Christian Curel, président du Syndicat des Fabricants Français de Masques (F2M) et de la société Prism basée à Frontignan (Hérault) tire la sonnette d'alarme. Les grands acheteurs préfèrent importer des produits chinois pour son prix en dépit du vœu gouvernemental de souveraineté industrielle. Explication.
Après avoir été d’une importance stratégique dans la lutte contre le Covid, la filière du masque 100 % fabriqué en France est en grand danger de disparition. Loin des promesses gouvernementales de souveraineté dans ce domaine stratégique, l’ensemble des acteurs, qui se sont développés durant la crise sanitaire, est en grande souffrance. Surtout depuis le 31 juillet dernier, date à laquelle le masque n’est plus devenu obligatoire.
Toute la filière française subit un énorme contrecoup et doit réduire la voilure avant un dessein bien pire. La Coop des masques en Bretagne a été placée en liquidation judiciaire en octobre ; l’usine de masques de Ploufragan dans les Côtes-d’Armor fait appel au chômage partiel, le groupe Komi-Hopen dans le Maine-et-Loire, réduit drastiquement sa production, tout comme Dräger sur son site d'Obernai qui annonce le licenciement des salariés…
La liste est malheureusement très longue et le président du Syndicat des Fabricants Français de Masques (F2M), Christian Curel, par ailleurs président de la société Prism basée à Frontignan (Hérault), tire la sonnette d’alarme : "L’ambition de créer une filière assurant l’indépendance sanitaire de la France est compromise", dit-il depuis le salon Medica à Düsseldorf (Allemagne).
La faute incombe aux acheteurs publics et privés. Lesquels n’appliquent pas le principe de préférence européenne et se tournent à nouveau vers les importateurs chinois, dont les masques sont deux fois moins chers. De deux centimes par unité contre 4, en moyenne, pour les masques français. "La clause inclut l’empreinte environnementale et limite le poids du critère du prix, mais dix mois après sa mise en place, on est très loin du compte", assure le président du syndicat.
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Même si certains à l’instar du CEA, de La Poste, Pierre Fabre ou le Crédit Agricole qui n’achètent que Français, seulement 14 % des appels d’offres dans le "non-santé" appliquent la clause. Bilan, "pour continuer à vendre, les fabricants français ont tous baissé leur prix, parfois à perte ou sans marge. Un dumping qui ne pourra durer longtemps", regrette Christian Curel.
À Frontignan, la société Prism qui est désormais seule sur le pourtour méditerranéen a dû elle aussi réduire ses prix et sa production. Jérôme Yvanez, directeur de la société concède que la ligne de production a dû passer de 8 à 4 personnes : "On essaie de maintenir au maximum notre activité après un excellent semestre 2022 mais on brûle du cash chaque jour et les perspectives sont très inquiétantes".
Pour faire face, l’entreprise occitane se diversifie : blouses, charlottes, surchaussures… et vise tous les secteurs dont celui, très porteur, de l’agroalimentaire : "Mais on fait de la qualité on ne veut pas brader nos produits. On cherche la pérennité mais on ne tiendra pas longtemps", poursuit le directeur. Surtout si les grands acheteurs comme l’Armée, la police de Paris, la Région Hauts-de-France ou certains grands hôpitaux continuent de s’approvisionner en Chine. "Quand vous achetez un masque en France 70 % de sa valeur est redistribuée dans le pays. Et d’autres pandémies auront lieu. Quand elles surviendront, on retrouvera cette dangereuse dépendance à la Chine".
Le débat est posé. Le courrier de F2M a le Président Emmanuel Macron comme destinataire. Il attend sa réponse.  
L’appel d’offre de Santé Publique France concernant le stock stratégique a été publié. Les réponses des candidats sont attendues pour ce mardi 15 Novembre. Le stock stratégique répond à deux objectifs : l’approvisionnement des structures en cas de nouvelle pandémie, le temps que les industriels montent en charge "mais cela ne sera possible que s’il reste suffisamment d’usines en fonctionnement, même avec des capacités réduites", note Christian Curel. Mais aussi un soutien à la filière, pour assurer un minimum d’activité à un maximum de fabricants "vertueux".
Malheureusement, il n’a pas été décidé de prix cible. "Il est hautement probable que, dans ce cadre, un dumping soit fait par plusieurs sociétés qui vendront à perte ou sans marge", regrette Christian Curel. Réponse sous peu !
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Et pourtant , le pays le plus beau , c'est Frontignan dans l'Hérault.
Il faudrait imposer aux hôpitaux publics qui vivent denos taxes et impôts d'acheter français pour ce type de produit.
Le président n'avait-il pas visité une usine de fabrication???

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