Malgré la polémique suscitée par la paramédicalisation du SMUR de Noyon, l’Agence régionale de santé entend généraliser ce type d’intervention sans médecin, qu’elle juge “adaptée” à certains besoins.
Si vous habitez le Noyonnais et appelez le 15, le SAMU pourra bientôt vous envoyer une ambulance… Sans médecin à l’intérieur. Dès le 2 novembre, l’unique équipe d’intervention chargée du secteur ne sera plus composée que de personnels paramédicaux. Une décision du Centre hospitalier intercommunal Compiègne-Noyon, justifiée par une pénurie “nationale” de médecins-urgentistes.
Certains soirs, nous sommes contraints de fermer la ligne de Noyon pour faire tourner les deux de Compiègne. En attendant de recruter, au moins, grâce à des infirmiers formés aux interventions, le SMUR sera là 24/7. Et selon la gravité, on pourra toujours appeler un médecin ou emmener le patient à l’hôpital.

Pour ne pas trop susciter la controverse, cette réorganisation “temporaire” implique donc une formation (avec notamment des infirmiers dits “de pratique avancée”) et, en cas de nécessité, la disponibilité, tout de même, d’un médecin.
Selon l’Agence régionale de santé (ARS), “le recours à ces équipes paramédicalisées se fait systématiquement avec la possibilité de déployer un SMUR médicalisé en complément si cela devait s’avérer nécessaire pendant l’intervention.
Autre pré-requis : “l’utilisation systématique d’outils de eSanté embarqués dans les véhicules d’urgence avec des tablettes connectées permettant de transmettre en direct des données médicales (dont les constantes) et de l’imagerie” à un médecin.
Les conditions d’un tel service sont-elles réunies à Noyon ? L’hôpital refuse pour le moment de détailler son dispositif, laissant dans l’incertitude les habitants… Et les politiques.
D’un côté, les élus départementaux ont lancé une pétition et appellent à manifester, samedi 29 octobre.

De l’autre, la maire de Noyon, Sandrine Dauchelle, qui a reçu la directrice vendredi dernier, se montre confiante : “Il nous a été assuré que la ligne ne fermerait pas, c’est ce qui importe.” La mairie soutient que le dispositif “fonctionne très bien dans d’autres villes” et souhaite seulement qu’un “retour d’expérience” lui soit transmis à moyen terme.
Les Noyonnais ne seront ni les premiers, ni les derniers, à tester le SMUR paramédicalisé.
Il est expérimenté depuis plus d’un an à Toulouse, ainsi que dans les Pays de la Loire. Il l’a aussi été dans la région, notamment à l’hôpital de Creil, qui qualifie le bilan de “très positif“. Alors président du SAMU, le désormais ministre de la Santé François Braun en avait fait l’éloge cet été, dans le rapport de sa “mission flash” sur les urgences. Dès le mois de juin, l’ARS en faisait un pilier de sa stratégie contre les tensions hospitalières.
Et le SMUR paramédicalisé n’est déjà plus pensé comme un dispositif temporaire. L’ARS Hauts-de-France souligne qu’il est déjà “largement généralisé dans la plupart des pays occidentaux“. Elle y voit ainsi un nouveau grade de réponse pérenne aux besoins des patients, entre les pompiers et le SMUR traditionnel.
Toutes les situations pour lesquelles une équipe doit être déployée ne nécessitent pas l’intervention d’un médecin. (…) Cette organisation a fait ses preuves et est en cours de généralisation au-delà des territoires en difficulté RH, car elle apporte un niveau de réponse pertinent aux situations d’urgences, en accord avec les sociétés savantes comme SAMU-Urgence de France et la Société française de médecine d’urgence.

L’idée ne fait toutefois pas l’unanimité dans la profession. Dès juin 2021, le Syndicat des médecins libéraux (SML) disait “s’oppose(r) à la multiplication de ces situations de contournement des médecins“. Il évoquait les “risques” et les questions de “responsabilité” que posaient ces dispositifs hybrides.

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