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Jean Rottner va prendre la direction régionale Grand Est du cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités. Photo Michel Dell’Aiera
C’est donc bien dans le privé que Jean Rottner, démissionnaire en fin d’année de son mandat de président de Région, va poursuivre sa carrière. Une orientation qui suscite bien des critiques parmi ses adversaires politiques.
Silence radio. Jusqu’alors très actif sur les réseaux sociaux, Jean Rottner ne s’est plus exprimé depuis le 20 décembre, jour de l’annonce, via un communiqué, de son abandon de la vie publique. La veille encore, l’ex-élu Les Républicains aux presque 32 000 abonnés avait, sur Twitter, rendu compte de l’inauguration de l’usine Emotors de Trémery, aux côtés du CEO de Stellantis Carlos Tavares et du ministre Roland Lescure. Quelques jours après le vote du budget à la Région Grand Est, la soudaineté de son retrait avait surpris tout le monde. « Des impératifs familiaux animent cette lourde décision. Ce choix est à respecter », avait demandé Jean Rottner dans son texte du 20 décembre… en complément duquel le journal Le Parisien, déjà, se faisait l’écho d’un départ pour le privé. La confirmation de cette reconversion est tombée le 30 décembre, jour où l’ancien médecin urgentiste a officiellement rendu son mandat de président.
Jean Rottner va rejoindre le cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités, qui a annoncé l’ouverture, « à l’été 2023 », d’une direction régionale Grand Est. Celle-ci lui sera confiée. Cotée en Bourse, la société Réalités se présente comme « un groupe de développement territorial », menant des projets immobiliers tels que l’extension du stade Bauer, en Seine-Saint-Denis, aux côtés de la Banque des territoires, ou l’aménagement d’un nouveau quartier à Saint-Brieuc, en Bretagne. Elle était déjà présente dans six régions françaises (Pays de la Loire, Bretagne, Nouvelle Aquitaine, Centre-Val de Loire, Île-de-France, Hauts-de-France), le Grand Est devenant la septième. Réalités revendique également une implantation au Maroc, au Sénégal et au Portugal.
« La rencontre entre Jean Rottner et Réalités, entreprise à mission, est apparue comme une évidence. L’un comme l’autre partagent le même sens de l’intérêt général », a commenté sur son site Internet le groupe qui fête en 2023 ses vingt ans d’existence.
Difficile à dire. Néanmoins, Jean Rottner avait saisi dès le 12 juillet la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), lui annonçant son souhait de reconversion. La HATVP s’est prononcée en septembre. Dans son avis, elle indique ne pas disposer d’éléments « de nature à faire douter du respect, par l’intéressé, de l’exigence de prévention des conflits d’intérêts ». Néanmoins, elle pointe la nécessité « d’encadrer les futures relations professionnelles » de Jean Rottner, afin de « prévenir tout risque de mise en cause du fonctionnement indépendant et impartial de la région ». Elle l’invite par conséquent à « s’abstenir, dans le cadre de son activité privée, d’accomplir toute démarche auprès des élus et des agents de la Région Grand Est ». Cette réserve « fera l’objet d’un suivi régulier » pendant trois ans, prévient la HATVP.
Dès après l’annonce de son recrutement par Réalités, Jean Rottner a essuyé une pluie de critiques en provenance de ses oppositions. « Cette annonce vient un peu vite, ce qui laisse penser que c’était déjà conclu depuis un certain temps, s’est étonnée la Thionvilloise Éliane Romani, cheffe de file du groupe écologiste. Il utilise le réseau qu’il a acquis dans ses fonctions publiques pour aller servir une organisation privée qui a des rapports avec les collectivités. C’est une définition du “pantouflage”. »
J’ai décidé de quitter la vie publique. pic.twitter.com/A1HxgkfB6y
— Jean ROTTNER (@JeanROTTNER) December 20, 2022

« Il part avec une quantité de données territoriales importante, s’est inquiété Christophe Choserot (Renaissance), membre du groupe centriste et maire de Maxéville. On était en pleine révision du Sradet (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, ndlr), il sait exactement quelles vont être les modifications de ce schéma, quels sont les atouts et les difficultés des territoires, ce n’est pas rien. » Christophe Choserot s’est encore interrogé : « Qui est mieux placé qu’un président de Région pour faire du conseil et de l’accompagnement territorial ? Peut-être qu’un jour en tant que maire, je vais le recevoir pour tel ou tel projet, c’est troublant. » « Amer », le socialiste Michaël Weber a constaté : « Il avait une opportunité professionnelle avec un meilleur salaire et sans doute moins d’emmerdements. Je pense que quand on a un engagement politique, on le mène jusqu’au bout, on ne trompe pas les électeurs. » Le mandat de Jean Rottner courait jusqu’en 2028. Il avait été élu en juin 2021.
Le conseil régional élira son nouveau président le vendredi 13 janvier, à Metz. Dès le lendemain de la démission surprise de Jean Rottner, Franck Leroy (Horizons), qui assure l’intérim, a été désigné à l’unanimité par le groupe de la majorité régionale pour être candidat. « Je ne me suis jamais défaussé, je suis un homme de devoir », avait déclaré à La Semaine le maire d’Épernay, très proche de Jean Rottner.
« C’est un problème », a considéré Laurent Jacobelli (Rassemblement national), qui sera lui aussi candidat la semaine prochaine, comme il l’avait déjà été l’an dernier. « Les gens votent mais ne sont pas sûrs du président et de la politique qu’ils auront. Jean Rottner était dans une position d’opposition à Emmanuel Macron, et on va se retrouver avec un Franck Leroy pro-macroniste. Tout ceci laisse un sentiment brouillon, un sentiment d’opportunisme permanent qui pose problème dans une région qui a toujours du mal à se définir. » « M. Rottner a fait voter le budget de la Région en sachant qu’il allait partir, c’est un scandale. Ce devait être au nouveau président de Région de faire voter son budget », s’est-il encore agacé. Une chose de sûre : le vote du 13 janvier promet d’être animé.
Dans la déclaration d’intérêts de Jean Rottner publiée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, le désormais ex-président de Région indique avoir perçu une rémunération de 150 000 euros de la société CGSF Conseil entre juillet 2019 et mars 2022, pour une activité de « consultant » exercée dans le cadre d’une micro-entreprise.
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