Vincent, 50 ans et Lucas 35 ans ont un point commun : ils ont découvert leur séropositivité alors qu’ils avaient une vingtaine d’années. Deux hommes qui vivent aujourd’hui très bien avec le VIH. Ils nous ont raconté leurs histoires.
Il a appris la nouvelle en lisant un courrier envoyé à son domicile par un laboratoire. Vincent a 20 ans et il est atteint du VIH. Nous sommes en 1991. A l’époque, c’était  “l’ordre des choses” raconte le quinquagénaire : “j’étais tout jeune, j’étais gay et dans ce milieu là à l’époque, il ne se passait pas une semaine sans que j’aille à l’enterrement d’un copain, donc c’était comme ça”.
On pense qu’on va mourir le jeudi et finalement non. La médecin a sauvé ma vie.

Vincent est à cette période étudiant et au lycée, il avait entendu parler des dangers du VIH, des risques et de la prévention, mais il n’y a pas prêté attention, avoue-t-il “quand j’ai su que j’étais séropositif je me suis, j’ai très peu de chance de survie donc je continue ma vie tranquillement.
Cette période dure 10 ans. 10 ans sans symptôme avant que le virus ne le rattrape. Il se réveille un matin paralysé d’une jambe, puis d’un bras. Le jeune homme enchaîne aussi les pneumonies avant d’être hospitalisé aux services des maladies infectieuses du CHU de Rouen où il commence la trithérapie : “Une nuit je me suis dit, quand tu vas te réveiller tu seras mort, et finalement non. Je suis resté quatre mois à l’hôpital”
Le traitement fonctionne. 14 cachets par jour qui ne lui provoquent aucun effet indésirable, c’est sa chance explique t-il. Un an plus tard, il est même indétectable, c’est à dire qu’il ne peut plus transmettre le virus. “ça m’a libéré d’une pression que j’avais. Je ne voulais pas faire de mal à l’autre”. Le fait de ne plus être contaminant a changé mon état d’esprit”
Aujourd’hui, son traitement se résume à la prise d’un médicament par jour, une révolution pour sa génération.
Lucas lui, n’a pas connu les traitements lourds administrés dans les années 90. Ce juriste de 35 ans découvre sa séropositivité à 24 ans. Un moment perturbant et fort en émotion : “j’étais jeune, presque seulement sur la fin de l’adolescence. J’ai eu la chance d’avoir un bon médecin, très à l’écoute. Il m’a laissé parler et a pris le temps de m’expliquer”. Une fois le choc passé, le jeune comprend vite que la prise en charge de sa maladie serait beaucoup plus simple que ce qu’il imaginait : “En France, on est mal éduqué sur la sexualité et sur les infections sexuellement transmissibles”.
J’avais de vieilles représentations sur la séropositivité, celles qu’on peut voir dans les films des années 80-90. Donc pour moi c’était un choc.

Un an après la diagnostic, Lucas commence la trithérapie. Mais le plus compliqué à résoudre, c’est l’aspect psychologique “le rapport à la mort, à la sexualité, à mon corps et à autrui ont été compliqué. C’est difficile car les rapports sont biaisés dans les relations intimes”. Aujourd’hui sa charge virale est indétectable et le jeune homme songe a réduire son traitement “mon traitement pour le moment c’est une prise par jour, à ne surtout pas oublier. Mais il y a des essais de prise de médicament 5 jours par semaine et pas le week-end ou alors des injections une fois par mois sinon la bithérapie serait possible, elle serait moins toxique pour les reins”.
Lucas regrette de ne pas avoir connu le Prep. Ce nouvel outil de prévention est un simple comprimé qui permet de ne pas être contaminé par le VIH : “si j’avais pu en prendre à l’époque, je serais resté séronégatif”.
Les deux hommes, aujourd’hui en parfaite santé concèdent ne pas avoir été blessés par quiconque en raison de leur séropositivité. 
J’étais jeune et je n’avais pas envie de m’étaler sur ma vie. C’était un peu honteux à l’époque.

En revanche, Vincent avoue cultiver le secret autour de sa maladie : “peu de gens savent que je suis séropositif. c’est lié à mon histoire, au fait que j’étais jeune. Au travail, personne ne le sait, et comme ça il n’y a pas de discrimination. Mon conjoint le sait mais pas mes parents. Je n’ai pas envie de leur faire de peine. Je n’avais pas envie de leur dire à l’époque et toujours pas aujourd’hui’.
Idem pour Lucas, dans son entourage professionnel personne n’est au courant de se séropositivité : “mes collègues ne sont pas censé être au courant. La discrimination est une question d’attitude. Si demain on venait me chercher sur le sujet, ça chaufferait !”, avant de rappeler que ce type de discrimination peut être puni par la loi.

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