Depuis l'automne dernier, il s’est sagement enterré dans les lagunes, dont l’étang de Canet- Saint-Nazaire (66), attendant son heure pour poursuivre son invasion. Le réveil vient de sonner pour le "Callinectes sapidus", qui ne laisse que désolation sur son passage. Depuis, la pêche est maigre, le crabe bleu dévore tout ce qui est à portée de ses pinces en cisaillant les filets. Il est urgent d’agir, pour préserver le milieu et sauver les petits métiers.
Jean-Claude Pons a la mine des mauvais jours. Dans son embarcation, peu de poissons, mais une grosse poubelle grise grouillante de crabes bleus, en train de se dévorer entre eux. « C’est pire que la peste, l’invasion de ce crabe est un arrêt de mort. Nous avons signalé sa présence en 2015, puis au fil des saisons il a colonisé l’étang. L'an dernier tout seul j’en ai peut-être sorti une tonne ! Les experts de-ci de-là, sont venus, s’interrogeant sur sa résistance, on a joué le jeu, et aujourd’hui on est dans le rouge. On nous demande de mettre des cages de capture, de placer des appâts, de les relever, on se fout de nous ! »
Une situation désespérée et macabre, pour ce professionnel qui mène sa barque aux quatre coins de l’étang depuis près d'un demi-siècle. Du jamais vu face à un invasif, parce que malgré la dureté, les difficultés à surmonter, Jean-Claude a la pêche chevillée au corps : « Il y avait 52 petits métiers, nous ne sommes plus que trois ! Nous avons alerté sur les pollutions, on a vu les disparitions des crevettes grises, des plis (turbos) et des jols, on est capable de gérer nos ressources qui sont aussi notre gagne-pain. Mais là, ce crabe bleu c’est dramatique ».
En désespoir de cause, face à l'ennemi, il tente de freiner la progression, de limiter la casse et a lui même mis au point un système, pour tenter d’empêcher les « gros » crabes de dézinguer ses filets, «  des sortes de barrières  de protection de filets, juste pour pouvoir continuer à pêcher un peu ». Mais l'homme n'est pas dupe, il ne fait pas le poids face à ce crabe entraîné à la destruction massive. 
Du côté des techniciens du Parc marin, conscients du problème, des cages sont en cours de tests, sans avoir encore démontré leur véritable efficacité, puisque le crabe n’avait pas réapparu entre leur conception et les essais.
Une perte de temps pour Jean-Claude Pons : « ces cages sont impossibles à transporter sur nos barques, leur stockage demande d’avoir un hangar surveillé. Et puis surtout qui s’occupe de cette gestion ? »
Pour Pascal Romans, expert du laboratoire Arago et entre autre référent du centre de ressources biologiques marines, venu constater sur place : « Callinectes sapidus dit crabe bleu ne partira pas tout seul, sauf aléas inconnus, il faut donc l’éradiquer et pourquoi profiter de sa saveur gustative, au moment où il réapparaît. Mais il ne faut surtout pas le gérer comme en Tunisie, ou il est passé d’invasif à une ressource ».
Face à ce ravage, quelles solutions peuvent être mises en place ? Alors que la criée ne veut pas commercialiser ce crabe, pourquoi ne pas créer une filière de vente directe et saisonnière avec des consommateurs ou des restaurateurs ? Ou encore comme le soulignent les pêcheurs concernés : « des aides financières comme pour la chasse, lorsqu’il s’agit de réguler un milieu environnemental , face à un invasif ? ».
En attendant, le crabe de la calamité poursuit sa progression sur le littoral méditerranéen, sachant qu’une femelle est capable de garder la spermatique durant un an, avant de «lâcher jusqu’à 2 millions d’œufs»…
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Les crabes bleu doivent être manges cuits en boîte de conserve, pour la vente comme en Turquie Tunisie Maroc Algérie les tuer oui, les exploiter oui, les manger oui
je ne comprends pas : si c'est une ressource en Tunisie, qu'est ce qui empèche que ça en soit une par ici ?…. sur 52 petits métiers il n'en reste que 3…autant dire que j'ai autant de chance de trouver leur production chez mon poissonier, que de manger chez Maxim's tous les deux jours….
est-on autorisé à pieger le beau bleu en tant que particulier ? la pèche en mer ne necessite aucun permis me semble t il…. l'étang est-il soumis à d'autres règles ?
Il me semble que ça fait partie du domaine maritime !
J’ai beaucoup pêché dans l’étang de Leucate… même de la chasse sous marine, sans jamais le moindre pb.

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