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Trois établissements dont deux juanais ont fait l'objet d'une mesure defermeture administrative. Les snacks, eux, pourraient être contraints à des horaires moins tardifs.
Cette histoire est un peu à l’image des événements qui ont précipité la récente fermeture administrative des boîtes de nuit à Antibes et Juan: une grosse bagarre – au sens figuré, bien sûr – dans laquelle tous les coups sont permis.
Et ça dure depuis un petit moment. Ce feuilleton qui oppose donc d’un côté les gérants de discothèques et de l’autre le maire et le sous-préfet, a connu de nouveaux épisodes dont le suspense est haletant.
À Juan, le 7 mai dernier, le Kiss Club est visé par une fermeture administrative de deux mois et demi, soit jusqu’au 22 juillet prochain.
Dans la foulée, c’est Le Village qui est à son tour frappé d’une fermeture d’un mois.
Arrive le tour de La Box, établissement de nuit installé à Antibes, d’écoper de deux mois de fermeture (jusqu’au 15 juillet).
Forcément, ces décisions créent des tensions entre les protagonistes: “Le maire a fait une politique du coup de menton en clamant l’an dernier que les horaires de fermeture seraient modifiés(1), peste Patrick Malvaes, président du syndicat national des discothèques et lieux de loisirs. À l’époque, je lui ai rappelé qu’il ne dispose pas de ce pouvoir. Il a dû intervenir auprès de la sous-préfecture. L’État a fermé ces établissements pour des raisons que nous considérons futiles. On conteste ces décisions devant les tribunaux. Pour nous, ça ne tient pas. La solution, ce serait que le maire prenne mieux en compte la réalité de la situation et l’intérêt touristique de sa commune. Il y a un impact économique, un impact sur l’emploi… Maintenant, s’il veut faire de Juan un cimetière d’éléphants…”
Un autre intervenant sous couvert d’anonymat, confirme le mal-être ambiant: “Juan se meurt. Il y a un manque de parkings, aucune concertation entre les commerçants et les collectivités lesquelles pensent toujours la vérité. Un exemple: le Palais des congrès n’apporte pas grand-chose mais le maire continue de dire qu’il ramène du monde. Si les commerces ne marchent pas ce n’est pas, comme on l’entend souvent, parce qu’il n’y a que des mauvais commerçants?”
Deux recours, au moins, ont donc été déposés devant le tribunal administratif de Nice, qui devrait les étudier demain.
Sur quoi ces recours sont-ils fondés? Pour Me Henri de Beauregard, l’avocat du Kiss Club et du Village, l’arrêté préfectoral qui vise le premier est illégal: “Il y a clairement un problème entre la sous-préfecture de Grasse et les débits de boisson. Cette dernière est-elle téléguidée par la Ville ? L’État ne nous donne pas la possibilité de penser différemment en agissant de la sorte. On aimerait se réunir et réfléchir tous ensemble. Nous ne sommes pas des va-t-en guerre ! On ne demande pas mieux que de dialoguer avec la sous-préfecture et la Ville, d’écouter leurs suggestions et leurs propositions pour améliorer la sécurité à Juan. Mais pas en infligeant des fermetures de deux mois et demi, période que nous estimons en violation avec la loi. Laquelle stipule bien que l’on ne peut prendre un arrêté de fermeture que pour une durée maximale de deux mois.”
Jean Leonetti, le maire d’Antibes-Juan-les-Pins, était favorable à une période de probation qui aurait imposé une fermeture des discothèques à 2h30, puis à une fermeture plus tardive en cas de bon comportement de la clientèle.
Le sous-préfet de Grasse, Stéphane Daguin, en a décidé autrement à la suite d’une nouvelle bagarre qui a récemment dégénéré dans la station balnéaire.
 
Du coup le maire d’Antibes constate que “malheureusement, il n’y a pas besoin de cette période de probation, largement décriée lorsque je l’ai évoquée l’an dernier. Mais elle aurait permis de démarrer la saison en douceur. Il y a eu un avertissement l’an dernier avec, déjà, une fermeture administrative. Donc il fallait prendre une décision pour éviter notamment les bagarres et les tapages. Cette mesure aurait évité de fermer complètement les établissements. J’aurais préféré entamer un dialogue pour que les choses évoluent en douceur.”
