Le signal, c’est Philippe, l’ostréiculteur de Marennes-Oléron, « qui fait tinter son couteau sur le pied du parasol », prévient un observateur averti. Dimanche, 9 h 30, l’heure du « casse-croûte » a sonné au coin de la Grand-rue. Huîtres , fromage, foie gras et pain de campagne, le tout arrosé d’un bon bergerac fourni par le caviste. « Le moment où les gens nous cherchent et ne nous trouvent pas », résume Richard, le fleuriste, prompt à croquer son « huître royannaise » : « On n’est pas rancunier… »
Bienvenue sur le marché d’Issigeac, bourg médiéval du Sud Dordogne, qui oppose volontiers sa faconde gasconne à la victoire – sur le fil – du marché de Royan, la semaine dernière. Un titre symbolique, les deux communes figurant désormais parmi les 24 finalistes…
Bienvenue sur le marché d’Issigeac, bourg médiéval du Sud Dordogne, qui oppose volontiers sa faconde gasconne à la victoire – sur le fil – du marché de Royan , la semaine dernière. Un titre symbolique, les deux communes figurant désormais parmi les 24 finalistes de l’opération « Votre plus beau marché » , dont le lauréat sera désigné en mai.
À Issigeac, 753 habitants sur la balance, de loin Petit Poucet de la finale, on craint parfois de ne pas peser lourd face aux autres prétendants. Dit autrement, « on ne prend pas la grosse tête », promet le maire Jean-Claude Castagner, ajoutant : « Il faut que l’on prenne un peu de recul et qu’on s’organise, avec une large publicité autour de l’événement. » Comprendre « une présence sur les réseaux sociaux, un stand les jours de marché avec une tablette à disposition pour voter, des distributions de flyers, et la mobilisation des organismes départementaux… »
Car il reste les fondamentaux, solides, à distiller : un marché de village du Périgord qui serpente à ciel ouvert dans un décor de maisons à colombages et de façades d’antan . Vieux de quarante ans, parti de rien (lire par ailleurs), le marché d’Issigeac n’a cessé de croître, porté par la fréquentation touristique. « Les Anglais nous ont apporté beaucoup, heureusement qu’on les a », résume Céline Chauveau, la patronne du café de L’Europe. Paul Morris, solide franco-anglais qui élève des cochons en plein air à Plaisance (le village joliment nommé d’à côté) et tient un stand sur le marché depuis dix ans, en sait quelque chose : « Ils n’aiment pas découvrir que je parle anglais, ce n’est pas leur idée du romantisme à la française… »
Voilà pour le panorama qui fait la singularité du marché d’Issigeac. Les professionnels, qui pouvaient se serrer les coudes sous l’étroite halle aux grains par temps de pluie, sont aujourd’hui 180 au plus fort de la saison estivale. Avec, pour corollaire, des difficultés à intégrer les nouveaux venus, y compris producteurs : ceux-ci passent par le statut de « volant » pendant plusieurs années avant de se voir attribuer un emplacement fixe dans le village.
Un passage obligé dont s’est acquittée Corinne Caminade, l’apicultrice de Sainte-Sabine, « compétitrice » dans l’âme alors que se profile la finale de « Votre plus beau marché ». Lors des sélections régionales, elle a voté sur Internet jusqu’à « 60 fois par jour », dûment mandatée par « les papys et les mamies » du coin, et « fait les campings », invitant ceux-ci à relayer le concours sur leur page Facebook. « Il fallait bien trouver les touristes ! Mais ne donnez pas trop d’indices… »
« Je pense sincèrement qu’on a une chance au niveau national », raisonne le maire Jean-Claude Castagner, jugeant d’un bon œil le binôme Royan-Issigeac issu du vote de « Sud Ouest » : « Un marché sous une halle, sur la côte, et un marché rural , un lieu de convivialité et de patrimoine, ce sont deux images représentatives de la région », auxquelles on n’oubliera pas d’ajouter Brive-la-Gaillarde (19).
Rodant son discours, Jean-Claude Castagner imagine bien Issigeac, un village aussi rond que celui d’Astérix, en « village d’irréductibles croquants du Périgord » face à l’adversité. « Nous serons le seul marché de village à côté des grandes villes et des centres commerciaux sous appellation de marché », remarque-t-il.
Et d’adresser « avec le sourire et amitié » un message au maire de Royan, Patrick Marengo, ex-général dont « Sud Ouest » livrait hier la stratégie de conquête : « Il faudra qu’il compte sur les Jacquou du Périgord pour faire la révolution au nom des valeurs de la ruralité. » Ici, c’est Issigeac, oserait-on.
Votes sur MyTF1.fr , à partir du 5 mars.

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