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L’artiste propose, au Storage, à Saint-Ouen l’Aumône, une présentation de son oeuvre dessiné, sculpté et peint.
Temps de lecture : 3 min
Dans la première salle, haute comme une nef, des dessins de femmes au crayon, de taille gigantesque, couvrent les murs blancs. À l’entrée de la suivante, une Ferrari gainée de cuir et tatouée est accrochée aux cimaises. Un peu plus loin, le dessin d’un dragon aux dents longues s’allonge à demi sur une pierre tombale, que domine un crâne démesuré. Et puis, l’uppercut. Des toiles, immenses encore, de 2 x 2,50 mètres, qui répètent convulsivement, à l’huile, le sujet unique du visage, tordu, affaissé, crispé et rouge, puis subitement alangui, d’un enfant trisomique.

Dire d’une oeuvre contemporaine qu’elle dérange est attendu. Difficile pourtant d’éviter le mot devant “Silence”, l’exposition que Philippe Pasqua présente au Storage, l’espace qu’il s’est créé à Saint-Ouen l’Aumône. Difficile aussi de ne pas détourner les yeux, par pudeur ou défense, de la chair nue des visages ; difficile de ne pas sourire de l’incongruité tapageuse d’une voiture de luxe collée au mur. Difficile, surtout, de passer sans transition d’une oeuvre à l’autre. “J’aime les contrastes”, dit Philippe Pasqua – sobrement. L’écrivain Michel Waldberg, dans le texte qu’il a écrit pour lui dans le très beau livre publié par La Différence*, le dit : “Pasqua n’est pas homme de discours, et échappe ainsi aux théories qui alimentent et, en art, justifient le ‘conceptualisme’ post-moderne. […] Il ne théorise pas son travail : sa peinture, et sa peinture seule, parle pour lui.”

Succès pluriels
Et il se trouve qu’elle le défend assez vaillamment pour que Philippe Pasqua se trouve propulsé dans les sommets. Le Storage, mi-labo, mi-musée, inauguré à l’automne 2010, devrait dans les mois à venir grignoter de nouveaux espaces sur la zone industrielle qui l’entoure, accueillir les travaux d’autres artistes et essaimer, selon les désirs du peintre, “à New York, en Asie“. La galerie Laurent Strouk, qui l’exposait pour le salon d’art contemporain Art Paris, ne désemplit pas – plus de la moitié des oeuvres présentées étaient vendues 48 heures après l’inauguration. Enfin, la signature Pasqua se trouve être, selon les estimations d’artprice, la 2e plus cotée du marché de l’art contemporain.

Un succès qui le place à mi-chemin de l’adoubement institutionnel et de la jet-set, et dont il trouve à s’amuser sans apparemment s’y complaire. Liberté, peut-être, de celui qui n’est pas du sérail : il est entré en peinture malgré lui, à 17 ans. “Un jour, je marchais dans la rue, et j’ai vu dans une librairie un visuel de Francis Bacon. Je ne savais même pas que ça existait. Je ne sais pas ce qui s’est passé, ça m’a bouleversé. Je me suis dit qu’il fallait que je le fasse, j’ai pris du papier kraft et de la peinture en bâtiment, et j’ai commencé.” On n’en saura pas davantage sur là d’où il vient, sauf bien sûr à s’étonner – devant la crudité ou la provoc délibéré de ses sujets, devant ses longues dreadlocks et sa démarche de reggae-man – de sa parenté avec l’autre Pasqua : Charles, son oncle. Dont il assure qu’il est sensible à son travail et le suit.

La peinture, comme un sport
Liberté, encore, de choisir les matières et les formats qu’il veut : “Je pouvais pas être assis devant un petit tableau posé sur un petit chevalet. J’ai besoin que ça gicle, que ça explose ; j’ai besoin de faire de grands gestes. C’est intense, c’est physique”, explique-t-il. L’huile sur toile comme un sport, et aussi comme un dialogue ininterrompu du peintre avec son tableau : “C’est comme si je parlais avec ma peinture, avec ma sculpture”. Un dialogue qui ne peut se jouer que dans la solitude de l’atelier : c’est d’après les photographies qu’il prend de ses modèles, et seul, que Philippe Pasqua peint. Il dit d’ailleurs ignorer la brutalité de ses toiles gigantesques. Elles correspondent simplement à ce qui l’intéresse, son obsession pour “la chair, la peau, les gens”.

Comme le fait, mais à rebours, sa série de vanités. “J’ai commencé en 1990. Le squelette, le crâne, c’est justement ce que je peux jamais voir ni peindre, mais qui porte les chairs”. Il sculpte des crânes de résine, les couvre d’acrylique, de pigments, de feuilles d’or, et y dépose des papillons. Le contraste demeure, et le périlleux mélange de beauté et de mauvais goût. Comme au Storage, qu’il a voulu vaste et minéral, bordé par un jardin où un autre crâne, gigantesque, devant une cascade artificielle, domine un bassin en béton.
Exposition “Silence” jusqu’au 7 juillet 2011 au Storage, 38 avenue du Fond de Vaux, 95310 Saint-Ouen l’Aumône.
* Michel Waldberg, Philippe Pasqua, La Différence.

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Je ne m’y connais pas particulièrement en journalistes mais là quelque chose me dit qu’on en tient une grande…
Moi aussi…
Je croyais que c’était une nouvelle affaire Pasqua !
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