Jean Leonetti souhaite également imposer aux snacks de fermer boutique à partir de minuit. “Je vais prendre un arrêté municipal dans ce sens, pour éviter les regroupements de personnes sous tension, avec une alcoolémie élevée, car c’est inacceptable. Nous sommes dans une période de lutte contre le terrorisme et les policiers ont autre chose à faire que de surveiller les attroupements et les risques de bagarres à Juan. On me dit souvent qu’il n’y a pas de bruit lorsqu’il est tard, que les habitants de Juan ne sont de toute façon pas là l’été… Aujourd’hui, on dit qu’il n’y a plus de plages et que Juan n’est pas un endroit sécurisé. L’image de la station mérite mieux.”
Les boîtes de nuit, une fois leur temps de fermeture administrative écoulé, rouvriront donc jusqu’à 7 heures, comme la loi les y autorise.
Un regret pour le maire. “Il valait mieux, à mon sens, réguler l’heure de fermeture plutôt que de fermer administrativement les établissements. Nous comptons sur la responsabilité de chacun pour que toutes les conditions de sécurité soient réunies lors des réouvertures. Et c’est, évidemment, également de notre responsabilité. On ne doit pas aboutir à de nouvelles fermetures. C’est le risque : s’il y a de nouveaux problèmes, la préfecture fermera les discothèques plus longtemps, puis définitivement si ça continue. Je comprends l’escalade des sanctions du sous-préfet. Je ne veux pas que l’image de Juan soit celle d’un endroit où on ne peut plus faire la fête, où on ne peut plus trouver une plage privée… L’image de la station pâtit de ces démolitions qui ont pris trois ans. On ne m’a pas écouté pour, au final, le même résultat. Pour les boîtes de nuit aussi, j’avais prévenu : attention avec le plan Vigipirate… Et ça a recommencé.”
Et Jean Leonetti de conclure: “Il n’y a que les sanctions qui sont comprises par les gens.”
Le sous-préfet de Grasse, Stéphane Daguin, détaille les raisons qui l’ont poussé à fermer les discothèques. Il n’exclut pas la possibilité que d’autres fermetures interviennent.
Pourquoi avoir pris cet arrêté de fermeture contre le Kiss Club?
Malheureusement, c’est un établissement qui a des antécédents. Je l’ai déjà fermé l’été dernier à cause de plusieurs rixes. Fermeture qui avait été contestée et que le juge avait reconnue comme nécessaire. À chaque fois que l’on a des difficultés, les policiers passent voir les gérants pour leur demander de corriger certaines choses. Fin mars, il y a de nouveau eu des troubles très violents à l’ordre public, directement en lien avec l’établissement puisque c’étaient des clients. De ce fait, une fermeture de deux mois et demi a été prononcée. Comme toujours, il y a une période contradictoire (2) pour bien prendre en compte les tenants et les aboutissants. Tous les éléments que l’on pourrait ne pas avoir et que l’exploitant pourrait nous indiquer.
Pourquoi avez-vous dû reprendre un nouvel arrêté?
À la vue de ces éléments, on a un petit peu réduit cette fermeture qui devait initialement être de trois mois. Ensuite, il y a simplement eu une coquille sur un visa. Un article de loi, qui permet de fermer un établissement en cas de faits délictuels n’a pas été visé. C’est le cas ici puisqu’il y a eu des violences avec arme et vols dans l’établissement. Le préfet peut aller jusqu’à six mois de fermeture. Il est donc de mon devoir de rapporter le texte et de reprendre à peu près le même. Ce qui a été fait avec une nouvelle période contradictoire
Le Kiss Club est donc ouvert…
Oui car il y a de nouveau une période contradictoire. Pendant une quinzaine de jours, je laisse la possibilité à l’intéressé de me faire part de ses remarques. Durant ce laps de temps, il n’est plus fermé.
Quand est-ce que le nouvel arrêté entrera-t-il en vigueur et pour quelle durée?
À la fin de la période contradictoire, le Kiss Club sera fermé mais je ne peux pas vous dire quand et pendant combien de temps. Je prendrai ma décision définitive en fonction d’éventuels nouveaux éléments fournis par l’établissement.
