Loin des champs, dans la ferme pilote de Pascal et Nicolas, les salades et les herbes aromatiques poussent en tournant dans de grandes roues à l’abri des aléas climatiques. Les pieds dans le terreau et arrosées avec juste ce qu’il faut d’eau, les plantes sont vigoureuses, goûteuses et sans pesticides. Visite guidée de Futura Gaïa, la ferme agricole de demain ?
Laissez tomber les bottes et le tracteur, on vous emmène dans un entrepôt découvrir la ferme du futur inventée par Pascal Thomas et Nicolas Ceccaldi, à Tarascon dans les Bouches-du-Rhône. 

Les deux passionnés de technologie ont mis au point la géoponie rotative : un modèle pilote de culture à la verticale qui fait tourner des plants de persil, basilic ou coriandre dans un environnement clos et contrôlé.

Lorsqu’on franchit la porte de Futura Gaia, on arrive dans une salle immense de 7 mètres de haut. Pas besoin de grandes surfaces au sol mais plutôt de la hauteur pour empiler sur 3 étages des roues remplies de plants bien serrés d’herbes aromatiques.
L’un des avantages de ce système destiné aux agriculteurs, c’est d’économiser de la surface agricole à l’heure où l’urbanisation grignote les terres arables qui sont de plus en plus chères. On connait déjà les modèles verticaux à plat mais là ce sont de grandes roues donc un gain d’espace encore plus important.

Ces rotatives tournent au rythme d’un tour toutes les 50 minutes pour maîtriser la consommation d’eau comme nous explique Pascal Thomas, co-fondateur de Futura Gaïa : « Il y a une irrigation qui se fait par le haut, dans les racines même des plantes qui reçoivent juste la quantité nécessaire. »


Pour 1 kg de salade en plein champ, il faut compter 200 litres d’eau contre moins de 10 litres ici.

Dans la ferme Futura Gaïa, les plantes poussent dans du terreau, un substrat local qui vient d’Ardèche. Elles ont donc le même milieu qu’en pleine terre. Les engrais minéraux, extrêmement dilués sont diffusés en micro dosage par des buses qui ciblent précisément la base de la plante comme pour l’eau. Cela permet d’en utiliser très peu.

Dans cette ferme, c’est le mois de juin toute l’année avec en prime le vent créé par le mouvement de la rotative qui fortifie les plantes comme si elles étaient à l’extérieur. Elles poussent vite sans utilisation de pesticides et surtout elles ont du goût.

Lingénieur agronome a mis au point un programme spécifique pour chaque variété. Placée dans une salle réglée idéalement pour son développement, les maladies ont peu de chances d’atteindre la plante. 

Pascal Thomas, co-fondateur de Futura Gaïa nous explique comment ce type de ferme répond aux problèmes de l’agriculture traditionnelle confrontée au changement climatique : « Le plein champ devient aujourd’hui compliqué en raison d’incidents climatiques de plus en plus fréquents et violents. On le voit l’année dernière et encore cette année, des récoltes ont été perdues à cause du gel et des périodes de sécheresse.»


La géoponie nous permet de produire toute l’année en évitant les catastrophes naturelles.

Evidemment pour recréer un cycle jour-nuit, il faut de la lumière artificielle mais dans un cylindre c’est déjà deux à trois fois moins d’éclairage qu’un système à plat. La ferme pourrait être équipée de panneaux photovoltaïques et l’entreprise envisage à l’avenir de travailler avec des batteries de voitures électriques recyclées.



Ces fermes sont équipées de robots qui viennent charger et décharger les rotatives et cest un rayon optique qui scanne le code-barre de la roue. Les conditions de travail et les compétences des personnes qui y travaillent changent complètement de celles des agriculteurs.

Chez Futura Gaïa, si on sait se servir d’une tablette, on peut être opérateur de production.

Mais même si cette ferme est en grande partie automatisée, il y a quand même des humains qui récupèrent les plants pour les couper et les conditionner. Les tâches sont variées avec les semis ou le repiquage et les emplois sont maintenus pendant toute lannée.

Le modèle de production ne fonctionne pas pour tous les fruits et légumes et ce n’est pas le but. C’est essentiellement pour des herbes aromatiques, des salades, des choux ou encore des fruits rouges. C’est plutôt un modèle complémentaire de l’agriculture en plein champ.

Nicolas Ceccaldi, l’autre co-fondateur de Futura Gaïa explique : « L’idée c’est de réserver les surfaces agricoles pour d’autres cultures et d’avoir plus de souveraineté alimentaire. A la place du foncier rendu disponible on pourrait mettre des haricots verts ou des carottes par exemple. La demande locale pour ces produits-là serait mieux servie que par le passé. »

Le système peut aussi intéresser les professionnels de la cosmétique et la parfumerie qui utilisent beaucoup de matière première végétale : «On pourrait donc imaginer rapatrier des cultures qui viennent de très loin et qui n’ont pas toujours les garanties de qualité.»



Forts de leurs expériences menées à  Futura Gaïa, Pascal et Nicolas cherchent à vendre la technologie de géoponie rotative dans le but d’adapter la production agricole aux nouveaux enjeux climatiques et alimentaires actuels.

En attendant, les herbes aromatiques de cette ferme pilote partent à Rungis et les salades sont données au Secours Populaire.

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