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À l’occasion des élections départementales France Bleu s’interroge sur ceux qui ont décidé de vivre à la campagne pour des raisons personnelles et/ou professionnelles, quitte à se priver de certains services. Alors, contraintes ou choix de vie, et à quel prix ?
Depuis le début de la pandémie, bon nombre de Français ont quitté les grandes villes pour retourner à la campagne en se réappropriant des résidences familiales pour ceux qui en possédaient, ou alors en achetant un bien. Avec le télétravail, le temps de transport pour se rendre au travail n’est plus un critère déterminant.
Mais vivre à la campagne, d’autres ont fait ce choix depuis des années. Choix de vie ? Contraintes ? À l’occasion des élections départementales, France Bleu Hérault s’interroge sur ceux qui ont décidé de s’exiler comme par exemple à Avène, à une heure de Béziers et Montpellier.
“Avène, un petit paradis à découvrir” disent de les habitants.
6.500 hectares de superficie, une dizaine de hameaux, Avène n’a rien à envier à la commune de Roquebrun, considérée comme le petit Nice de l’Hérault. En flânant dans les ruelles étroites et colorées de ce petit village de 380 âmes vous ne pourrez que tomber sous le charme de cette station thermale, la plus petite de l’Hérault après Balaruc et Lamalou-les-Bains.
Le village d’Avène, blotti dans la Haute Vallée de l’Orb, se situe au pied des Cévennes et au cœur du Parc naturel régional du Haut-Languedoc.
Pierre Fabre a racheté la source en 1975 à un particulier, avant  d’y développer ses produits de parapharmacie. Plus de 300 salariés y travaillent quotidiennement. Mais à peine 10 % d’entre eux, seulement, vivent dans cette commune traversée par la rivière Orb en aval du barrage du Lac des Monts d’Orb en Grand Orb.
S’y installer, c’est le choix de Marie-Ange Martincic, la directrice des thermes d’Avène qui emploie une trentaine de salariés au plus fort de l’activité de mars à octobre. Un coup de cœur au cours d’un déplacement professionnel, il y a trente ans, avant de poser ses valises en 1995.
“Ce coup de foudre est encore présent aujourd’hui. Je le dis à mes nouveaux collaborateurs, s’installer ici, c’est un choix de vie qu’il faut assumer avec parfois ces difficultés.”
”La préservation de son environnement passe par un isolement nécessitant des trajets plus longs et plus fastidieux.”
Montpellier est à une heure. Les virages donnent l’impression d’isolement, mais sincèrement, les embouteillages des grandes villes donnent la même dimension de trajet, mais on nous on les passe sur la route et pas dans les bouchons. Et qui dit trafic, dit pollution. Nous en sommes préservés.“Vivre ici, 
Malgré les contraintes d’éloignement, Avène a été un choix de vie -Marie-Ange Martincic, la directrice des Thermes d’Avène
“Ici à Avène, il faut adhérer très vite, sinon c’est difficile de préserver son emploi.”
Les nouveaux arrivants sont pourtant très rares et se comptent sur les doigts d’une main chaque année. Il est difficile d’y trouver un logement. Le foncier est quasi inexistant. L’immobilier a pris de la valeur ces dernières décennies. Les logements disponibles sont loués dans une très grande majorité aux 250 curistes hebdomadaires (2.800 à l’année en moyenne).
Avène est donc victime de son succès. La Station Thermale de renommée internationale est entièrement dédiée à la dermatologie et au traitement des affections cutanées telles que dermatite atopique, eczema, psoriasis, séquelles de cicatrices et brûlures, post-cancer, ichtyose, etc… Elle offre aujourd’hui les équipements médicaux les plus modernes.
Mais vivre ici, c’est aussi accepter son climat plutôt continental. L’hiver, la température est inférieure de cinq degrés que sur le littoral. La pluviométrie plus importante. Et pourtant, Avène n’est qu’à une heure de Montpellier, autant de Béziers. 
Vivre si loin des grandes villes n’a pas de prix pour de nombreux habitants rencontrés. L’exode a été important jusqu’à la fin des années 80. Beaucoup de salariés préfèrent cependant les commodités des grandes villes pour les études, la culture dit le maire Serge Castan. “Mais la tranquillité n’a pas de prix.” 
