Les agriculteurs sont dans la ville. Le 16 octobre dernier, lors de la grande manif agricole, ce n’était pas une métaphore. Mais l’activité agricole au quotidien reste aujourd’hui anecdotique sur Toulouse. En revanche, en périphérie urbaine, les exploitants agricoles font encore de la résistance (infographie ci-dessous, même si chaque recensement général agricole (RGA) traduit un recul des exploitants et des surfaces cultivées.
Un phénomène certes général : «Le département de la Haute-Garonne perd 1500 hectares par an», explique Joël Cassagne sous-directeur à la chambre d’agriculture. Mais la désertification agricole est accentuée dans les zones périurbaines qui subissent une forte pression immobilière. Du terrain agricole au terrain à bâtir, il n’y a souvent qu’un pas, d’autant plus franchi que la crise agricole frappe durement les revenus. Mais, à leur corps défendant, les « paysans de banlieue » qui veulent encore vivre de leur métier sont aussi rattrapés par l’urbanisation.
A Balma, Bernard et Didier Sicard qui cultivent blé dur et tournesol sur 70 hectares en propriété (le noyau dur de l’exploitation) et plus de 200 hectares en fermage dans plusieurs communes de la périphérie toulousaine, voient également leurs terres grignotées. Mais l’exploitation tourne malgré tout : «On vit au présent», disent les deux frères, volontaires. La semaine dernière, dans les champs de 4 heures du mat’ à 9 heures du soir: « J’aime mon métier, j’aime ce que je fais, lance Bernard. Je ne demande qu’une chose, continuer mon activité », Pas question de vendre… sauf quand les collectivités imposent leur choix : « Tous les jours, on nous enlève un peu de notre surface, regrettent les deux frères, 12 hectares à Montaudran pour faire une gendarmerie, 12 autres à Quint-Fonsegrives pour un collège, 58 hectares à Balma pour une ZAC, 8 encore à Saint-Orens. On est zaqués de partout ! »
Evidemment, l’exploitant est indemnisé mais l’agriculteur qui veut cultiver (ce n’est pas un paradoxe !) voit son précarré fondre comme banquise au soleil. Ajoutons que le paysan périurbain cache souvent un contribuable contrarié : « Dans les communes urbaines, pointe Bernard, il est plus facile d’augmenter le foncier non bâti que la taxe d’habitation ». Et puis bien sûr, il faut compter avec les conditions de travail rendues parfois surréalistes par l’évolution de la voirie des banlieues urbanisées. Des obstacles, des bornes, des plots, des ronds-points des voies réservées… Bernard lève les bras au ciel : « On ne nous permet pas de passer avec nos engins agricoles ! ». Avec un tracteur, c’est déjà très très compliqué. Alors avec une moissonneuse-batteuse… Et pourquoi la twingo, elle klaxonne derrière ?
Parfois la curieuse impression d’être des martiens dans la ville, un comble pour cette vieille famille balmanaise… Mais baste !
Les Sicard qui cultivent la vie comme leur terre -enthousiasme et sens de l’humour- restent soucieux de cohabitation avec les néo-urbains : « On essaie de vivre en harmonie », sourit Bernard, malicieux. Droit dans ses bottes maculées de boue. Heureux comme un paysan résistant.
Borderouge, un nouveau quartier toulousain récemment construit. Il y a à peine 10 ans, c’étaient encore des terres maraîchères, se souvient Jean-Pierre Seran, président du comité de quartier de… Du reste quelques maraîchers existent toujours, ça et là, non loin des immeubles neufs. Né à Colomiers en 1945, Jean-Pierre Seran se souvient également que sa ville natale n’était alors qu’un village de 2700 habitants : « Ma famille y possédait deux fermes. On y pratiquait surtout l’élevage de porcs et de volailles. Mais ma grande joie, enfant, était de participer aux vendanges où venaient nous aider les voisins car nos deux fermes produisaient aussi beaucoup de vigne dont le raisin était destiné à un petit vin local… Je me souviens que la location de ces deux propriétés était rétribuée en volailles, jusqu’au début des années 1960 ! Colomiers offrait alors un paysage rural ponctué de nombreuses fermes… Dans les principales ou nobles, dont celle du Cabirol, il y avait des chevaux de selle. Dans les autres c’étaient des chevaux de trait. Cela me rappelle les attelages qui parcouraient les chemins de Colomiers, une époque, où gamin, j’étais très attentif au battage du blé. Des promenades avec mon grand-père maternel Pierre Mader me conduisaient quelquefois à Blagnac. Là aussi que de fermes et de paysages maraîchers. Ces Caouecs étaient de solides cultivateurs. Mais mon souvenir de jeune homme, pour cette commune, est celui d’une grande ferme avec de très nombreux chevaux. Il s’agissait vraisemblablement d’un élevage. Launaguet a encore pour moi le parfum de la violette… Je vois ces fleurs alignées sur le sol et des dames courbées pour les cueillir avec soin. Cette commune, comme Toulouse, pratiquait aussi le maraîchage. Je me souviens encore d’un cheval de trait qui tournait inlassablement pour actionner la noria du puits et permettre d’irriguer la terre ». C’était mieux avant ?
Le dernier recensement général agricole disponible a été effectué l’année 2000. Le prochain aura lieu en 2010, avec , comme c’est prévisible, selon la chambre d’agriculture , de nouvelles pertes en terme de surfaces, d’exploitations et d’actifs agricoles.
Une exploitation professionnelle est une unité agricole de plus de 16 hactares dont l’exploitant tire plus de la moitié de ses revenus de l’agriculture.
Une exploitation non professionnelle est constituée de quelques hactares exploités en resource de complément par des «double actifs», des retraités …
Que cultive-t-on dans la périphérie toulousaine? Essentiellement des céréales. On trouve encore quelques cultures maraîchères mais l’élevage a quasiment disparu.
Les zones dites de «grandes cultures», majoritaires en terme de surface, sont surtout constituées de «cultures en sec», notamment du blé dur, souvent en rotation avec des oléagineux (tournesol…) qui ne sont pas les plus gourmandes en eau. On trouve aussi du maïs, mais à un degré moindre, pour les exploitants qui peuvent bénéficier de l’irrigation.
Les cultures maraîchères, constitutives de l’identité des faubourgs naguère dans les grandes métropoles, ne modèlent plus le paysage de la banlieue. Mais, selon les professionnels, elles se développent encore aujourd’hui sur des espaces plus réduits, parfois dans le cadre d’une activité principale, mais souvent comme activité de complément, sans compter l’autoconsommation et le loisir.
Enfin l’élevage a été peu à peu abandonné, ou du moins repoussé hors des limites urbaines de la périphérie, compte tenu des contraintes environnementales: «Avec les odeurs notamment, c’est compliqué, explique un agriculteur. Le voisinage apprécie rarement!» Du coup, pour voir une vache en ville, il faut désormais attendre une manif agricole.
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