Avant d’élire vos députés, France 3 fait le tour des circonscriptions de Bourgogne. Gros plan sur la 2e circonscription de l’Yonne, la moins peuplée du département, à la rencontre des habitants et des commerçants de Tonnerre.
La deuxième circonscription de l’Yonne est la plus étendue du département, de Saint-Florentin et Ancy-le-Franc, au nord, à Avallon et Quarré-les-Tombes dans le Morvan. C’est aussi la circonscription la plus rurale et la moins peuplée de l’Yonne.

Il suffit de quitter la route départementale 965 pour découvrir Tonnerre, labellisée “Petite cité de caractère”. “Nous aussi, on a du caractère !”, plaisante Michel, 64 ans. Au centre-ville, il connaît tout le monde. Depuis 1978, il est commerçant. “Je suis peut-être le plus vieux vendeur de Tonnerre, mais pour moi c’est bientôt la fin“. Michel aspire désormais à une retraite “bien méritée“. 

Mais avant d’en profiter, il fait tout pour vendre son commerce. “J’essaie de vendre depuis 1 an, mais c’est compliqué. J’ai reçu deux propositions sérieuses. Si avec ma femme, on ne réussit pas à vendre d’ici la fin de l’année, on liquidera le magasin“, déplore le gérant, la gorge serrée. A Tonnerre, Michel a connu le passé glorieux : “il y a plus de 20 ans, on était 6000 habitants, ici. Il y avait du travail. Les gens s’installaient. Mais tout ou presque a disparu, les emplois et les travailleurs avec.
Aujourd’hui, il ne se dit pas “nostalgique” du passé. Il veut croire à un avenir radieux, “mais ça va prendre du temps“. Pour preuve, le nombre de commerces, divisé par 3 au centre-ville. Un peu partout, ces mêmes vitrines fantômes, dans tous les secteurs. 

Alors vous savez moi la politique… je n’ai jamais vu le député ici. Et puis, que voulez-vous qu’il fasse? J’ai l’impression qu’ici, plus qu’ailleurs, on n’est pas entendus!

L’air grave, le gérant regrette ce constat : “Les candidats ont toujours de bonnes intentions, mais une fois élus, ils n’écoutent pas nos problèmes“. Pour autant, Michel dit avoir toujours voté, à chaque élection. “Cette fois encore, j’irai voter pour les législatives; en espérant que ça change un peu plus, même s’il y a de bonnes initiatives ces derniers temps“. 
A 100 mètres de sa boutique, Michel nous montre la nouvelle boucherie. “Vous voyez, il ne faut pas perdre espoir
Nous poussons donc la porte de la boucherie. A l’intérieur, Sébastien et Ludivine Leporcq servent les clients. “On a toujours du monde“, lâche le gérant entre deux commandes. Installé à Tonnerre depuis un an et demi, le couple, originaire du Pas-de-Calais, tire un bilan très positif de leur nouvelle activité. “On a pris un risque en venant ici. Le succès est là, on ne pensait pas que ça marcherait aussi bien“. Il faut dire qu’à leur arrivée, il ne restait qu’une seule boucherie au centre-ville. “Très vite, on a fidélisé notre clientèle. Maintenant on se sent très bien ici. On a recruté un apprenti il y a quelques mois. Pourvu que ça dure!

Et quand on leur demande ce qu’ils pensent de Tonnerre: “On sait que depuis 20 ans, c’est compliqué ici, mais on est la preuve que c’est possible. On veut voir tous ces commerces laissés à l’abandon rouvrir !” 

Notre projet, on l’a ficelé seuls. Avec un peu d’aide de la commune. Le député ici ? On ne l’a jamais vu. Mais on ira quand même voter

Si la ville a perdu 2500 habitants en 20 ans, ces dernières années, selon les chiffres de l’Insee, la population a tendance à rajeunir. En octobre 2020, dans ce sens, une nouvelle école, destinée aux métiers du numérique, a ouvert ses portes. Une cinquantaine d’étudiants lors de la première année, dont une quinzaine originaires de Tonnerre. Les autres sont originaires de Dijon ou Paris, située à 2 heures de train. Avec des objectifs de croissance intéressants pour le centre-ville, puisqu’en 2025, l’école devrait compter plus de 200 étudiants dans ses rangs. 

Tonnerre, ça bouge un peu en ce moment. Ils essaient d’attirer les jeunes. Un skate-park vient d’être inauguré il y a quelques jours

Pour autant, après l’obtention de son bac, Steven quittera la ville pour intégrer l’armée de terre. “Peu de jeunes restent ici. Il y a que des emplois non qualifiés ici. Certains reviennent après une première expérience professionnelle parfois“. Le Tonnerre d’avant, Steven ne l’a pas vraiment connu. Mais ses parents lui en parlent souvent : “ils me racontent à quoi ressemblait la foire de Tonnerre. Avant, elle occupait toute la rue sur des centaines de mètres. Maintenant quand j’y vais, ça n’a rien à voir“. 
Le jeune homme a voté pour la première fois lors de la dernière élection présidentielle. Il se rendra à nouveau aux urnes les 12 et 19 juin prochains pour les législatives. “Il faut s’exprimer. Et voter pour celui ou celle qui défendra au mieux les jeunes. C’est trop important !” 

En contrebas de la ville, direction le parc multisports de Tonnerre. Il y a là la piscine municipale, le complexe tennistique et depuis peu une nouvelle installation : le skate-park. Très fréquenté en ce mardi après-midi.

Sur le chemin, nous croisons Séverine, la trentaine. Elle a toujours vécu ici. Mais regrette ce passé “lorsqu’il y avait toujours du monde dans les rues“. Le plus compliqué selon elle ? “Changer l’image de la ville de Tonnerre“. Mais pour cela, elle aimerait pouvoir compter sur les élus locaux. “Le problème, c’est que les élus, comme les députés, s’affichent uniquement sur les réseaux sociaux“. Le 12 juin, elle ira voter, mais ne sait pas encore pour qui. Et de finir sur son attachement à sa ville de coeur, Tonnerre :

Ici, c’est un peu comme dans le Nord. On pleure toujours deux fois: quand on arrive, et quand on repart

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