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Les voitures Autolib’ ne méritaient pas de partir à la casse. Quatre ans après leur retraite forcée, l’entreprise bretonne qui les reconditionne met en vente les ultimes exemplaires. L’occasion pour un particulier de rouler en électrique pour pas cher.
La plupart des Bluecar ex-Autolib’ ont échoué à Lorient, chez Autopuzz qui les reconditionne et les revend. Bonus et prime à la conversion arrivent à couvrir l’essentiel du prix d’achat d’une de ces biplaces électriques.
Été 2018. En ce 31 juillet prend fin le service Autolib’ de voitures électriques en libre-service. Quelques semaines plus tard, l’opinion publique s'émeut du spectacle désolant de ces Bolloré Bluecar laissées à l'abandon en plein air, stockées sur le parc de l’ancienne usine Matra à Romorantin-Lanthenay (41). Quel destin funeste attend ces petites autos électriques qui, bon gré mal gré, ont su trouver leur place dans le tissu urbain de la Capitale et des communes avoisinantes ?  
Elles sont laides, certes, souvent sales et déglinguées. Sans compter que leur batterie consomme une énergie folle. Mais ces Bluecar conçues par le Groupe Bolloré rendaient de fiers services à leurs abonnés.
Sont-elles alors vouées à la destruction ou bien à grossir les rangs de leurs congénères en service dans les flottes Bluely à Lyon et BlueCub à Bordeaux et Arcachon ? Sans oublier — mais c’est plus loin — BlueTorino à Turin, BlueRoma à Rome, BlueSG à Singapour, BlueLA à Los Angeles et BlueIndy à Indianapolis. Dans l’immédiat, le Groupe Bolloré se montre évasif. 
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Et puis très vite, une rumeur folle se met à circuler dans la presse : des camions déposeraient ces ex-Autolib' par groupe de neuf dans un centre de déconstruction et de recyclage situé dans le Loir-et-Cher.
Sous les articles de presse qui reprennent l’information, des lecteurs s’insurgent contre ce qui leur semble être un gâchis : “donnez-moi une de ces voitures, je saurais bien m’en satisfaire pour mes déplacements quotidiens”, pouvait-on lire en substance. Le sentiment général est qu’il semble inadmissible de mettre au rebut des voitures qui fonctionnent très bien.
Un entrepreneur lorientais partage cet avis. “Cela aurait été un désastre écologique de les mettre à la casse alors qu'elles pouvaient encore rouler des années”, estime Guillaume Ramirez, directeur de l'entreprise Autopuzz, spécialisée dans la réparation et la vente de véhicules neufs et d’occasion (36 millions de chiffre d’affaires en 2022).
Ce professionnel négocie alors le rachat de quelque 3.500 voitures Bolloré Bluecar (sur les 4.000 environ du service Autolib'), avec l’ambition de “leur offrir une seconde vie” en les reconditionnant et en les proposant à la clientèle des particuliers.  
Deux Bluecar de Bolloré, autrefois affectées au service d'autopartage Autolib' à Paris subissent une révision en règle et une remise en état dans les ateliers du Garage Cavarec, à Romorantin-Lanthenay (novembre 2018) Crédit : Image © Garage Cavarec
Sans négliger son activité principale de réparation et de négoce auto, Autopuzz est parvenu à remettre en état 3.200 de ces véhicules en l’espace de quatre ans, à raison “d’une trentaine d’heures de travail par voiture”. Elles ont trouvé preneur au rythme de “environ 800 par an, un chiffre fort et significatif pour une jeune société fondée en 2014”, auprès de particuliers qui cherchaient un moyen de transport réputé vertueux et économique, à défaut d’être élégant ou très logeable.
Les 180 derniers exemplaires — tous reconditionnés et prêts à prendre la route — ont été mis en vente par Autopuzz le 7 décembre 2022. Après ceux-là, il n’y en aura pas d’autre.
Voilà donc l’ultime occasion de s’offrir l’une de ces Bolloré Bluecar. Comptez 5.990 euros toutes taxes comprises pour un exemplaire dans sa livrée grise d’origine, ayant parcouru entre 70.000 et 100.000 kilomètres. Ou bien 7.490 euros TTC avec une nouvelle peinture appliquée par Autopuzz.
L’entreprise souligne “l’incertitude qui entoure le régime des primes en 2023” et rappelle qu’un particulier remplissant les conditions de revenus peut encore toucher une prime à la conversion d’un montant allant jusqu’à 5.000 euros, en sus du bonus écologique de 1.000 euros accordé à l’acheteur d’une électrique d’occasion. De quoi presque financer l’acquisition de la Bluecar reconditionnée par Autopuzz. 
Forcément, à ce prix-là, l’acheteur doit faire quelques concessions. La carrosserie en tôle d’acier inoxydable de la Bluecar et son intérieur tout-en-plastique portent les traces d’un usage intensif. “Pour tenir nos prix, une remise à neuf est proprement inenvisageable”, justifie Guillaume Ramirez, tout en soulignant que 80 points de contrôle garantissent au client le bon fonctionnement du véhicule. 
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Combien d’argent investi dans le reconditionnement de chaque véhicule ? Autopuzz élude la question en s’abritant derrière “la grande variété des états” dans lesquels les ex-Autolib' lui sont parvenues.
Certaines étaient tout juste bonnes à faire de la pièce, quand d’autres étaient encore fraîches d’aspect. “Le coût va de presque rien jusqu’au remplacement des sièges, de la carrosserie, du moteur, voire de la batterie principale”, explique Guillaume Ramirez qui est passé maître dans l’art de sélectionner les meilleurs composants pour composer une bonne voiture.
Parce qu’elle représente de loin l’organe le plus coûteux de la Bluecar, la batterie fait l’objet de soins particuliers. Et c’est tant mieux, car sa technologie particulière véhicule pas mal d’idées reçues. Mise au point par BatScap, département conception de Blue Solutions (société du Groupe Bolloré), la batterie à électrolyte solide LMP (pour lithium-métal-polymère) présente l’inconvénient notoire de se décharger en moins de trois jours si elle n’est pas raccordée à un chargeur.
Il existe un mode dit "hivernage" qui permet de laisser sa batterie débranchée au-delà de 60 heures, mais pour 4 mois seulement. Au-delà, l’électrolyte est réputé s’endommager.
Guillaume Ramirez se veut rassurant. “Nous suivons une procédure spécifique établie par BlueSolutions : mise en veille avec un taux de charge de 100 %, la batterie est réveillée dans les 3 mois, afin de rétablir son taux de charge et autoriser une nouvelle phase d’endormissement.” Et ainsi de suite, tant que dure la période d’immobilisation du véhicule. 
A ce compte-là, Autopuzz certifie que la batterie ne subit aucun dommage irréversible. Quoi qu’il en soit, les batteries sont “diagnostiquées suivant un processus bien particulier”, et celles qui ne répondent pas aux exigences sont retournées chez leur fabricant.
Groupe Bolloré Autolib
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