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Camions éventrés, marchandises et fonds de caisse volés: certains professionnels qui stationnent au parking de la gare du Sud font les frais d'actes malveillants. Q-Park se défend.
Un gros cadenas est accroché sur la porte arrière de son camion. Il y a aussi un antivol en forme de U. Carine, maraîchère de La Libération prend désormais ses précautions. Elle a dû investir à hauteur de 150 euros pour protéger son véhicule qui abrite sa marchandise.
“La semaine dernière, il a été vandalisé trois fois. J’ai retrouvé des légumes partout au sol. D’autres ont vu leurs vitres brisées ou leurs fonds de caisse volées. Il y a même eu un camion brûlé”, raconte la pétillante quadra qui a commencé à bosser à 15 ans aux côtés de son papa, Jean-Paul, décédé en 2018. C’était d’ailleurs le camion de son père… Alors, il y a une valeur sentimentale. Mais, à quelques pas de la criée des poissonniers, c’est la colère qui prend le dessus.
Son camion – comme ceux de nombreux maraîchers de la Libé – est stationné dans le parking privé Q-Park de la gare du Sud. Et, encore récemment, dans la nuit de mercredi à jeudi, trois véhicules de maraîchers ont été forcés.
Facture à l’appui, la Niçoise embraye: “Je paye 183 euros par mois pour un parking surveillé, mais il n’y a personne, notamment la nuit parce que la personne en charge de surveiller tourne sur les autres parkings gérés par cette société“. Le 13 octobre, elle a écrit au service client. Pas de réponse.
Carine est loin d’être la seule concernée.
Près du parvis de la gare du Sud, celui qui est aussi passé à l’offensive s’appelle Georges. Ce spécialiste du bio a déposé une préplainte en ligne.
“Ça s’est vraiment intensifié depuis quelque temps, on a l’impression qu’ils passent toutes les nuits dans le parking. Et si ce n’est pas mon camion qui est fracturé, c’est celui du voisin. Et pourtant, le parking est truffé de caméras“, déplore le professionnel qui, lui aussi, règle 183 euros par mois pour son abonnement du lundi au dimanche, jour et nuit.
Derrière son étal, Jonathan, lui aussi raconte la fois où il a retrouvé son camion éventré. Une caisse de mangues, une autre de pommes avaient disparu et “rien qui ne se passe“. Et, tout au long des étals, beaucoup témoignent et ont dans le viseur “des gamins qui s’ennuient après l’école”.
Du côté de Q-Park, cette problématique semble être bien connue (lire ci-dessous). Une des explications du responsable du parking? “L’insécurité de tout un quartier“.
Alors, en attendant que ça bouge, quelques maraîchers se réservent le droit de monter la garde eux-mêmes la nuit. “La France qui se lève tôt ne se couchera pas“, formule un primeur.
“Le parking géré par Q-Park, est un lieu privé. Il est de la responsabilité du gestionnaire d’assurer la sécurisation à l’intérieur du parking, notamment avec la présence d’agents de sécurité ou la mise en place de systèmes d’entrées et sorties sécurisées“, affirme la municipalté. “La police municipale patrouille tous les jours à proximité du parking, dans ce quartier de centre-ville pour assurer la sécurité des Niçois. Il est d’ailleurs situé à côté du départ des rondes des policiers. Depuis le 1er janvier, la police municipale a notamment interpellé des individus et dressé plus de 700 contraventions“, poursuivent les services de la Ville.
Sollicité, le responsable du site Q-Park a tenu à donner sa version des faits. “Je ne gère pas seulement le parking de la gare du Sud mais celui de Notre-Dame, de l’Arenas, de l’hôpital Pasteur et de l’Atoll Beach à Saint-Laurent-du-Var. Je sais ce que les maraîchers subissent. Ce n’est que sur ce parking que j’ai cette problématique. Au niveau des frais, c’est celui qui me coûte le plus cher“.
“Mon parking, c’est Alcatraz”
Et de renvoyer la patate chaude à d’autres: “Le problème de la gare du Sud, c’est l’insécurité qui y règne. Moi, je suis en sous-sol et en surface, je ne peux pas être responsable. Mon parking, c’est Alcatraz, il est verrouillé de partout ! Ce n’est pas un climat de grand banditisme mais il s’agit de petite délinquance qui irrite. Notre société a alerté le procureur de la République.“
Le responsable l’assure: “J’ai essayé de travailler avec tous les acteurs. La police nationale, municipale, les anciens propriétaires de la gare du Sud, le syndic Foncia qui gère les habitations au-dessus du parking. Nous avons eu une réunion il y a huit mois. Il faut que tous les acteurs soient concernés.“
Et de marteler: “Q-Park à lui tout seul ne pas résoudre le problème d’insécurité de tout un quartier. C’est un phénomène de société que les collectivités locales. Il faut mutualiser les efforts. Ce qui nous manque, c’est une police de proximité.“
Problème : la police municipale est en mesure d’assurer la sécurité sur la voie publique et n’est pas habilitée à mettre un pied dans un site privé, comme peut le rappeler la Ville (lire ci-dessus).
Quel est le système en interne ?
Quel est réellement le dispositif de sécurité assuré au sein du parking? “Il y a quelqu’un qui fait une ronde trois fois dans la nuit. Le parking est surveillé H 24. Dès que la personne constate un intrus dans le parking, elle contacte une entreprise de sécurité qui est en mesure d’intervenir dans les dix minutes. Souvent, nous avons affaire à des gosses et même pendant la journée, on leur court après“, assure le responsable.
Un vigile permanent présent chaque nuit? “En haute saison – de juin à août – il y a un agent de sécurité la nuit. Et malgré cela, nous n’avons pas résolu le problème. Ce ne sont que les autorités régaliennes qui peuvent intervenir.”
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