La société vendéenne Hoffmann Green Cement Technologies a signé, coup sur coup, un partenariat avec Bouygues Immobilier, et un projet de troisième unité de production de son ciment bas carbone, à réaliser sur le port de Dunkerque.
Par Christophe Palierse
Hoffmann Green Cement Technologies relève de moins en moins de la jeune pousse engagée dans la décarbonation du secteur de la construction . Créée en 2014, l'entreprise vendéenne accélère son développement avec la signature d'un partenariat avec Bouygues Immobilier, et d'un projet de troisième unité de production de son ciment bas carbone sur le port de Dunkerque.
Le partenariat avec Bouygues Immobilier conclut quatre opérations pilotes menées par le promoteur immobilier dans l'ouest de la France avec du béton à base du ciment décarboné conçu par la PME vendéenne. « C'est la première étape d'une longue aventure. Hoffmann nous offre un levier clef dans notre stratégie bas carbone, souligne le directeur de l'Ingénierie de Bouygues Immobilier, Edward Woods. Hoffmann a créé le premier ciment sans clinker au monde à être validé par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB). Son empreinte carbone est cinq fois moindre qu'un ciment classique. »
Le ciment traditionnel est un produit très carboné car constitué d'un mélange de calcaire, d'argile et d'oxydes métalliques cuit à environ 1.450 degrés. Le résultat de cette cuisson, qui libère le carbone du calcaire, est appelé le clinker. Résultat, une tonne de ciment classique émet environ 881 kg de CO2. Or Hoffmann Green a développé un ciment ayant les mêmes propriétés en termes de résistance physique mais sans calcaire ni combustion. Son procédé repose sur l'activation à froid, grâce à des composants chimiques, d'un mélange d'argile, de gypse et de laitier – soit des déchets de hauts fourneaux de la sidérurgie.
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A ce stade, Hoffmann Green, qui bénéficie d'un avis technique expérimental – la publication de l'avis technique en bonne et due forme ne devrait pas tarder -, semble posséder une longueur d'avance. En soulignant l'avancée, certains experts pointent néanmoins que l'élément d'origine sidérurgique est de facto sa limite : le laitier, utilisé de longue date dans la fabrication du ciment, échappe, pour l'instant, à la comptabilité administrative du carbone en France , une anomalie sur le plan européen. En outre, la décarbonation impérative de la sidérurgie européenne et/ou son déclin toujours plus prononcé conduirait à terme à la raréfaction du laitier.
« C'est un bon matériau qui pour nous s'ajoute à d'autres leviers bas carbone comme les matériaux biosourcés comme le bois, le chanvre, la paille, ou géosourcés comme la terre crue ou la pierre naturel, commente Edward Woods. Son usage va monter crescendo. Techniquement, il est déjà possible de réaliser un bâtiment complet. Hoffmann entre dans le métier de cimentier et sa production correspond à nos besoins. »
Hoffmann vient aussi d'obtenir une autorisation d'occupation temporaire de quarante ans sur le port de Dunkerque afin de construire un troisième site de production. Cette unité d'une capacité de 250.000 tonnes par an, qui représente un investissement de l'ordre de 22 millions d'euros, sera la réplique de la deuxième, située en Vendée. Elle sera opérationnelle en novembre prochain.
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Au total, Hoffmann Green Cement Technologies portera sa capacité de production annuelle à 550.000 tonnes au premier semestre 2024 (la production nationale de ciment dépasse les 16 millions de tonnes). « On est conforme à notre plan de marche de 2019, lors de notre introduction sur le marché Euronext Growth », souligne le cofondateur et président du directoire, Julien Blanchard. Cette troisième unité de production permettra de couvrir le nord de la France, le Bassin parisien, et le Benelux, précise-t-il.
Christophe Palierse
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