Publié le 01/06/2020 à 08h00
Maud Turcan
En pénétrant dans la cour d’honneur du château de Saint-Saturnin, à une vingtaine de kilomètres au sud de Clermont-Ferrand, impossible de ne pas rêver à la vie de conte de fée qu’on mènerait dans cette magnifique bâtisse du XIIIe siècle agrandie et embellie à la Renaissance. De la salle royale décorée de tentures et de tapisseries du XVe siècle, on accède à une terrasse qui surplombe un vaste jardin entretenu avec soin. Ça et là, des bancs permettent au promeneur de s’offrir une parenthèse hors du temps.

Dans ce décor majestueux, c’est pourtant une tout autre histoire que raconte Emmanuel Pénicaud. Propriétaire des lieux depuis quatorze ans, cet amoureux du patrimoine tire la sonnette d’alarme. En raison de la crise sanitaire, il a vu ses réservations s’annuler les unes après les autres pour les réceptions et autres séminaires. Pareil pour ses cinq chambres d’hôtes qui représentent 60 % de son chiffre d’affaires.

« Le monde a changé. Nous ne sommes pas des châtelains mais des propriétaires qui gèrent de façon professionnelle un patrimoine en s’y dédiant à 100 %. On estime l’impact du Covid à 120.000 € sur notre chiffre d’affaires annuel de 250.000 € qui, habituellement, est investi à 100 % dans l’entretien du bâtiment et des jardins », résume-t-il.
Une situation catastrophique pour celui qui fut président de la Route historique des Châteaux d’Auvergne durant six ans. Crise oblige, il a dû limiter le recours à la sous-traitance – pour l’entretien du parc par exemple – et retarder l’embauche de saisonniers pour les visites guidées et le ménage. Mais puiser dans la trésorerie pour payer les charges fixes et poursuivre l’entretien indispensable du site classé Monument historique en 1889, ce qui pourrait l’empêcher de mener à bien les travaux prévus cet hiver sur la terrasse nord.
« En venant chez nous, les gens ne découvrent pas un musée mais un lieu ancien qui vit. La pérennité du patrimoine a de multiples enjeux, historiques, culturels mais aussi économiques. »
Emmanuel Pénicaud (empty)
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C’est d’ailleurs l’un des arguments de l’association La demeure historique et des Audacieux du patrimoine, réseau professionnel de propriétaires gestionnaires de monuments historiques, dont Emmanuel Pénicaud fait partie : « Grâce à la création d’emplois directs et indirects, non délocalisables, et aux retombées locales, les propriétaires gestionnaires de monuments historiques sont les acteurs socio-économiques incontournables de leur territoire respectif, majoritairement rural. Avec la réouverture de ces lieux, l’économie locale sera relancée (artisans, commerçants, saisonniers…) »
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Avec les récentes annonces du Premier ministre, Emmanuel Pénicaud espère voir son activité redémarrer mi-juin. Mais pas question de transiger avec les mesures sanitaires et les gestes barrières. « Les visites seront adaptées et certaines pièces trop petites ne seront peut-être pas accessibles. L’escape-game, imaginé pour développer les activités du site, sera limité et uniquement sur réservations. Pour les chambres d’hôtes, nous avons dû inventer des solutions et nous avons choisi de privatiser les séjours. Concrètement, les gens peuvent réserver une, deux ou trois chambres, dans la limite de dix personnes et ils sont seuls dans nos murs », détaille Emmanuel Pénicaud.
Ce nouveau fonctionnement ne sera pas sans conséquences au niveau du chiffre d’affaires, mais il permettra à ce propriétaire d’ouvrir le site pour partager sa passion. Et c’est bien là l’essentiel.
 
Texte : Maud Turcan
Photos : Fred Marquet et Franck Boileau
2 commentaires
nicolac a posté le 02 juin 2020 à 06h58
chris 63: l’exemple doit venir d’en haut. Les oligarques baignent dans la corruption, se goinfrent et se moquent de sans dents. Pourquoi le peuple devrait payer la note quand 1% de la population à la quasi totalité des richesses?? 500 fortunes de France… peuvent pas mettre la main à la patte???
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Chris 63 a posté le 01 juin 2020 à 09h38
Tous les corps de métier sont impactés par cette maudite maladie, chacun critique nos dirigeants et gouvernants, mais tous demandent à être aidés. Quand tout va bien, on fait un maximum pour payer le moins d’impôts possible, mais on pleure publiquement après…. Ça peut laisser songeur….
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