Prix galopants, loyers exorbitants pour des surfaces sans cesse réduites, jeunes professionnels contraints de retourner vivre chez leurs parents… De Buenos Aires à Melbourne, en passant par Berlin ou Dublin, le marché de l’immobilier s’emballe et rien ne semble pouvoir le freiner.
Dans le monde entier, la flambée des prix de l’immobilier anéantit les espoirs des populations de devenir un jour propriétaires de leur logement. Et leur mécontentement ébranle les gouvernements de toute obédience.
La pandémie ne fait qu’exacerber le problème. Celui-ci ne touche d’ailleurs pas que les aspirants propriétaires : les loyers aussi grimpent. La montée sans fin des prix de l’immobilier entraîne de graves inégalités face au logement. À tel point qu’aujourd’hui une génération entière risque de rester sur le bas-côté.
“C’est le cas à Londres, à Paris, à Rome et, malheureusement, de plus en plus souvent à Berlin. Des pans entiers de la société sont exclus de certaines parties de la ville parce qu’ils ne peuvent plus s’y payer un appartement”, reconnaît le maire de la capitale allemande, Michael Müller.
L’exclusion de larges parties de la population fait de la question du logement une nouvelle ligne de faille politique, une fracture aux répercussions imprévisibles. Aux yeux du responsable du syndicat allemand Ver.di, le loyer est même devenu au XXIe siècle ce que le pain fut dans l’histoire : un déclencheur d’insurrections.
Le monde politique imagine toutes sortes de solutions – plafonnement des loyers, taxation des propriétaires, nationalisation de propriétés privées, ou encore conversion de bureaux vacants en logements. Mais nulle part ne se dessine une solution simple ou durable.
Prenons l’exemple de la Corée du Sud : incapable d’endiguer la hausse de 90 % du prix moyen des appartements à Séoul depuis son entrée en fonction en mai 2017, le parti du président Moon Jae-in a subi une raclée aux élections municipales de cette année. Du côté de l’opposition, le principal candidat à la présidentielle prévue en 2022 [le conservateur Hong Joon-Pyo] met en garde le pays contre un possible effondrement du marché immobilier car les taux d’intérêt vont crescendo.
La Chine, elle, a mis en place cette année plusieurs mesures visant à encadrer le secteur immobilier, et on parle de plus en plus d’un impôt sur la propriété pour faire redescendre les prix. En juillet, le prix d’un appartement à Shenzhen, la Silicon Valley chinoise, représentait 43,5 fois le salaire moyen d’un habitant de la ville. À noter que ces disparités expliquent en partie pourquoi le président Xi Jinping insiste tant sur l’idée de “prospérité commune” [le nom d’un programme de redistribution annoncé par Xi Jinping le 17 août].
De l’autre côté du Pacifique, au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau a promis d’interdire l’achat de maisons aux non-résidents pendant deux ans s’il était réélu.
Sur toute la planète, sous l’effet de la pandémie – avec des taux d’intérêt ultrabas, une production de logements atone, une modification des dépenses des ménages et la raréfaction des logements mis en vente –, les marchés immobiliers battent des records depuis dix-huit mois. S’il s’agit d’une aubaine pour les propriétaires, c’est une calamité pour ceux qui aimeraient le devenir.
Nous sommes face à “un phénomène majeur que l’on ne peut ignorer”, écrit Don Layton, ancien PDG du géant américain du crédit hypothécaire Freddie Mac, dans une note rédigée pour le Joint Center for Housing Studies de l’université de Harvard. Aux États-Unis, où le prix nominal des logements [c’est-à-dire leur prix d’achat effectif] est déjà de plus de 30 % supérieur à son précédent pic au milieu des années 2000, les politiques visant à rendre les logements plus abordables et à promouvoir l’accès à la propriété risquent de ne faire qu’affoler encore davantage les prix et de laisser les aspirants primoacquéreurs sur le carreau, prévient-il.
Résultat : aux États-Unis comme ailleurs, le fossé générationnel se creuse entre d’une part les baby-boomers, qui ont statistiquement plus de chances de posséder leur logement, et de l’autre les milléniaux et la génération Z [les personnes nées entre 1997 et 2011], qui voient partir en fumée leurs rêves de devenir un jour propriétaire de leur logement.
L’important endettement des ménages lié au logement pourrait même être en train de faire le lit de la prochaine crise économique, si le coût du crédit commençait à augmenter. Niraj Shah, de Bloomberg Economics, s’est penché sur les pays les plus menacés par une bulle immobilière. Selon lui, les systèmes d’évaluation des risques envoient des signaux d’alerte avec une force jamais vue depuis les prémices de la crise financière de 2008.
Dans leur quête de solutions, les gouvernements doivent faire leur possible pour ne pénaliser ni les locataires ni les propriétaires. Une tâche des plus délicates.
En Suède, en juin, le gouvernement est tombé parce qu’il avait proposé de laisser le marché jouer un plus grand rôle dans la détermination des loyers, tournant le dos au traditionnel contrôle des prix.
À Berlin, la Cour constitutionnelle a invalidé la loi de plafonnement des loyers promulguée par la municipalité. Mais des militants qui avaient rassemblé suffisamment de signatures ont demandé la tenue d’un référendum sur la saisie de logements appartenant à de grands propriétaires privés. Et la municipalité a récemment annoncé que, dans le but d’augmenter l’offre, elle allait acheter près de 15 000 appartements à deux grandes sociétés immobilières pour la somme de 2,46 milliards d’euros.
Anthony Breach, du groupe de réflexion [britannique] Centre for Cities, voit même un lien entre la situation sur le front du logement et le vote du Brexit en 2016. Les inégalit
Alan Crawford et al.
Lire l’article original
Logement. À Berlin, les loyers explosent (et le pire est à venir)
Irlande. Take Back The City, le collectif qui lutte contre la crise du logement
Interdictions. Pour freiner la flambée de l’immobilier, les Pays-Bas s’en prennent aux investisseurs
Tendance. Immobilier : au Portugal, les acheteurs étrangers de plus en plus nombreux
Bloomberg.com est le média en ligne de Bloomberg, le groupe américain d’informations financières et économiques créé par l’ex-trader et milliardaire Michael Bloomberg, qui a connu le succès grâce à ses terminaux connectés aux bases de données financières et boursières.
En 1990, avec l’installation de son millième terminal, Bloomberg lançait sa filiale Bloomberg Business News, qui ne comptait alors que six journalistes. Aujourd’hui, Bloomberg News est une galaxie médiatique revendiquant 2 700 journalistes publiant “5 000 articles par jour dans 120 pays”.

Bloomberg.com couvre l’actualité économique à travers ses illustres rubriques, Markets (économie), Tech (technologie), Politics (politique) et Wealth (un guide des finances personnelles), mais s’intéresse aussi à la culture ou au style via sa rubrique Pursuits, à la ville (CityLab) ou encore au climat (Green). Le site permet aussi d’accéder à la déclinaison numérique de l’hebdomadaire papier Business Week (racheté en 2009).
Depuis 2018, la nouvelle version de Bloomberg.com, accessible derrière un paywall, ne permet à ses utilisateurs que la visualisation de 10 articles gratuits par mois.
 
Guerre en Ukraine. À l’ONU, la Chine s’oppose à l’indemnisation de l’Ukraine par la Russie
Vidéo. Rencontre tendue entre Justin Trudeau et Xi Jinping au G20, à Bali
Navarre. Le plus ancien texte en langue basque découvert sur la “main d’Irulegi”
Vidéo. Coupe du monde 2022 : à Doha, des journalistes danois empêchés de filmer et menacés

source

Catégorisé: