Publié le 07/12/2020 à 15h02
Nicolas Da Cunha
Florine Gaudevin ouvre les fenêtres d’une maison de la rue du Petit-Chasseur, dans le quartier Madeleine. Elle attend une acquéreuse ; elle aère les pièces. Ce geste accompagne chacune de ses visites. Comme celui de tendre du gel à ses clients.
La négociatrice en immobilier pour l’agence ERA applique scrupuleusement le protocole sanitaire, extrêmement contraignant, rédigé pour les visites de biens. Il interdit aux potentiels acquéreurs de toucher les objets dans les biens visités, il proscrit les visites supérieures à trente minutes ; il incite à l’envoi par l’agence d’un bon de visite aux clients ; il conseille les agents à limiter le nombre de visiteurs à deux personnes. « Nous gagnons en qualité de travail car les gens sont plus à l’écoute », constate Florine Gaudevin.
“Dès le lendemain de l’annonce d’Emmanel Macron, les appels ont afflué”
Hervé Bazille (Responsable
de l’agence 4 % Immo à Saint-Jean-de-Braye)

Une attention renforcée qu’elle remarque depuis ce samedi 28 novembre, jour où les portes des visites ont été rouvertes. « Dès le lendemain de l’annonce d’Emmanuel Macron, les appels ont afflué. Des personnes se sont positionnées pour des visites de maison », témoigne Hervé Bazille, responsable de 4 % Immo, à Saint-Jean-de-Braye. « Les gens étaient frustrés d’avoir été stoppés dans leurs recherches ; d’autres ont remis des biens sur le marché », explique Florine Gaudevin. Le marché, lui, continue de faire les yeux doux aux petites surfaces en centre-ville et aux maisons avec jardin.
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Le scénario du printemps dernier ne s’est pas répété. « Ce n’est pas le grand rush car, pendant le confinement, l’activité a continué », nuance Christine Lamat, codirectrice de Stéphane Plaza Immobilier. « Nous étions autorisés à prendre des mandats, à mettre en images des biens, à réaliser des visites virtuelles. »
Le numérique a rendu la fermeture des agences moins douloureuse. « Nous avons eu des offres sur ces biens après une visite virtuelle », reconnaît-elle. « J’ai vendu deux appartements grâce à ces visites, calcule Florine Gaudevin (ERA). Notamment à un client parisien qui ne pouvait pas se déplacer. Le virtuel permet, par ailleurs, de gagner du temps, de faire un tri. Certains clients décident de ne pas poursuivre et donc de ne pas caler une visite physique. »
Il n’empêche que, depuis ces derniers jours, l’agenda des agents immobiliers ne désemplit pas. « On a davantage d’activités que pour un mois de décembre classique, constate Hervé Bazille (4 % Immo). Mais ce n’est pas comparable avec le printemps où les gens achètent, notamment, en raison des mutations. »
Aujourd’hui, les visites s’enchaînent ; les prix des dernières semaines ne flambent pas. Des offres seront-elles déposées ? Ensuite, les banques accompagneront-elles les futurs acquéreurs ?
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« C’est devenu un problème, admet Hervé Bazille. Avec des membres du foyer en chômage partiel ou avec une personne travaillant dans la restauration ou un commerce, certains dossiers ne passent plus. Il faut alors revoir l’apport, le doubler. » « Les banques sont devenues frileuses », confirme Florine Gaudevin.
Les projets immobiliers imaginés en plein confinement se brisent alors rapidement. 
“33 % d’endettement, pas plus”
Parfois, les réalités bancaires peuvent rapidement doucher l’enthousiasme d’une signature de compromis. Alors que les envies d’acquisitions de biens immobiliers se multiplient, l’environnement financier nécessite, désormais, des précautions. Les banques ont revu depuis le printemps leurs critères d’attribution des prêts. « Elles ne sont pas plus frileuses mais elles ont été normées par la Banque de France pour éviter les risques », constate Virginie Ferron, courtière en immobilier à l’agence « Les Courtières », dans le quartier Saint-Marceau, à Orléans.
Le taux d’endettement des ménages connaît désormais une ligne rouge infranchissable : 33 %. « Avant, on pouvait aller jusqu’à 40 %. Maintenant, on ne dépasse plus les 33 %. » Ou alors, une marge est tolérée avec un apport important. Au minimum, les frais de notaire. « Et puis, il faut que l’acquéreur dispose d’un peu d’épargne. Il est donc important de bien préparer les dossiers avant de rechercher un bien », conseille Virginie Ferron.
Ces derniers mois, la proportion des revers a augmenté. « Maintenant, sur dix dossiers, deux sont retoqués pour un refus de financement contre un avant pour un motif non financier (changement de projet), évalue Florine Gaudevin, négociatrice en immobilier pour ERA. Et pourtant, il s’agit d’acquéreurs qui avaient fait en amont une estimation des capacités d’emprunt. » Seulement, les règles ont été revues. La crise sanitaire les a rendues plus contraignantes.
Nicolas Da Cunha
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