“On va essayer de construire un petit lotissement de cinq à dix logements. C’est le projet de notre mandature pour que des familles s’installent.”
“Avant la relance économique des Thermes, les jeunes du village partaient vers les grandes villes. L’installation de Pierre Fabre a stoppé cette érosion, mais nous n’avons pas eu une arrivée massive de nouveaux arrivants.”
”Nous avons beaucoup de chance de vivre ici’‘ dit Christian Affre. Enfant du pays, il a quitté son boulot à Bédarieux, pour revenir à Avène à la fin des années 80 pour profiter de la rivière, et son lac à proximité. Je suis un passionné de handball et supporter du Montpellier handball. Je n’hésite pas à prendre la voiture dès que le club joue à domicile. Une heure de route, ce n’est rien.
S’installer ici est donc un choix de vie. Avène séduit les randonneurs, pêcheurs, cyclistes, les amoureux de la nature, mais nécessite d’être motorisé.
Les transports en communs quotidiens sont limités et trouver un médecin généraliste relève aussi du parcours du combattant déplore Antoine. Les quatre professionnels de santé de la maison médicale au Bousquet d’Orb, quinze kilomètres encontre bas en direction de Bédarieux, sont débordés. “Ils ne prennent plus de nouveaux patients. Il faut donc aller plus loin. C’est du temps de perdu” dit Eugène Andréo, le patron du restaurant “L’Avenette Gourmande”.
“Et puis nous n’avons pas de distributeur de billets, ni de station service. C’est un axe à développer par les politiques.”
“Vous savez”, rajoute  Serge Castan, le maire d’Avène, “quand vous êtes à Montpellier, vous mettez  autant de temps pour aller à l’hôpital. En une demi-heure, vous ne traversez pas la ville. Vous êtes tributaire de la circulation.”
“Nous avons plus de kilomètres, mais en temps, c’est pareil.”
Être motorisé, est donc indispensable. Avène possède bien une dizaine de commerce dont cinq restaurants, deux hôtels, son épicerie, son école (avec une seule classe de 14 enfants, tous niveaux confondus). 
François Vicente a lui aussi tout plaqué avec sa femme et ses deux garçons de sept et deux ans. Ce natif de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard (20.000 habitants), sans emploi ne supportait plus la ville. Le couple a repris l’épicerie du village.
”Mon plus grand joue dehors toute la journée. Habiter loin de la ville ce n’est pas un frein quand on a des enfants. Ce sont les parents qui ont peur pour leur gamin. Pour le collège, ce n’est pas loin.  Alors oui, je n’ai pas le cinéma à proximité, mais j’ai d’autres choses. Et puis les boutiques, ce n’est pas notre priorité.”
“Le collège de Bédarieux est à une demi heure. 60 km aller-retour en bus pour les scolaires.”
Vivre ici est certes un privilège, mais les conditions de vie ont évolué. La fibre optique est sur le point d’être installée. “Heureusement” dit Jean-Marc. Ce cuisinier, qui était employé dans une maison de retraite à Béziers, a tout lâché pour s’installer ici. Sa femme n’a pas voulu le suivre. La décision a été radicale. Il l’a quittée. 
Nous n’avons que la 3G pour le moment. Mais finalement ce n’est pas plus mal, car le téléphone ne sonne pas toutes les cinq minutes car le téléphone ne capte pas.” 
“Quand on vient de l’extérieur, les gens ont l’impression que c’est mort. Mais quand on y vit, c’est le paradis. Je vis mieux. J’ai moins de cheveux blancs (sourire).
Avène, implanté à cinq kilomètres du plan d’eau de Ceilhes-et-Rocozels profite depuis quelques années d’une plus forte affluence touristique. Les vacanciers à la recherche de fraîcheur sont plus nombreux. La commue dispose d’une quinzaine de gîtes communaux, cinq restaurants et deux hôtels dont un quatre étoiles pour les accueillir.
“C’est un sacré privilège de vivre ici” rajoute Catherine. “Je suis partie vivre en ville. Mais je suis vite revenue.
“Le chant du coq et les ragots me manquaient.”
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