Selon le dernier rapport du ministère de l’Éducation, les signalements d’atteinte à la laïcité ont augmenté en octobre 2022. En Occitanie, le lycée Bourdelle de Montauban a fait face à plusieurs comportements répréhensibles ces derniers mois.
Les signalements d’atteinte à la laïcité sont en hausse. C’est la conclusion du dernier rapport communiqué par l’Education nationale ce 9 novembre : le chiffre des signalements rapportés par les établissements scolaires du second degré (les collèges et lycées) a bondi de 313 en septembre dernier à 720 en octobre 2022.
Depuis l’arrivée de Pap Ndiaye au ministère de l’Education, ces rapports sont rendus publics tous les mois. Une manière, selon le ministre, d’encourager les chefs d’établissements et les équipes pédagogiques de faire remonter les problèmes rencontrés au cours de l’année.
Selon le rapport d’octobre, la hausse de ces atteintes à la laïcité concerne principalement les collèges, où 52% des faits ont eu lieu, contre 36% en septembre. Dans les lycées, les signalements sont plutôt en baisse, passant de 51% en septembre à 37% en octobre.
“La direction de l’établissement a marché main dans la main avec les services de renseignements territoriaux, la Région, le rectorat et la préfecture.”
Et l’Occitanie n’échappe pas à ce constat. Ce mercredi 9 novembre, nos confrères de Marianne révélaient des faits importants d’atteinte à la laïcité dans le lycée Antoine Bourdelle de Montauban.
Dans cet établissement public, le corps enseignant s’est retrouvé, depuis la mi-octobre, face à une augmentation de comportements problématiques. Comme à l’échelle nationale, la plupart des faits relevés concernaient des provocations verbales ou le port de signes et de tenues en rapport avec la religion.
“Avant nous ne voyions jamais d’élèves porter des abaya, mais depuis quelques années, les cas se multiplient“, confie un professeur de l’établissement souhaitant rester anonyme. Les revendications de certains élèves passent par la tenue vestimentaire ou encore des échanges tendus avec leurs professeurs. “Il y a eu récemment des cas de contestation dans certains cours, une élève a par exemple essayé de rallier à sa cause une partie de sa classe.
Pour ce professeur, ce genre d’altercation existe cependant depuis des années et n’empêche pas les enseignants de faire leur travail.
Toutefois la multiplication récente des cas à l’échelle nationale interpelle. Invité sur le plateau de Quotidien le 9 novembre, le ministre Pap Ndiaye explique cette brusque hausse en octobre selon trois facteurs : l’anniversaire de l’assassinat de Samuel Patty, “un moment, comme l’année dernière où les signalements se multiplient avec des contestations pédagogiques“, l’encouragement du ministère auprès des chefs d’établissement pour faire remonter tous les signalements et enfin, la viralité de plus en plus importante des vidéos TikTok. En effet, les courtes vidéos de ce réseau social, où la situation se tend entre des élèves et les enseignants se font de plus en plus nombreuses.
Le lycée Bourdelle a aussi été confronté à ce cas-là. “Une collègue a été filmée à son insu et la vidéo a été publiée sur TikTok, témoigne l’enseignant du lycée. Puisque c’est illégal, elle a ensuite été floutée, et finalement retirée du réseau. L’incident a été pris “très au sérieux” par la direction, selon le professeur, qui a convoqué l’élève concernée, ainsi que ses parents. Selon le rectorat, le chef d’établissement a porté plainte suite à cet incident.
À l’heure actuelle, deux professeurs du lycée bénéficieraient aussi d’une protection policière, suite à des menaces d’atteintes physiques repérées sur les réseaux sociaux, effacées depuis. “Pour l’instant ils n’ont pas de craintes particulières, ajoute-t-il, même si forcément l’ambiance est un peu spéciale en salle des profs.” Au-delà des signalements, les relations au cœur même de l’équipe pédagogique se sont dégradées. “Il y a des désaccords entre les collègues sur les vêtements religieux. La majorité préfère faire ses cours sans se soucier de tout ça.
“Lors d’un signalement, nous engageons d’abord un dialogue avec l’élève et sa famille.”
Dernièrement, l’inquiétude du personnel de l’établissement s’était portée sur la journée du 9 novembre suite à un appel, circulant parmi les élèves, à se présenter dans l’établissement en “abaya ou robe longue”. “Finalement, il ne s’est rien produit de tel, affirme Mostafa Fourar, recteur de l’Académie de Toulouse. Les élèves ont bénéficié d’une intervention leur rappelant l’intérêt de la laïcité.
Depuis plusieurs mois, le rectorat, la préfecture et une cellule interministérielle se sont joints à la direction de l’établissement pour gérer les situations portant atteinte à la laïcité au lycée Bourdelle. “Nous avons créé une procédure visant à sanctionner de manière systématique mais graduée ce type d’atteinte“, ajoute le rectorat.
Jusqu’à aujourd’hui, une seule élève serait allée jusqu’au conseil de discipline avant de quitter l’établissement de son plein gré. “Ces signalements nous servent de leçon, explique Mostafa Fourar. Même si la situation est maîtrisée, nous restons vigilants.
Si les provocations verbales ne laissent aucun doute sur l’atteinte portée à la laïcité, la plus grande difficulté pour les établissements reste la gestion des tenues vestimentaires. Suite à la publication du rapport du ministère de l’Éducation et aux déclarations de Pap Ndiaye, les chefs d’établissement auraient demandé “des textes clairs, qui cadrent ce qu’est ou pas une tenue religieuse“, Audrey Chanonat, membre du syndicat des personnels de direction de l’Éducation nationale, citée par nos confrères de FranceInfo, afin d’anticiper toute contestation de la part des parents.
“Ce n’est pas au chef d’établissement d’être confronté à ce type de discussion-là. Aujourd’hui c’est ça qui nous met en difficulté, les textes ne sont pas suffisamment précis“, conclut-elle.

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