«La relocalisation est ma priorité», a lancé Bruno Le Maire depuis l'usine d'Arinthod dans le Jura. Cité en modèle, le leader français du jouet outdoor va agrandir ce site, moyennant un investissement de 26 millions, afin de poursuivre le rapatriement en France de fabrications chinoises.
Par Monique Clémens
Pour Bercy, la transformation de l'entreprise Smoby est un modèle de relocalisation. « La part de la production française dans la production totale de Smoby est passée de 55 % en 2007 à 70 % aujourd'hui », calcule le ministère. «La relocalisation est ma priorité», lance Bruno Le Maire depuis le site d'Arinthod, dans le Jura, une usine qualifiée de «modèle de Smoby».
En effet, sur cette plus grande usine de jouets en France, le fabricant envisage de passer de 36.000 m2 à 50.000 m2 et d'étendre sa zone de stockage de 20.000 m2. L'investissement estimé à 26 millions d'euros doit permettre à l'industriel jurassien de poursuivre la relocalisation de sa production tout en accompagnant sa croissance. En 2022, son chiffre d'affaires atteint 140 millions d'euros, dont 45 % à l'export, contre 127 millions pour l'exercice précédent.
Des discussions sont en cours pour savoir qui portera l'immobilier de ce projet fortement soutenu par l'Etat et les collectivités locales. Le site est en zone montagneuse, humide et sensible ; une étude environnementale vient d'être lancée et, si tout va bien, les travaux pourraient démarrer en septembre 2023. « Ensuite, il y aura 650.000 m3 de montagne à déplacer », indique, sans rire, Alexis Delorme, le directeur général de l'entreprise.
Depuis 2010, le groupe allemand Simba-Dickie, qui avait racheté Smoby en 2007, a déjà investi 55 millions d'euros dans les cinq sites jurassiens du leader français du jouet outdoor pour rapatrier la production de Chine. Le made in France est passé de 50 à 75 %. La partie tricycles (10 % de la production) est, elle, fabriquée dans une usine du groupe en Espagne, mais il reste encore 15 % de fabrication en Asie. « On va continuer à rapatrier des gammes pour descendre à 5 ou 7 % », précise le dirigeant.
Jean Castex, alors Premier ministre, était venu en mars dernier visiter cette usine de plasturgie dernier cri qui avait bénéficié, en 2021, d'une aide de France Relance pour l'achat d'une presse de 700 tonnes. Le site compte désormais 11 souffleuses et 40 presses à injecter, dont les dernières arrivées consomment 40 % d'énergie de moins que les autres – depuis 2015, l'usine a diminué sa consommation de 25 %.
Elle est aussi équipée de broyeurs pour régénérer les chutes de polypropylène et polyéthylène – sa matière première « ultra-recyclable », précise Bernard Russac, directeur marketing – ainsi que ses jouets obsolètes à terme, pour un objectif de 90 % de matière recyclée. « Mais pour l'atteindre, il faudra trouver la ressource », admet toutefois Alexis Delorme.
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À Arinthod, Smoby emploie 280 de ses 480 salariés (600 avec les intérimaires), et l'extension devrait créer 30 à 40 emplois de plus. De ses ateliers sortent les toboggans, maisons de jardin, cuisines, établis et mini-aspirateurs pour jouer à faire comme les grands, ainsi que les trotteurs et tables d'activités de la gamme premier âge « Little Smoby » fraîchement rapatriée de Chine. Et aussi, bientôt, un vrai poulailler pouvant accueillir 4 à 6 poules. Forme, couleur, entretien… Smoby a investi 500.000 euros dans ce premier produit pour toute la famille. « C'est colossal mais on y croit, avec le Covid on a redécouvert le jardin et c'est aussi un moyen d'ouvrir d'autres portes », note Bernard Russac, surpris de l'engouement des salariés pour cette innovation.
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