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L’ancienne rue commerçante phare du centre-ville de Perpignan, aujourd’hui quasi vide, est en phase d’être piétonnisée. Les travaux doivent durer un an, ils ont commencé il y a une semaine, et certains commerçants en subissent déjà les conséquences.
“Avant c’était la meilleure rue de Perpignan !” se souvient “Ramounet”, le plus ancien commerçant de la rue des Augustins, installé là depuis 55 ans. Aujourd’hui la plupart des grilles des locaux commerciaux sont baissées. Sur une soixantaine d’entre eux, la mairie RN de Perpignan en recense 75% de vides. C’est pour “revitaliser” la rue, selon les mots du premier adjoint Charles Pons, que la Ville a décidé de la piétonniser (les travaux doivent durer un an environ) et de racheter environ la moitié des locaux commerciaux (27 exactement) pour les réhabiliter et les louer à nouveau. 
Si certains commerçants, comme Patrice Burel, le torréfacteur, ou Alexandre, patron du restaurant La Droguerie, se réjouissent que la rue devienne, à terme, piétonne, d’autres sont vent debout contre les travaux. “Si au moins, ils nous disaient ce qu’ils font ! Ils font des trous, mais qu’est-ce qu’ils cherchent ? Un trésor ?”, s’emporte “Ramounet” dans son magasin de prêt-à-porter. Il assure avoir déjà vu son chiffre d’affaires baisser, “en chute libre”, depuis le début des travaux. “La seule chose qui nous faisait encore un peu travailler dans cette rue, c’était les voitures qui passaient. Maintenant, plus personne ne passe. Lorsqu’on n’est plus visible, plus personne ne vient”, assure-t-il. Il est à la fois opposé au projet de piétonnisation et agacé par les travaux.
Même constat dans un commerce voisin, dont la patronne préfère rester anonyme. “Les camions des travaux prennent toute la place, les gens ne peuvent même plus accéder à nos commerces. Comment voulez-vous qu’ils entrent s’ils ne peuvent pas venir jusqu’à nous ?” se désole-t-elle. En une matinée, elle n’a vu que deux personnes franchir la porte de son commerce, “fermée à cause du bruit et de la poussière”, contre une vingtaine voire une trentaine d’habitude, selon elle. 
Sur la terrasse de Raconte pas d’Salades, Mathieu Porta le patron a carrément vu trois clients quitter leur table à peine assis, quelques jours après le début des travaux. “Ils avaient le marteau-piqueur à côté donc il y avait vraiment beaucoup de bruit !”
Il n’y a pas que les travaux, que Mathieu Porta regrette. Son établissement fait partie de ceux fléchés par la mairie dans le cadre de la DUP, la déclaration d’utilité publique, qui consiste à racheter, avec l’accord de la préfecture, un établissement pour le réhabiliter et le relouer. Le patron, propriétaire des murs et du restaurant, avait déjà décidé de vendre le bâtiment pour payer les charges, et rembourser le prêt de son affaire. Il avait trouvé un acheteur, mais est contraint de vendre finalement à la mairie, pour beaucoup moins. “Ce que nous propose la mairie pour le rachat ne rembourse même pas le prêt. On n’a pas d’autre solution que de liquider les deux sociétés. On est passé par toutes les émotions, la rage, les pleurs, la tristesse, mais maintenant on est résigné”, indique-t-il.
“Ramounet”, lui, ne voit pas en quoi la mairie “ferait mieux que les commerçants eux-mêmes“.
Charles Pons, premier adjoint au maire, assure qu’il a bien conscience du problème du propriétaire de Raconte pas d’Salades, mais que “dans ces cas-là on ne peut pas faire de cas par cas. Le projet de Monsieur le maire (Louis Aliot) pour revitaliser le centre-ville est formidable. Il n’y avait plus rien cette rue. Si on ne fait rien, si les pouvoirs publics ne prennent pas les choses en main et n’y vont pas franco, ça ne bougera pas. D’autant que la nature a horreur du vide et que, le soir, la rue devient une place de deal, c’est malfamé”, répond-il. 
Il assure que le prix de rachat des locaux correspond à une estimation de la Direction de l’immobilier de l’État, anciennement “France Domaine”, qui dépend du ministère de l’Économie. Quant aux désagréments liés aux travaux il reconnaît que “qui dit travaux dit nuisances, mais malheureusement on ne peut pas faire autrement”. 
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