l’essentiel Le groupe Monnet-Sève a acheté les trois entités du groupe BGA à Saint-Paul-de-Jarrat en juin 2021. Il va investir 10 millions d’euros dans les métiers du bois en Ariège jusqu’à l’été 2023.
Depuis qu’Yves Le Thery est directeur du site Bois ariégeois et charpentes (B & C), dont la scierie est installée à Saint-Paul-de-Jarrat, bien des choses ont changé. À l’époque, en janvier 2021, un plan de redressement avait été mis en place pour pallier les soucis financiers de la société. Elle perdait de l’argent depuis 2020. Le dirigeant envisageait alors de produire « des petites séries de planches en bois, dans des niches, pour des petits charpentiers ».

Monnet-Sève a racheté Bois ariégeois en juin 2021.
Monnet-Sève a racheté Bois ariégeois en juin 2021. DDM – Martin Boissereau

Six mois plus tard, en juin 2021, le groupe Monnet-Sève – premier scieur de résineux français – a acheté le groupe Bois génération avenir (BGA). Il s’agit de la maison mère du spécialiste des métiers du bois B & C et de deux autres sociétés installées sur le même site de production : KwBois, une unité de fabrication de granulés de bois, et Ariège biomasse cogénération (ABC), une chaudière de cogénération. « On avait besoin de gros investissements, se souvient Yves Le Thery. Le rachat était une opportunité inespérée. Cela va nous permettre de rattraper notre retard et de dépasser les concurrents. »

Des granulés sont fabriqués dans ces deux silos.
Des granulés sont fabriqués dans ces deux silos. DDM – Martin Boissereau

Stéphane Vives, président du directoire de Monnet-Sève, assure que l’acquéreur, une « entreprise familiale créée en 1929, veut conserver l’esprit » des trois sociétés ariégeoises. « On est là pour aider et les remettre sur les rails, explique-t-il. On souhaite qu’elles soient à nouveau rentables et viables. »
À Saint-Paul-de-Jarrat, Monnet-Sève, qui exploite les résineux dans quatre grands massifs forestiers français – le Jura, les Alpes, le Morvan et le Massif central – a été séduit par l’espace boisé de la région et le circuit court à sa disposition. « La scierie est proche des forêts et des clients, se félicite Stéphane Vives. Il n’y a pas plus écoresponsable. »

Les planches de résineux, après sciage.
Les planches de résineux, après sciage. DDM – Martin Boissereau

En investissant au sein de Bois ariégeois, le groupe souhaite « retrouver une scierie digne de ce nom, qui était l’une des plus belles et importantes dans les années 1970 ». Sa priorité est de « réinvestir dans l’outil de travail pour être plus productif ». « Et dans de bonnes conditions, en améliorant les postes de travail, ajoute Stéphane Vives. Il y a tout pour faire, avec un massif sain et vigoureux. On veut lui redonner son lustre d’antan et on y croit très fort. »
Si 70 000 m3 de bois transformé étaient produits en 1970, la production a chuté jusqu’en 2020 (25 000 m3). « On veut remonter à 70 voire 100 000 m3 par an, assure le membre de Monnet-Sève. Pour être rentable et viable, il faut être à environ 100 000 m3. »

Yves Le Thery à côté de la nouvelle machine d'empilage, en construction.
Yves Le Thery à côté de la nouvelle machine d'empilage, en construction. DDM – Martin Boissereau

En ce sens, une machine de 80 m de long – dont le coût approche les 3 millions d’euros – va trier les planches de bois et les empiler, une fois les résineux sciés. « Les opérateurs n’auront plus besoin de les porter à la main, se réjouit Yves Le Thery. Ils regarderont si les planches ont des défauts et appuieront sur un bouton pour les classer selon leur qualité. »

Les opérateurs vont classer une quinzaine - puis une cinquantaine - de planches par minute selon leur qualité (Q1, Q2 ou Q3)
Les opérateurs vont classer une quinzaine – puis une cinquantaine – de planches par minute selon leur qualité (Q1, Q2 ou Q3) DDM – Martin Boissereau

Stéphane Vives résume : « Il restera l’aspect intellectuel de classement du bois, pas le côté physique. » Encore en construction, l’outil de production devrait être opérationnel d’ici la fin de l’été.
D’autres machines sont prévues pour améliorer la finition des produits vendus aux clients, à Saint-Paul-de-Jarrat. « Pendant la première phase, il fallait résoudre le problème de l’empilage à la main à la sortie de la scierie, indique Yves Le Thery. Sinon, ça ne sert à rien d’accélérer l’entrée. Ensuite, il faut faire le reste. »

Yves Le Thery face à la nouvelle machine, qui permettra de "trier encore plus le bois".
Yves Le Thery face à la nouvelle machine, qui permettra de "trier encore plus le bois". DDM – Martin Boissereau

Au total, pour assurer la mutation de l’unité de production, 10 millions d’euros vont être investis par le groupe Monnet-Sève entre la fin d’année 2021 et août 2023. « On change les machines, on les répare et on les modernise », synthétise Stéphane Vives. Parmi les projets : des nouveaux systèmes de rails, des chariots de scies de tête et une tronçonneuse.

De nouveaux bureaux sont en construction au sein de la scierie.
De nouveaux bureaux sont en construction au sein de la scierie. DDM – Martin Boissereau

Le président du directoire de Monnet-Sève assure que les effectifs, eux, ont déjà doublé. « On est passés d’une quarantaine à 81 », note-t-il. Yves Le Thery complète : « En augmentant les volumes de production, on a dû améliorer la productivité en passant en 2×8 plutôt qu’en 1×8. »
Au-delà de la productivité, le groupe Monnet-Sève a « amené un réseau commercial plus important », indique le directeur de Bois ariégeois. « Avant, nos clients étaient proches. Là on exporte par exemple en Hollande et en Irlande. »

La sciure de bois, produit connexe de la scierie, est revalorisée.
La sciure de bois, produit connexe de la scierie, est revalorisée. DDM – Martin Boissereau

Autre projet d’envergure, Monnet-Sève participe à la construction du village olympique des JO de Paris 2024 à Saint-Denis. Grâce à des bois qui proviennent en partie du site de Saint-Paul-de-jarrat, ses salariés fabriquent la structure et l’ossature de bâtiments destinés à accueillir les athlètes. Bien des choses ont changé.

Un mélange de plaquettes et de sciure de bois est séché puis pressé avant de permettre de fabriquer des granulés.
Un mélange de plaquettes et de sciure de bois est séché puis pressé avant de permettre de fabriquer des granulés. DDM – Martin Boissereau

Au-delà de la scierie, le groupe Monnet-Sève a racheté KwBois et Ariège biomasse cogénération. Or plus la scierie produira, plus l’unité de fabrication de granulés et la chaudière de cogénération produiront. Kw valorise en effet les produits connexes de la scierie – pour ne pas dire déchets –, les plaquettes et la sciure, pour produire des granulés (ou pellets). Les écorces et balayures, qui ne peuvent pas être transformées en pellets, sont utilisées dans la chaudière pour produire de l’électricité. « La base, c‘est la scierie, assure Yves Le Thery. Elle doit produire suffisamment pour alimenter les autres en aval. »
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