Réunis en séance plénière ce jeudi 24 novembre, les élus de Bordeaux Métropole ont constaté les limites de leur politique en matière de logement. Le programme local de l’habitat prévoit la construction de 7 500 logements neufs par an, mais année après année, il est systématiquement en dessous de ses objectifs (de 35 % en moyenne). Décalage encore plus criant en matière de logement social : il faudrait en construire 3 000 par an pour résorber la liste d’attente (42 000 demandes non satisfaites). Or, 1 625 logements sociaux ont été livrés en 2021 et 1 936…
Réunis en séance plénière ce jeudi 24 novembre, les élus de Bordeaux Métropole ont constaté les limites de leur politique en matière de logement. Le programme local de l’habitat prévoit la construction de 7 500 logements neufs par an, mais année après année, il est systématiquement en dessous de ses objectifs (de 35 % en moyenne). Décalage encore plus criant en matière de logement social : il faudrait en construire 3 000 par an pour résorber la liste d’attente (42 000 demandes non satisfaites). Or, 1 625 logements sociaux ont été livrés en 2021 et 1 936 devraient l’être cette année. « On sait tous que la situation est mauvaise, il est difficile d’accepter que nous soyons parmi les mauvais élèves en France », résume le président de la Métropole, Alain Anziani, maire PS de Mérignac.
La machine à produire du logement s’est grippée en 2019, à l’approche des élections municipales de 2020, qui ont placé les élus face à l’hostilité de certains habitants devant les projets immobiliers. Elle ne s’est jamais réellement relancée depuis. Pendant ce temps, plusieurs facteurs ont aggravé la pénurie : l’attractivité soutenue de l’agglomération, la décohabitation des jeunes et le rythme des séparations. La Métropole n’arrive pas à suivre le tempo. Un autre facteur noircit le tableau : la raréfaction du foncier disponible, avec la fin des grandes opérations d’aménagement (Bordeaux nord, Bastide, Euratlantique…) héritées de l’ère Juppé.
Maire PS d’Eysines et vice-présidente de la Métropole, Christine Bost doit travailler pour 2023 sur la notion de « métropole à vivre ». Le contexte est le suivant selon elle : « Comment faire pour que notre territoire reste agréable à vivre, qu’il n’y ait pas d’opposition entre les habitants déjà installés et les autres, les nouveaux qui arrivent. » Comment faire, également, quand la population augmente mais que la réglementation rend la construction de plus en plus difficile. « Nous vivons un grand changement sociétal », ajoute Christine Bost, avec des élus locaux coincés entre les besoins de construction et les mesures limitatives, comme la « ZAN » (zéro artificialisation nette). Elle propose une grande réflexion, associant tous les acteurs de la filière, une démarche qui « fasse sens », avec les élus, « des écologues, des philosophes »…
Fabienne Helbig (Talence, Renaissance) la met en garde : « On s’interroge sur l’opérationnalité de tout cela. Quelles sont les modalités ? Développer une culture commune, d’accord, mais il faut aussi agir. Les gens attendent de nous qu’on agisse, qu’on donne des perspectives concrètes. »
Le communiste Olivier Escots dénonce de son côté « les logiques de marché qui ne permettent pas de répondre aux objectifs », et fustige « les égoïsmes qui peuvent s’opposer à la densification ». D’autres élus mettent en cause le rôle de l’État. « Chez moi, il n’y a pas de problème de foncier, de prix, d’accessibilité, mais d’ingénierie pour faire du social, et ça, c’est le problème de l’État, explique le maire LR de Saint-Aubin-de-Médoc, Christophe Duprat. La vraie difficulté – je l’ai dit à la préfète qui n’était pas contente – ce sont les services de l’État. Ils doivent nous faciliter la vie, pas la compliquer. À Saint-Aubin, 85 % des logements sont pour des familles qui décohabitent, comment répondre ? Vous trouvez qu’il est normal de prendre sept ans pour faire aboutir un projet de logement social, d’en bloquer un parce que l’architecte s’est trompé de 10 cm ? Si l’État ne nous aide pas en facilitant nos dossiers, les services métropolitains aussi, qu’ils soient moins tatillons, on ne construira plus vite. »
À Gradignan, le maire Michel Labardin (groupe Métropole Commune(s), droite et centre), dresse, lui, un constat sévère : « La situation ne se redresse pas, la dégradation continue, c’est inquiétant. L’État nous a appelés à l’aide, le volontarisme ne manque pas, mais la volonté ne suffit pas. Les maires ne veulent plus autant de densité, les habitants aussi. On parle de constructions massives, mais personne n’a envie d’être massifié. »

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