L’établissement peut-il être fermé au-delà du 22 juillet, date prévue par le premier arrêté?
Une fois encore, je ne peux pas vous répondre car ça voudrait dire que je fais le contradictoire avant qu’il ait lieu. Mais ce n’est pas exclu.
Ce n’est pas la seule discothèque dans ce cas…
Je suis très pragmatique et je regarde chaque situation. Quand il y a des antécédents et donc qu’il y a déjà eu avertissement ou fermeture, et que malgré les conseils il n’y a pas d’évolution de la situation, des fermetures sont prononcées. Et ce n’est absolument pas certains secteurs ou types d’établissements qui sont visés.
D’autres établissements de nuit sont-ils amenés à fermer bientôt?
Je n’ai pas sous le coude, aujourd’hui, un dossier que je signerai demain. Mais il est évident que sur l’arrondissement, d’autres établissements peuvent poser des difficultés en terme d’ordre public. Si je suis dans la même situation que pour les discothèques fermées, les mêmes mesures seront prises.
Quels événements ont entraîné ces fermetures?
Je ne vais pas entrer dans le détail parce qu’on est dans les procédures individuelles qui font grief. À chaque fois il y a des éléments de rixes à la sortie des établissements. À chaque fois, les rixes ont d’ailleurs commencé à l’intérieur et se sont terminées sur la voie publique. Et dans un certain nombre de cas, on a l’usage d’armes, des violences ou des vols. Dans chaque situation, d’après les procès verbaux établis par la police, il y a un lien direct avec l’établissement.
Qu’en est-il des snacks?
C’est un sujet que je suis en train de regarder. Le maire peut prendre les dispositions qu’il souhaite. Moi, je n’ai pas pris de décision. Je veux d’abord bien vérifier le lien entre un trouble à l’ordre public et l’activité.
Vous n’avez pas peur de gâcher les vacances de nombreux touristes?
Le principe de l’action publique, c’est de garantir la sécurité de tous. À la fois de la personne qui est sur la voie publique et à proximité d’un de ces établissements, comme des clients. C’est ma priorité. Bien évidemment, cela est fait de la façon la plus proportionnée possible, pour ne pas nuire au développement économique d’activités. Et le tourisme est un élément important ici.
L’été dernier, le Kiss club subit une première fermeture administrative à la suite d’une rixe entre plusieurs clients et le videur de la boîte de nuit.
S’en suit une déclaration très médiatisée du maire d’Antibes qui évoque à titre probatoire, une fermeture anticipée à 2 h 30 (au lieu de 7 heures) pour la saison estivale 2018.
Immédiatement, les gérants d’établissements de nuit crient au scandale.
Cet hiver, ils continuent de pester et expriment leur ras-le-bol face à la perte financière subie par la désertion d’une partie de la clientèle qui, disent-ils, “ne vient plus car elle pense que les boîtes ferment à 2h30.”
Nouvelle hausse de la température ces dernières semaines. Stéphane Daguin, le sous-préfet de Grasse, reprend la main à la suite de plusieurs vols de portables et de bagarres, en mars et en avril, à Juan-les-Pins. Et décide de fermer administrativement, pour une durée qui varié d’un mois à deux mois et demi, le Kiss club, Le Village et La Box.
Le Kiss Club et le Village ont décidé de déposer des recours devant le tribunal administratif de Nice qui les étudiera demain.
Par ailleurs, une erreur s’étant glissée au moment de la rédaction de l’arrêté ordonnant la fermeture du Kiss Club, un nouveau texte cette fois produit dans les règles de l’art va être rédigé par la sous-préfecture de Grasse. On connaîtra alors, la durée définitive de la fermeture administrative du night-club.
1. Le maire avait déclaré qu’il désirait instaurer une période de probation durant laquelle les boîtes de nuit ne pourraient ouvrir que jusqu’à 2h30. Puis de nouveau jusqu’à 7 heures en cas de bon comportement de la clientèle à la sortie des établissements concernés.
2. Pendant cette période contradictoire, la fermeture n’est pas encore en vigueur. Le mis en cause peut dialoguer et par exemple exprimer son désaccord.
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