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Alors que Cannes a déjà supplanté Hyères en tant que lieu de villégiature des touristes d’hiver, c’est au Grand hôtel de Costebelle que la reine d’Angleterre et sa suite posent leurs bagages
Quand elle débarque le 21 mars 1892 dans un train spécial de onze wagons richement dotés de tapisseries, soieries, mobilier et cabinet de toilette garni de marbre et cristal, Victoria est une monarque en fin de règne. Elle a 73 ans et s’est mise en retrait de la vie publique depuis la mort de son mari Albert, en 1861. Sa vie recluse dans les résidences royales de Grande-Bretagne lui vaut le surnom de « veuve de Windsor ».
Ce voyage à Hyères est de nature privée. Les journaux anglais qui retracent soigneusement son séjour, n’évoquent pas de rencontre officielle. La reine d’Angleterre et impératrice des Indes est venue goûter le bon air et le soleil de ce tourisme d’hiver prisé par l’aristocratie britannique. « On croit souvent que la venue de Victoria marque l’apogée du tourisme d’hiver à Hyères. Mais Cannes avait supplanté notre ville depuis 1875. On peut penser que la reine est venue à Hyères pour avoir la paix, éviter la cohue de Nice et Cannes », explique François Carrassan, l’adjoint à la culture.
De fait, le livre d’or du Grand hôtel de Costebelle, conservé à la médiathèque, exprime la sérénité dont a pu jouir la reine et le respect qui lui a été témoigné par les Hyérois. Quarante policiers ont assuré la protection de la souveraine.
Un arc de triomphe
À sa sortie du train, un arc de triomphe temporaire est dressé en son honneur, sur l’actuelle place de l’Europe. Le maire d’Hyères M. Roux, le préfet du Var et le vice-consul britannique installé à Hyères l’accueillent.
Victoria est venue avec enfants (elle en a eu neuf), petits-enfants et une suite de soixante-dix personnes. C’est une femme brisée par la mort d’un gendre et d’un petit-fils, survenues dans les mois qui précèdent.
Le séjour durera un mois. Le matin, la reine s’adonne en calèche au plaisir de la découverte des jardins. Elle visite la villa du Plantier (alors villa des Palmiers), se rend à l’église anglicane de Costebelle où sept offices par semaine sont donnés depuis 1882. On sait aussi qu’elle visite la Bicoque, cette drôle de maison où vit Alexis Godillot à la Plage (le port actuel) et s’enthousiasme pour son aquarium personnel.
L’après-midi, la reine visite les environs, comme Emmanuel Macron le fit à son tour abondamment en 2018. Alexandre Peyron, qui a construit les grands hôtels de Costebelle, a un cabanon à l’Almanarre. Victoria va y prendre le thé. Carqueiranne, Toulon, Pierrefeu, La Londe, La Garde reçoivent aussi les grâces d’une visite royale. Un geste qui l’honore : Victoria achète, dans un gala de charité, une photo de Louis André Manuel Cartigny, dernier survivant français de la bataille de Waterloo, décédé à 101 ans la veille de l’arrivée de la reine à Hyères.
Qui l’eut dit, qui l’eut cru ? Un musée consacré à la reine Victoria, sis dans une aile du domaine viticole château de la Clapière, à Hyères dans le Var. « What the hell ? », pourraient titrer nos confrères anglais. Ceci mérite une explication.
À la fin du XIXe siècle, tandis que la reine Victoria régnait sur le Royaume-Uni, il était une petite fille vivant à Entrecasteaux. Passionnée par cette tête couronnée dont on lui avait donné le prénom, la jeune Victoria, 8 ans, se met en tête de rencontrer son homonyme. En 1892, donc, elle se rend en famille à Hyères (une expédition), cueille des violettes qu’elle monte en bouquet pour les offrir à la reine. Les deux Victoria échangent même quelques mots en anglais.
En chemin, la gamine tombe en pâmoison pour une propriété viticole de la vallée de Sauvebonne : « C’est là que je veux vivre plus tard ! », clame-t-elle. Elle sera exaucée et passera quarante ans à la Clapière, dans le château de ses rêves. « La reine Victoria avait elle-même demandé à visiter le parc et rencontrer les propriétaires. Le château appartenait à une lady écossaise », explique Henri Fabre-Bartalli, arrière-petit-fils de la Victoria varoise. C’est lui qui a créé le musée sur la base de sa collection personnelle, la seule en France dédiée à la reine Victoria. Il l’a fait en hommage à la souveraine, bien sûr, mais aussi et surtout en souvenir de son arrière-grand-mère, décédée en 1988 à 104 ans. Elle était la doyenne des Hyérois. « Pour moi, c’est notre Victoria qui était reine, c’était un bonheur de l’entendre nous raconter un tas d’histoires du passé », dit-il.
Le musée a été inauguré par le Prince Albert de Monaco en 2012. La reine Élisabeth est au courant de l’existence de la collection, elle qui a remercié M. Fabre-Bartalli pour son message de sympathie à l’occasion du 60e anniversaire de son accession au trône.
La visite du musée est libre. Compter 15 euros pour la faire en compagnie d’Henri Fabre-Bartalli, avec visite du parc Victoria et dégustation de la cuvée de la violette.
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