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Si le cépage grenache est largement présent dans le sud de la France, jusqu’à Châteauneuf-du-Pape, il est aussi un de ceux les plus plantés dans le monde. Pendant longtemps, on le pensait originaire d’Espagne où il apparaît dès 1513 sous le nom de “rouge d’Aragon”. Une récente étude italienne penche pour une origine sarde où il est connu depuis fort longtemps sous le nom de “cannonau”. Il serait arrivé en Espagne entre 1300 et 1500 à un moment où la Sardaigne appartenait au royaume d’Aragon. Si les différentes variations du cépage connues en Espagne, en Italie et en France affichent le même code génétique, donc a priori la même origine, elles présentent en réalité trois expressions bien différentes.
Sur les 240.000 ha plantés dans le monde, 100.000 ha se situent en France et un petit tiers (77.000 ha) en Espagne, le reste étant largement disséminé. Le grenache (ou garnacha en Espagne) doit sa popularité à sa robustesse et à sa productivité, sa vigueur lui permettant de résister aux sécheresses les plus terribles. Capable du meilleur comme du pire, il permet l’élaboration de vins d’une grande finesse. Seul problème, il est sensible au mildiou et surtout à la coulure (l’absence de fécondation de la baie). Pour cette raison, avec le millésime 2013, bien des propriétés de France ont dû se contenter d’une demi-production.
Le cépage existe sous les trois couleurs, rouge, rosé et blanc, mais le rouge reste le plus célèbre. Rapporté en France par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle au XVIIe siècle, il est avant tout le cépage du soleil. Comme souvent, il est à son meilleur à la limite septentrionale de sa maturation, à Châteauneuf-du-Pape, où il peut prendre une extraordinaire finesse, comme au Château Rayas. En raison de son caractère oxydatif, il est souvent assemblé avec d’autres cépages comme la syrah ou le mourvèdre.
Son haut potentiel en alcool – bien des vins flirtent avec les 15° – lui fait souvent dépasser la limite fatidique au-delà de laquelle il ne peut plus être vinifié en vin sec. Or, très tôt dans l’histoire, la recherche esthétique du goût a montré qu’un vin rouge avec un peu de sucre résiduel n’est guère agréable, ce qui a été perçu par Arnaud de Villeneuve (1238-1311), médecin, alchimiste et professeur dans les universités de Montpellier et de Barcelone. Pour remédier à cet inconvénient, il fait ajouter de l’alcool en cours de vinification, ce qui l’arrête instantanément, permet de garder plus de sucre et surtout le beau fruit du cépage. Ce procédé est appelé “mutage” et les vins sont connus sous le doux nom de “vin doux naturel”, ce qui est un euphémisme quand il s’agit d’une intervention forte. Ce procédé, qui est à peu près identique à celui des grands portos, donne les banyuls, maury et autres rivesaltes du Roussillon.
Le seul inconvénient de cette technique du mutage est de durcir les tannins, que seul le temps peut apaiser. Pour les plus patients, des bouteilles mémorables attendent vingt, trente, quarante ans. Pour rendre ce vin plus compatible avec la vie moderne, il est possible de raccourcir cette période en le laissant dans de grands foudres, comme au Mas Amiel, voire de leur faire subir les avanies climatiques en les laissant à l’extérieur dans des bonbonnes de verres (les fameux vins cuits).
Plutôt que d’attendre que le temps fasse son oeuvre avec ses arômes oxydés passés de mode, l’époque moderne consomme ces vins très jeunes sur leur fruit, le sucre masquant les tannins. Oxydés ou sur le fruit, les grenaches sont incontournables sur les desserts au chocolat.
Le cépage existe aussi sous sa forme blanche, ainsi qu’en gris. Il est à son meilleur dans une appellation espagnole, Terra Alta, située à 500 m d’altitude sur terroir calcaire, où il prend beaucoup d’élégance. En France, les vieilles vignes du Clos des Fées donnent un beau vin ample ; au domaine de Soula, l’altitude lui assure une belle fraîcheur. S’il est un des cépages les plus plantés au monde, paradoxalement, le grenache reste méconnu. Souvent galvaudé dans le sud de la France par des rendements trop élevés et des oxydations prononcées, il mérite plus qu’une considération hautaine.
Gérard Bertrand Gio Pays d’Oc rouge 2012
Gérard Bertrand, une des stars du sud de la France, reste un des rares à avoir su discipliner le cépage grenache pour en faire un vin souple et aromatique aux délicieux arômes de petits fruits rouges et noirs, avec des tannins doux. Une vraie réussite à ce prix.
www.gerard-bertrand.com. Environ 4,10€ dans la grande distribution.
Domaine des Schistes, Maury La Cerisaie 2011
La robe de ce vin doux naturel est impressionnante et le vin très expressif. Il se montre dense, long avec des tannins fermes, l’ensemble est très concentré, superbe. De grande garde, mais il est déjà délicieux aujourd’hui.
www.domaine-des-schistes.com 13€.
Mas Amiel, Maury Vintage 2008
Prototype du maury qui peut se consommer jeune sur son fruit, mais aussi bien vieillir en bouteille, le vintage 2008 est souple et dense avec un joli moelleux et une belle finale de chocolat noir. Pour les patients, il se complexifiera au vieillissement. Rapport qualité prix-imbattable.
www.masamiel.fr Disponible dans les magasins Nicolas, 14,90€.
Clos des Fées, Vin de Pays des Côtes Catalanes blanc 2012
Issu de 90% de grenache blanc et 10% de grenache gris de vignes de plus de 100 ans à des altitudes variant entre 200 et 400 m, le vin est ample avec une belle matière, de la fraîcheur et du fond. Il s’agit tout simplement d’un des plus grands blancs produits à partir de ce cépage.
www.closdesfees.com 18€.
Domaine Cazes, Rivesaltes cuvée Aimé Cazes 1978
Élaboré avec 80% de grenache blanc et 20% de grenache gris, le vin a passé vingt et un ans en foudre où il a perdu les deux tiers de son volume.Il se révèle splendide, flamboyant, équilibré, complexe, un festival de saveurs et de complexité,d’une incroyable longueur. Un vin de civilisation.
www.cazes-rivesaltes.com 71€.
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