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Publié à 10:18
De gauche à droite: Christian Dominique (vice-président), David Claus (président), et Éric Guerrier (vice-président) du Depositary Banking Cluster Luxembourg (DCBL) (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)
L’ABBL, avec l’aide de la CSSF, publie le Depositary Banking & Custodian Services Survey 2022, première édition d’une étude qui veut témoigner de l’importance de ces deux métiers peu connus, mais fondamentaux pour la Place. Des métiers en bonne santé et aux perspectives solides.
L’étude a été lancée à l’initiative du cluster Depositary Banking de l’ABBL avec le soutien de l’ABBL (Association des banques et banquiers du Luxembourg). Toutes les banques dépositaires ayant une licence bancaire ont participé. Soit un taux de 100% dont se réjouissent David ClausDavid Claus (président), Christian Dominique et Éric Guerrier (vice-présidents) du Depositary Banking Cluster Luxembourg (DCBL). «L’idée était de mesurer l’impact de ce métier, bien moins connu que la Banque privée, mais qui constitue l’un des piliers de l’activité bancaire au Luxembourg.»
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Le métier de conservateur (custodian) est en soi facile d’accès. Il s’agit simplement de conserver sur des comptes titres les actifs financiers des clients. «C’est l’équivalent d’un compte cash pour les instruments financiers. À la différence des banques privées, il n’y a pas d’offres de services associées à cette conservation comme du conseil ou de la gestion. Après la transaction, nous allons être amenés à régler la transaction – ce qu’on appelle la liquidation ou le settlement –, autrement dit échanger le cash contre les titres achetés qui seront comptabilisés sur un compte titre.»
C’est un métier traditionnel du banquier et il n’est pas spécifique à une catégorie de clientèle au contraire du métier dépositaire. C’est un poste assez mature au niveau des processus avec pas mal d’automatisation. En général, son exécution est confiée dans les banques aux départements de back-office alors que le métier de dépositaire, compte tenu de sa singularité, est plutôt confié à des équipes spécialisées.
Le métier de dépositaire (depositary) s’applique à un type bien particulier de clients: les fonds d’investissement auxquels seront rendus des services plus larges que pour le custody.
Le banquier dépositaire est quelque part le chien de garde, une protection supplémentaire pour l’investisseur», explique David Claus, CEO de European Depositary Banking. C’est aussi une spécificité européenne. Les fonds américains ne sont pas tenus d’en désigner un. «Il y a déjà beaucoup de monde qui protège l’investisseur: la CSSF, l’auditeur, le conseil d’administration, le gérant… La plus-value du dépositaire, c’est qu’il a une vision au quotidien de ce qui se passe dans un fonds parce que toutes les transactions passent par nos livres. Nous sommes a priori beaucoup mieux placés pour voir s’il y a une erreur ou s’il y a quelque chose de suspect qui se passe. Nous sécurisons la détention.»
Si le métier du custodian se limite à vérification des actifs que le fonds détient directement, le dépositaire doit en plus opérer une surveillance sur tous les processus de fonctionnement du fonds qui sont pris en charge par les autres prestataires de services (calcul de la valeur nette, évaluation des actifs, le contrôle des processus d’investissements, le versement des dividendes…) Tous ces processus entrent dans le contexte de la surveillance du dépositaire. Dont le mandat se pratique dans un contexte de contrôles très renforcés et de prescriptions règlementaires particulièrement précises. «En quelques années, nous sommes passés d’une règlementation basée sur des principes généraux à une règlementation très prescriptive.»
Selon l’étude, les banques actives dans le secteur ont, au titre de leur activité de dépositaire, 6.500 milliards d’euros fin 2021. Soit une progression de 22% sur un an, «principalement due à la performance du marché». Une croissance liée au dynamisme de l’industrie des fonds d’investissement de la Place.
La croissance st également au rendez-vous pour les conservateurs avec des actifs en dépôt atteignant 5.500 milliards d’euros (+15%). Et David Claus apporte une précision importante: ces montants sont des montants distincts, propres à chaque métier et qui ne se recoupent pas. «Une erreur que font beaucoup de gens et qui conduit à sous-estimer l’importance du métier de moitié. Pour moi, la vraie valeur de l’étude, elle est là.»
Pour être complet, il faudrait ajouter également les actifs gérés par les dépositaires non bancaires exclus du scope de l’étude. Si les dépositaires bancaires sont agréés par la CSSF et s’occupent des actifs cotés, les dépositaires non bancaires sont eux spécialisés sur les marchés privés. Comme IQ-EQ ou Alter Domus pour citer deux des plus connus.
Les deux marchés sont fortement concentrés: les dix premiers acteurs détenant environ 78% des actifs sous conservation dans un secteur et environ 88% des actifs sous conservation dans l’autre.
Au niveau des effectifs, les chiffres sont constants d’une année sur l’autre avec 953 personnes (ETP) travaillant dans les fonctions de surveillance des dépositaires et 1.204 dans les opérations de garde et de conservation, ce qui représente environ 10% du personnel bancaire total travaillant au Luxembourg.
Pour l’avenir, et malgré les nuages économiques et géostratégiques actuels et la refonte prévue des directives OPCVM et AIFMD, David Claus, Christian Dominique et Éric Guerrier sont optimistes pour l’avenir de ces deux métiers.
D’abord parce que l’industrie des fonds constitue un support important. «Dans la durée, nos actifs à conserver et à superviser en tant que dépositaires vont continuer à croitre», estime Éric Guerrier, responsable des dépositaires au sein du cluster.
Le deuxième facteur est l’évolution des préférences d’investissements des clients qui se tourne davantage vers le monde de l’investissement alternatif. «Cette évolution dans les classes d’actifs préférés des clients change nos métiers et nous ouvre de nouveaux marchés», estime Christian Dominique.
Pour ce qui est des technologies Blockchain et DLT, Christian Dominique ne les voit pas comme un danger. «Nous pensons que la DLT ne sera pas utilisée sur des processus pour lesquels nous avons déjà un excellent bilan en matière de standardisation et de rationalisation. En revanche, sur des actifs tels que le private equity ou l’immobilier où cela n’a pas été possible jusqu’à présent, nous nous attendons à ce qu’elle apporte beaucoup de valeur ajoutée.»

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