L'équipementier sportif voit son activité rebondir pour l'exercice 2021-2022, quasiment au niveau d'avant-Covid. Les syndicats s'inquiètent du départ de l'activité textile en Italie, tandis que le groupe va relocaliser la production de 10.000 paires de ski très haut de gamme à Sallanches.
Par Florian Espalieu
Rossignol reprend des couleurs. L'équipementier sportif isérois annonce pour 2021-2022 un rebond de 28 % de son activité. Sans toutefois rattraper totalement la baisse de l'hiver précédent, marqué par la fermeture des remontées mécaniques, son chiffre d'affaires remonte au-delà de 310 millions, soit 95 % de son niveau d'avant-crise. « L'exercice a commencé avec un surstock et se termine avec des stock bas, ainsi qu'un très bon carnet de commandes pour l'an prochain », se félicite Vincent Wauters, son président.
Le groupe – qui emploie 650 salariés en France – progresse de 29 % sur le matériel de sports d'hiver et de plus de 40 % pour sa gamme vêtements, chaussures et accessoires, celle-ci représentant plus de 22 % du chiffre d'affaires. La croissance est au rendez-vous sur tous les marchés (Europe, Amérique du Nord et Asie).
De quoi conforter Vincent Wauters, qui est arrivé à la tête de l'entreprise en février 2021 au moment où le fabricant de ski achevait son plan de sauvegarde de l'emploi . Celui-ci s'était soldé par la suppression de 86 postes – dont 55 au sein l'usine de Sallanches (Haute-Savoie), soit 44 % des effectifs locaux.
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Les rapports de la nouvelle équipe dirigeante avec les représentants du personnel semblent aussi plus apaisés. En amont du plan social, ces derniers fustigeaient notamment les rachats « à tour de bras » et une intégration « très mal gérée », comme celle de l'entreprise RaidLight acquise en 2016 avant d'être revendue à son fondateur quatre ans plus tard. Aujourd'hui, les syndicats saluent le dialogue social ainsi que les premiers choix stratégiques, marqués notamment par un recentrage sur le marché de la montagne.
Les discussions pourraient néanmoins se tendre au mois de mai pour les négociations annuelles obligatoires. Les délégués pointent des salaires figés depuis trois ans, dont les plus bas se font rattraper par la hausse du SMIC et l'inflation. Ce qui entraîne, selon eux, des difficultés de recrutement et de nombreux départs : presque une quinzaine sur le dernier trimestre, soit autant que le taux annuel habituel.
Les élus s'inquiètent aussi de voir l'activité textile partir en Italie. Le site de Saint-Jean-de-Moirans (Isère) ne compte plus que neuf salariés dédiés à la conception textile, contre une trentaine il y a quelques années.
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Vincent Wauters affiche néanmoins l'objectif de « pérenniser l'emploi » à moyen terme. Il annonce notamment la relocalisation de 10.000 paires de ski très haut de gamme à Sallanches. L'usine haut-savoyarde sortira aussi en octobre un ski « éco-conçu » intégrant 62 % de matériau recyclé. Ce site devrait devenir un centre expert en réparation pour prolonger la durée de vie des produits.
Florian Espalieu (A Grenoble)
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