Après le One océan summit à Brest et la conférence des Nations Unies au Portugal, le colloque de la décennie pour les sciences océaniques était organisé cette semaine, à Brest de nouveau, par Océanopolis et le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Plus que jamais, les scientifiques des océans rappellent l’urgence de la situation et l’importance de passer à l’action. Le réchauffement climatique induit des transformations en profondeur des océans qui, eux-mêmes, régulent une grande partie du climat terrestre. Autrement dit, observer et comprendre les phénomènes qui s’effectuent aujourd’hui à marche forcée dans les océans devient fondamental pour mettre en œuvre les actions concrètes qui permettront, peut-être, d’éviter la catastrophe annoncée.
Réunis à Brest à Océanopolis, ce mercredi 6 juillet 2022, une cinquantaine de chercheurs français des océans tirent, une fois de plus, la sonnette d’alarme. Et de plus en plus fort, dans un contexte économique et international inédit (covid-19, guerre en Ukraine, crise alimentaire, flambée des produits pétroliers…) qui bouscule les programmes scientifiques. En chute libre depuis des années, les financements de la recherche ne sont pas près de repartir à la hausse.
Convaincus des enjeux de l’océan à travers la problématique du réchauffement climatique, ces chercheurs clament d’une même voix, l’urgence de la situation et l’importance de passer à l’action. « Qu’est-ce que vous voulez que nous fassions d’autre ? C’est notre rôle d’alerter et de rappeler l’urgence de la situation », résume Yves-Marie Paulet, de l’Université de Bretagne occidentale (UBO). « Il y a des gens des ministères à ce colloque, à eux de remonter nos échanges ! ».
« On peut continuer à tirer la sonnette d’alarme, mais il y a mieux à faire », selon Paul Tréguer de l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM). « Quels sont les moyens que l’on met en œuvre pour passer à l’action ? Il faut moins segmenter la recherche et s’appuyer sur la puissante dynamique scientifique engagée, en dépit des budgets en berne et des coups de communication politiques ».
Pour Sabrina Speich, professeur de géosciences et spécialiste du climat, les actions concrètes ressorties des derniers colloques sont en effet bien maigres. « Qu’est-il sorti du One ocean summit ? C’est beaucoup de com et peu d’actions concrètes… Et même si je dors mal depuis dix ans, je poursuis mon travail. Il faut des actions à long terme menées par les états et une planification à hauteur des enjeux ».
Pour le nouveau patron de l’Institut polaire français Paul-Emile-Victor (Ipev) à Brest, Yan Ropert-Coudert, il faut continuer à alerter. Particulièrement pour le milieu des pôles frappés encore plus radicalement par les effets du changement climatique. « Il y a de la frustration et de l’incompréhension, mais on continue. Sinon, qui d’autre pour porter ce message aux côtés de la jeune génération qui se mobilise sur le terrain sous des formes inattendues ? ».
Alain Lagrange, du ministère de la Recherche, reconnaît le problème de moyens et de financements lié au contexte international. Mais sur les missions reportées, voire annulées, de l’Ifremer, il ne souhaite pas apporter de commentaire particulier. « Il faut procéder à des choix. Il y a des priorités et des arbitrages dans les ministères », résume-t-il. « Et si les difficultés économiques du moment n’étaient que les vaguelettes qui arrivent au rivage, comparé au tsunami massif du changement climatique ? », lui répond Yves-Marie Paulet.

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