Et si Maurice se faisait voler la vedette par Coco? Le premier a été déclaré, fin juin, coq le plus célèbre de France par le New York Times car au cœur d’une polémique sur l’île d’Oléron, où des voisins se plaignent de ses chants matinaux. Mais voilà que la notoriété du second, impliqué dans les mêmes tourments juridiques, commence à lui faire de l’ombre depuis Margny-lès-Compiègne.
« Il faut sauver Coco, le coq Margnotin ». Le gallinacé de la rue Georges-Clemenceau a en effet sa propre page Facebook. Car son propriétaire, Nicolas Boucher, a été condamné par le tribunal de Compiègne à devoir s’en séparer en raison de son cocorico répétitif, au risque d’encourir 50 € d’amendes par jour. Il a aussi dû reverser 500 € pour le préjudice et les frais de justice à sa voisine qui avait porté plainte.
Sauf que Nicoas Boucher ne digère pas cette décision. Il vient de faire appel du jugement et a lancé une pétition. En quelques jours, elle a déjà recueilli plus de 43 000 signatures.
Tout commence en 2018, lorsque cet agent de maintenance décide de racheter la maison de sa grand-mère dans cette ville de 8200 habitants, décédée l’année passée. « Sa voisine l’a ennuyée pendant trois ans pour son coq, alors qu’elle était alitée. Maintenant, elle s’attaque à moi, s’attriste Nicolas Boucher. Ma grand-mère vivait ici depuis plus de cinquante ans. Sur son lit, elle s’inquiétait de ses animaux. J’ai promis de m’en occuper. »
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Une conciliation a été tentée en mairie entre les parties. En vain. « Toutes les nuits, je rentrais coco dans une boîte au garage, et le ressortais le matin à 7 heures, explique Nicolas Boucher. C’est un coq nain, un collier anti-chant pourrait le tuer. »
Mais la plaignante ne veut rien savoir. Hôtesse de l’air, elle a parfois besoin de se reposer en journée pour récupérer de ses voyages. Et même avec les fenêtres fermées et des bouchons antibruit, le chant du coq l’empêche de dormir. Sollicitée, elle n’a pas donné suite à nos demandes.
Pour prendre sa décision, le tribunal s’est appuyé sur des observations effectuées plusieurs jours durant par la police municipale. Coco a chanté 23 fois de 11h11 à 11h37, puis 31 fois de 8h45 à 9h25, ou encore 7 fois entre 10h26 et 10h30, ont constaté les agents depuis l’intérieur de la maison de la plaignante. La juge s’est aussi déplacée pour faire un relevé.
Dans le quartier, l’affaire fait scandale. « L’argent du contribuable est gaspillé », s’irrite Valérie, une voisine. « C’est une honte ! Tout le monde est agacé par cette décision », ajoute Josiane. « On ne l’entendait pas plus que ça », termine une troisième, dont la maison est située en face du lieu de la querelle.
En revanche, le maire (SE), Bernard Hellal, qui a menacé le propriétaire du coq de lui mettre une amende, comprend la plaignante : « Ce n’est pas simple avec ses horaires. Cela peut-être pénible. »
En attendant le procès en appel, « Coco est chez une amie à quelques rues d’ici. Je vais le voir tous les jours », raconte Nicolas Boucher, qui a déjà déboursé 2 000 € en frais de procédure. Il espère finalement obtenir gain de cause pour que son animal retrouve son poulailler, et pour que lui puisse tenir la promesse faite à sa grand-mère.
Pour cette affaire peu commune, les magistrats ont dû se plonger dans les textes de loi.
Le Code civil précise les obligations d’un propriétaire d’animal : « Il est responsable du dommage que l’animal a causé, soit que l’animal fût sous sa garde, soit qu’il fût égaré ou échappé ».
Ensuite, concernant le poulailler et sa distance des habitations, la loi prévoit qu’il soit construit à au moins 25 m s’il y a plus de 10 volailles.
Concernant les nuisances sonores, le code de la santé publique prévoit qu’« aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité ».
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