionnaire.

source

Catégorisé: