Un an après nos révélations sur l’envoi d’un document judiciaire falsifié transmis d’un fax du parquet de Montauban et visant à récupérer une Lamborghini saisie, l’affaire a pris un nouveau tournant depuis la cavale des deux principaux mis en cause.
Mais où est donc passé l’ex «homme d’affaires» Mohamed Chalaal, alias «Momo», 57 ans, et sa comparse Christel Dupont ? Libéré depuis l’automne dernier, après cinq mois de détention préventive suite à leur mise en examen pour faux et usage de faux dans l’affaire de l’envoi d’un faux de l’un des fax du parquet de Montauban visant à récupérer illégalement une Lamborghini saisie à Mohamed Chalaal, le duo, pour ne pas dire le couple, a disparu, depuis plus de deux mois. Une cavale qui a obligé la juge d’instruction Nicole Bergougnan, qui est en charge de l’épineux dossier du faux fax, à délivrer un double mandat d’arrêt.
Il faut dire que, depuis avril dernier, les ennuis judiciaires de Mohamed Chalaal et de Christel Dupont se sont accumulés avec trois affaires en cours. En premier lieu, le dossier le plus important, son appel du jugement prononcé par le tribunal correctionnel de Montauban qui l’a condamné, le 10 septembre 2014, à trois ans d’emprisonnement ferme pour abus de biens sociaux et détournement d’argent sur Auvillar, Castelsarrasin, Évreux et Valence-d’Agen, ainsi que la confiscation d’une partie de son important patrimoine (lire ci-dessous). Depuis mars 2015, suite à l’envoi de cette ordonnance de restitution falsifiée transmise à partir d’un fax du parquet de Montauban, Mohamed Chalaal et Christel Dupont ont été à nouveau mis en examen pour faux et usage de faux et écroués en juin 2015 jusqu’à l’automne dernier. Une affaire ayant ébranlé l’institution judiciaire, l’enquête ouverte, toujours en cours, cherchant à déterminer comment le duo a pu réaliser ce tour de force. «Un faux transmis par le fax du parquet, c’est dû jamais vu ! Sauf en Corse…», confirme une source proche du dossier. Un agent de sécurité, en juin 2015, et une greffière du palais, en octobre dernier, ont été depuis mis en examen pour complicité (nos éditions des 13 juin et 14 octobre 2015). Ces derniers nient catégoriquement avoir aidé Christel Dupont à expédier ledit faux fax.
Enfin, depuis avril dernier, une enquête préliminaire a été ouverte en Gironde, les douanes judiciaires s’intéressant particulièrement aux fonds ayant permis à Mohamed Chalaal d’acquérir un château et son domaine viticole. Hasard du calendrier, c’est au même moment où la chambre des appels correctionnels de Toulouse a livré son verdict, début avril dernier, que Mohamed Chalaal a pris la poudre d’escampette, laissant son avocat Simon Cohen devant le fait accompli se présenter seul devant la cour. Un arrêt plus lourd qu’à Montauban, le président Dominique Brodard condamnant Mohamed Chalaal à quatre ans ferme (un de plus qu’en 2014) et surtout à l’élargissement des biens confisqués parmi lesquels le café-restaurant Le Béarn et le bar Le Lounge à Valence-d’Agen, un studio à Nice, un immeuble à Bordeaux, quatre véhicules, dont la fameuse Lamborghini, et une Harley-Davidson. Certains de ces biens sont en vente depuis peu sur le site «Le Bon Coin». Christel Dupont écope, elle aussi, d’1 an de plus avec trois ans ferme.
Convoquée aussi début avril dernier par la juge Bergougnan qui voulait confronter les présumés complices à l’auteur du fax, Christel Dupont, qui n’était pas encore en cavale, s’excusait de son absence. Et pour cause ? Placée en garde à vue à Bordeaux avec la fille et l’un des fils de Mohamed Chalaal, C. Dupont, «la reine du copier-coller», devait répondre aux interrogations des enquêteurs girondins sur la provenance des fonds ayant permis l’achat du domaine de «Momo» et de documents falsifiés. La confrontation dans le bureau de la juge d’instruction de Montauban, reportée à mai, n’a finalement pas pu avoir lieu, Christel Dupont ayant, cette fois, disparu, et vraisemblablement rejoint «Momo» dans sa cavale. Une disparation embarrassante pour les avocats des deux fugitifs (Mes Pujol et Cohen), ainsi que pour la juge qui doit clôturer son instruction en l’absence du plus important. La question reste donc assujettie au plus grand doute : Christel Dupont a-t-elle transmis ce faux fax du parquet grâce à des intermédiaires de l’institution judiciaire ? Ou a-t-elle profité de l’absence, à l’époque, de badge de sécurité pour se rendre au premier étage du palais pour envoyer elle-même son faux ? La question reste entière et le doute pourrait bel et bien bénéficier, comme c’est la règle, aux deux accusés présumés de complicité.
Interdit de Tarn-et-Garonne depuis le coup de filet des limiers du Groupement d’intervention régional (GIR) de Toulouse, en 2010 — une opération ayant permis le démantèlement de l’incroyable Monopoly® mis en place par l’Auvillarais et estimé à 5,5 millions d’euros (nos éditions des 1er, 2, 3 juillet 2014) — «Momo» donnait l’impression de s’être rangé dans l’attente de son procès en appel devant la chambre des appels correctionnels de Toulouse. Avec le soutien de son nouvel avocat, le ténor du barreau toulousain Simon Cohen, l’ex «homme d’affaires» pensait vraisemblablement pouvoir à la fois faire baisser le quantum de sa peine et récupérer une partie de ses biens confisqués au titre des avoirs criminels. Une virginité qui passait, sans doute, pour ce fils d’un responsable national des harkis de France, aujourd’hui disparu, par plus de modestie, et surtout moins de bling-bling tapageur. Profitant des entrées de son patriarche, Mohamed Chalaal aimait, en effet, se faire photographier lors des garden-partys de l’Élysée au bras des anciens présidents de la République. Les enquêteurs du GIR découvriront un album entier de ces clichés dont «Momo» usait et abusait pour impressionner ses hôtes et parfois même les forces de l’ordre. Un côté m’as-tu-vu que le quinquagénaire poussera loin alors qu’il est mis en examen pour escroquerie et blanchiment d’argent en bande organisée, en participant, en 2012, à l’émission «Enquête exclusive» sur «M6» portant sur les premières saisies et confiscations des avoirs criminels de la loi Warsmann. Dans son témoignage, ce dernier se dit alors victime d’acharnement judiciaire. On le retrouve un an plus tard sur «France3 Aquitaine» désormais sous le patronyme de Maurice Chalaal. Patron de pizzerias, il n’hésite pas, avec la bonhomie et le culot dont il est coutumier, à donner son avis sur les élections municipales.
315000 €
Contact : Montauban Sud – Sapiac : Sur une parcelle arborée de 2300 m², ve[…]

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