Œuvre de votre père Claude Ferret, le Palais des congrès de Royan, inauguré en 1957, va retrouver son allure d’origine et c’est vous qui avez été choisi pour mener à bien le chantier de rénovation. Par quelles émotions passez-vous ?
Pour le fils c’est émouvant et pour l’architecte plaisant. Si je n’avais pas eu le marché, j’aurais été déçu, c’est vrai. J’ai beaucoup souffert, et mon père qui en était le concepteur aussi, de la destruction du casino municipal de Royan qui était un chef-d’œuvre…
Pour le fils c’est émouvant et pour l’architecte plaisant. Si je n’avais pas eu le marché, j’aurais été déçu, c’est vrai. J’ai beaucoup souffert, et mon père qui en était le concepteur aussi, de la destruction du casino municipal de Royan qui était un chef-d’œuvre absolu. À un moment donné je ne pouvais plus venir ici. Cette rénovation est une revanche pour l’architecture. Royan méritait que son Palais des congrès retrouve son allure d’origine.
La réapparition, aux yeux de tous, des panneaux de l’architecte Jean Prouvé donne-t-elle son identité au bâtiment ?
Jean Prouvé n’a rien à voir avec ces panneaux. Ou, en tout cas, pas grand-chose. Lorsque le Palais des congrès a été construit, il n’était plus dans l’entreprise qui les a fabriqués. Certes il a fondé les ateliers de Maxéville, à Nancy, mais il en est parti avant que ne soient réalisés les panneaux dessinés par mon père, Claude Ferret, et son associé. Les ateliers de Maxéville n’ont fait que fabriquer ce que les architectes concepteurs du bâtiment ont demandé. En l’occurrence des panneaux perforés. Même si on ne va pas en faire un fromage, il faut rétablir les faits.
Où en est-on, aujourd’hui, du chantier du Palais des congrès ?
On est dans les temps du nouvel objectif qui est une réception des travaux fin mars 2022. Normalement c’est faisable. Il y a eu du retard en raison de la crise sanitaire et des problèmes d’approvisionnement en matériaux. Il y a eu aussi les mauvaises surprises. Par exemple, il y a des fuites au niveau de la toiture. Ce n’était pas prévu, mais on va devoir la refaire.
Le problème d’étanchéité est ce qui avait motivé la pose de la façade vitrée dans les années 1970 côté mer pour protéger contre les intempéries. Un ajout que vous avez qualifié d’attentat architectural…
Le souci d’étanchéité est ce qui a motivé en partie la destruction du Palais des congrès mais il n’y a pas eu que ça. Il y a eu la construction du cube, à l’arrière, qui était une décision encore pire. Lorsque la rénovation sera finie, on constatera que ce bâtiment est très simple, basique, fonctionnel. Ce qui fait qu’on ne se rend pas compte de l’énorme boulot que ça a demandé. Il y avait de l’amiante, du plomb, des réparations à faire. Il a fallu qu’on démolisse à des endroits ce qui avait été construit pour reconstruire ce qui avait été démoli.
Une fois que vous aurez livré le nouveau Palais des congrès, resterez-vous vigilant sur son avenir ?
Je ne sais pas qui sera désigné pour le gérer, mais il ne faudra plus qu’il arrive ce qui est arrivé. C’est-à-dire que, petit à petit, les élus ou les exploitants cèdent à la tentation d’ajouter des éléments parce qu’on leur suggérera une plus grande scène ou je ne sais quoi d’autre. C’est un Palais des congrès. Lorsqu’il a été construit, il n’y en avait pas en France. C’était une première. Presque cinq ou six ans après l’ouverture, on a commencé à rajouter des choses comme le sous-sol qui est aussi, de mon avis, malheureux. Il empêche toute l’expression de ce que devait être le bâtiment en lévitation au-dessus du sol.
Je suppose que vous n’êtes pas déçu par la disparition du cube arrière, dans le programme, qui devait accueillir le Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP) qui, finalement, sera installé dans le sous-sol du Palais des congrès…
Vous supposez bien. J’ai répondu à un concours dans lequel il fallait conserver ce cube. J’ai dit avec insistance que c’était dommage, mais j’ai construit quand même un projet dans lequel je coupais le cube en deux. Chaque fois que je voyais le maire, je plaidais pour sa disparition. J’ai eu les élus à l’usure. Pour le sous-sol, je n’ai pas réussi (rire).
Pensez-vous que le bâtiment rénové va attirer du monde de par ce qu’il représente ?
La chance de la station balnéaire est aussi son architecture. Il n’y a pas une semaine où je n’ai pas de coup de fil d’étudiant ou de prof d’architecture de toute l’Europe pour me demander des informations sur Royan. Vous avez la réponse.
Le nouveau siège de la Communauté d’agglomération signé Ricciotti est-il une bonne nouvelle pour Royan ?
Très franchement, je n’ai pas vu le projet mais c’est une très bonne nouvelle. Je prends Rudy Ricciotti comme l’un des grands architectes français avec deux chefs-d’œuvre majeurs que sont le Pavillon noir à Aix et le Mucem de Marseille qui, pour moi, est au-dessus de tout ce que j’ai vu en architecture.

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