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L’esprit alternatif de la ville démocrate et sa fiscalité avantageuse séduisent: Tesla et Oracle s’y sont installés, Google et Meta y construisent des tours.
La Gigafactory Texas de Tesla, à Austin. Elon Musk a transféré son siège mondial près de ce site de prodution en avril. 
Pour créer sa start-up, Josh Cliffords a jeté son dévolu sur Austin, bien plus abordable que San Francisco, où il ne pouvait s’offrir, avec sa compagne, que "des lits superposés pour 2.000 dollars par mois". Un lieu où, "contrairement à l’Europe, les investisseurs n’ont pas froid aux yeux". Le jeune homme veut "mettre fin au problème mondial de l’eau". FreeWater distribue gratuitement des bouteilles en aluminium d’eau et reverse 10 % des profits à des ONG.

Il est logé chez Capital Factory, le plus gros incubateur de la ville texane. De Barack Obama à Richard Branson, tous les VIP font étape dans cette vitrine technologique, qui anime un écosystème bouillonnant. Austin couve 4.000 start-up par an. Parmi elles, 20 licornes ont émergé, dont l’application de rencontres Bumble ou le spécialiste de l’intelligence artificielle SparkCognition. Austin aime l’innovation et elle le lui rend bien.
En octobre 2021, l’arrivée d’Elon Musk a envoyé un signal fort: le milliardaire a décidé de déménager son siège social mondial, à proximité de la Gigafactory de Tesla, inaugurée en avril suivant. "Nous allons bâtir un paradis écologique ici, sur la rivière Colorado", avait-il twitté. En décembre, l’éditeur de logiciels Oracle y a transféré son siège, quittant la Silicon Valley. Exploit plus discret, la ville a été choisie en 2018 pour accueillir - dans les murs de Capital Factory - US Army Futures Command, le premier laboratoire d’innovation de l’armée, piloté par un général quatre étoiles.
Longtemps, le sort d’Austin fut lié à celui du géant informatique fondé par Michael Dell, ancien étudiant de l’université du Texas. Une dépendance qui a coûté cher: quand la bulle Internet a éclaté en 2000, la ville a perdu 35.000 emplois. "Depuis, Austin s’est diversifié dans tous les secteurs, de l’automobile à la santé en passant par l’aéronautique", explique Roland Peña, vice-président d’Austin Chamber, l’agence économique privée qui a contribué à cette diversification. Des efforts payants: sur dix ans, la croissance économique a été quatre fois supérieure à celle des Etats-Unis. Et avec 33 % d’habitants supplémentaires en une décennie, Austin a enregistré la plus forte croissance démographique du pays.

Lady Bird, Austin Crédit : Austin American-Statesman-USA TO/SIPA
Le Lac Lady Bird. Outre sa population jeune et bien formée, Austin a d'autres atouts, comme un foncier abordable. 

Depuis le dernier étage du 70, Rai-ney street, la métamorphose se lit à ciel ouvert. Hérissé de grues, le centre-ville est un immense chantier. "Il y a dix ans, les groupes nés dans la Baie de San Francisco avaient migré dans le centre, décrypte Guillaume Lardeux, directeur des opérations de Genesys, arrivé après deux décennies en Californie. Le même phénomène se produit ici." Il désigne un extraordinaire bâtiment en forme de voile: le Block 185, où Google vient d’emménager. A deux pâtés de maison s’élèvent les premiers étages d’une tour commandée par Meta (ex-Facebook). Au bord du Lady Bird, le lac qui traverse la ville, un autre projet pharaonique s’achèvera en 2025: un gratte-ciel de 311 mètres qui dépassera la JPMorgan Chase de Houston, capitale économique du Texas et grande rivale d’Austin.
En plus de sa fiscalité attractive et d’un foncier abordable, Austin dispose d’attraits majeurs pour les recruteurs: sa population jeune et bien formée, et une image cool. Bastion démocrate dans un Etat républicain, elle cultive un esprit alternatif, mélange de tolérance et de créativité, que résume bien le slogan: "Keep Austin Weird." Cette identité progressiste se reflète aussi dans la programmation éclectique, depuis sa création en 1987, de l’inclassable festival South by Southwest.
 
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"J’ai testé Denver, Washington, Miami, Chicago… Sans conteste, Austin est la ville la plus agréable à vivre", témoigne Andrew Cole. Ce trentenaire, qui dispose d’économies confortables grâce à la vente de stock-options, a lâché son job et son appartement de San Francisco en 2020. Depuis, il appartient à la cohorte des "nomades techs", qui passent de ville en ville, sans port d’attache. "A Austin, il y a du soleil toute l’année. La taille de la ville me permet de circuler à vélo ou en trottinette. J’y ai plusieurs amis proches. Pour nous retrouver, nous avons un choix énorme de bars, food trucks, restaurants, salles de concerts…". Une oasis bobo au cœur du Texas.
4.000
start-up sont couvées chaque années à Austin
Par Delphine Déchaux, envoyée spéciale au Texas
Texas
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