Les acteurs de la méthanisation, en premier lieux les exploitants agricoles, les techniciens des Chambres d’agriculture le savent, le procédé est encore mal connu du grand public et suscite encore des craintes, quand ce n’est pas un rejet total d’un projet que des riverains considéreraient trop proches de chez eux.
En dépit, défend notamment l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) des vertus de cette technique visant à transformer les matières organiques, résidus d’élevage ou de cultures, en biogaz.
Le projet en cours au Chay, en Pays royannais, par un regroupement de neuf agriculteurs…
En dépit, défend notamment l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) des vertus de cette technique visant à transformer les matières organiques, résidus d’élevage ou de cultures, en biogaz.
Le projet en cours au Chay, en Pays royannais, par un regroupement de neuf agriculteurs se heurte actuellement à cet obstacle de l’”acceptabilité sociale” . La SAS Agriseudre Énergies s’apprête à lancer la construction d’une unité qui traitera des déchets organiques provenant des propres exploitations des associés de la SAS, du zoo de La Palmyre, de l’hippodrome des Mathes-La Palmyre.
Ce projet, le groupe d’exploitants agricoles y travaille depuis 2013 . Certains habitants du territoire le découvrent seulement, pourtant. Agriseudre Énergies n’a jamais caché ses intentions, a suivi la longue et lourde procédure qui a abouti à la signature par le préfet d’une autorisation d’exploitation.
Ne reste qu’à construire ladite installation, mais quelques voix inquiètes s’élèvent au Chay et dans les communes alentour pour contester le projet, communiquant souvent sur la base d’informations incomplètes, inappropriées, voire erronées. Les associés d’Agriseudre Énergies vont toutefois (re)monter au créneau pour expliquer, argumenter, rassurer : leur unité restera à dimension locale, capable de produire tout au plus l’énergie utile à 1000 à 1200 foyers.
Coïncidence des calendriers, tandis qu’Agriseudre s’apprête ce mardi à animer une réunion publique , l’agence pour l’environnement et la maîtrise d’énergie lance une nouvelle communication sur le sujet, rappelant qu’en Nouvelle-Aquitaine, 65 méthaniseurs sont déjà en fonctionnement (unités agricoles, centralisées, industrielles, stations d’épuration…) et une centaine de projets sont actuellement recensés.
Pour Mathieu Anglade, directeur régional adjoint de l’Ademe Nouvelle-Aquitaine, « la méthanisation s’inscrit parfaitement dans les enjeux de la transition énergétique et dans une économie circulaire ancrée dans les territoires. Elle permet le développement d’une énergie renouvelable multi-usages (injection de biométhane, électricité, chaleur, carburant) et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
Le chemin reste long encore, pourtant, pour faire accepter ce nouveau procédé par la population, comme le décrypte Valérie Weber-Haddad, économiste à la direction « Prospective et recherche » de l’Ademe , coordinatrice du guide « Informer et dialoguer autour d’un projet de méthanisation » et de la brochure grand public « La méthanisation en 10 questions » .
La méthanisation est un sujet complexe et mal connu. Quelle est la perception des Français et pourquoi cette technologie suscite-t-elle des appréhensions ?
Valérie Weber-Haddad. La méthanisation est effectivement peu connue. Selon le baromètre « Les Français et les nouvelles technologies de l’énergie », 42% des sondés déclarent ne pas connaître ce procédé. Et selon le baromètre « Les Français et l’environnement », 35% des sondés ne veulent pas d’unité de méthanisation près de chez eux. Ils craignent avant tout une dégradation de leur cadre de vie (nuisances olfactives, bruit, passage de camions, risques d’incendie ou d’explosion, impact paysager) et/ou des conséquences économiques (dépréciation de l’immobilier, baisse de l’attractivité touristique, absence d’intérêt financier pour la commune).
Pourtant, la méthanisation présente certains avantages. Pouvez-vous nous préciser lesquels ?
La méthanisation est bonne pour le climat, l’agriculture et les territoires. Elle est bonne pour le climat car le biogaz émet moins de gaz à effet de serre qu’une énergie fossile. Dans le même temps, elle est bonne pour les agriculteurs car le digestat se substitue aux engrais chimiques et la vente d’énergie fournit un complément de revenus appréciable. Et elle est bonne pour les territoires car elle permet de revaloriser les biodéchets en économie circulaire en pratiquant le retour au sol. Tout cela favorise l’économie et l’emploi local, que ce soit pour concevoir, construire, exploiter, entretenir ces unités de méthanisation tout au long de leur cycle de vie.
Comment l’ADEME agit-elle pour prendre en compte les craintes des riverains, voire les lever ?
L’ADEME a créé, avec les acteurs de la filière, une boîte à outils que nous mettons à la disposition des porteurs de projets, des collectivités et des associations environnementales. Chaque projet est particulier et les acteurs concernés peuvent utiliser ces outils au cas par cas. Nous avons ainsi produit une brochure « La méthanisation en 10 questions », un guide pour que les agriculteurs puissent mener des dialogues avec les parties prenantes.
Nous avons aussi créé un « Méthascope » avec France Nature Environnement qui aide les associations locales à monter en compétence et à se positionner lorsqu’un projet de méthanisation émerge sur leur territoire. Enfin, dans le cadre de Méthan-Action en Nouvelle-Aquitaine, nous avons élaboré un guide « Collectivités et Méthanisation » pour donner des points de repère aux élus et techniciens des collectivités locales en vue de faciliter, accompagner et participer à l’installation d’unités de méthanisation agricole dans les territoires.

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