Alors que la Ville de Carcassonne organisera en septembre un événement d'envergure pour célébrer les 20 ans de ce jeu phénomène, nous avons voulu comprendre les raisons d'un tel succès. Pour cela, le mieux est encore de se lancer dans une partie : l'occasion de cerner des mécaniques à la fois simples mais très riches, ludiques… et rapidement passionnantes.
C'est bien connu, nul n'est prophète en son pays. C'est aussi vrai pour Carcassonne, jeu de société certes imaginé par un Allemand (Klaus-Jügen Wrede, son nom est même inscrit sur la boîte), mais directement inspiré par "notre" cité médiévale inscrite au patrimoine de l'Unesco. Le packaging revendique "plus de 12 millions" d'exemplaires vendus dans le monde depuis le lancement du jeu en 2001… et pourtant, beaucoup de Carcassonnais ne se sont jamais essayés à Carcassonne, alors même que des concours internationaux ont lieu chaque année.
A l'étranger, c'est carrément parfois l'inverse : certains adeptes de Carcassonne ignorent que la ville existe réellement. Bref, il y a encore du lien à nouer autour de ce formidable ambassadeur et ce sera notamment l'objectif de "Viens jouer à Carcassonne", grand événement prévu le mois prochain. Alors pour mieux comprendre le phénomène, nous nous sommes lancés dans une partie au côté de deux membres de l'Office de tourisme municipal, qui propose à la vente boîtes et extensions*. Et comme tant d'autres joueurs, on a vite été conquis.
Au départ, il n'y a rien. Juste une petite tuile représentant la section d'un chemin de terre bordé d'herbe. A tour de rôle, les joueurs (de deux à cinq, mais la partie devient d'autant plus intéressante qu'ils sont nombreux) tirent des tuiles au hasard (c'est là l'unique part de chance du jeu) afin d'agrandir le royaume et de former petit à petit un vaste territoire comprenant aussi rivières, hameaux, abbayes… et bien sûr cités fortifiées.
La pose des tuiles doit bien sûr être cohérente (point de portion de ville au beau milieu d'une route) : constituer ce puzzle tentaculaire et toujours différent est un véritable plaisir en soi, lié en grande partie à la beauté des illustrations conférant une véritable patte esthétique à ce plateau de jeu en constante évolution.

Le traitement graphique des tuiles est extrêmement soigné.
Le traitement graphique des tuiles est extrêmement soigné. L'Indépendant – BOYER Claude

Mais Carcassonne ne se limite pas à faire joujou avec des tuiles : tout jeu de société suppose une compétition, et elle s'exprime ici par une dimension stratégique limpide mais étoffée. Chaque joueur ajoutant sur la carte un début de chemin ou de cité peut en effet y placer un "meeple", drôle de petit personnage devenu au fil du temps la mascotte de Carcassonne.
L'objectif des participants est ainsi de prendre possession de la plus grande partie possible du royaume, marquant des points à chaque route terminée, à chaque ville entièrement construite, à chaque abbaye totalement environnée de tuiles.
Les joueurs prennent ainsi soin d'empêcher également l'essor de leurs rivaux, en fermant au plus tôt une route contrôlée par un adversaire ou en s'efforçant de limiter l'extension d'une cité concurrente. Entre la prise en compte de ses propres intérêts et la sape des ambitions des autres joueurs, le positionnement de la moindre tuile devient très vite un enjeu réel et une véritable source de réflexion.
Résultat : s'il est indiqué une durée moyenne de 35 minutes de jeu, Elodie, l'une des employées de l'Office nous initiant aux subtilités de Carcassonne, confie avoir disputé des parties d'une après-midi entière. Le nombre de joueurs et leur implication tactique contribuent aussi à propulser les sessions dans une autre dimension, qui a donné au concept sa réputation mondiale.
Au fil du temps, neuf extensions sont venues enrichir l'expérience de base de nouveaux lieux, personnages et fonctionnalités, pour autant de paliers stratégiques supplémentaires. A l'image d'autres jeux de plateau, Carcassonne a donc su renouveler mais aussi décupler son intérêt, fidélisant toujours plus de joueurs aux quatre coins du globe. Il ne manquerait plus que davantage de Carcassonnais s'y adonnent, pour que sa conquête de l'univers ludique devienne totale.
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Est-ce que la ville de Carcassonne touche au moins quelques centimes d'€uros sur la vente de chaque boîte de jeu ou d'extention pour l'exploitation commerciale de son nom ?
(qui plus est par un étranger au pays de France)

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