Notre enquête avance et la carte "se remplit"… Au moins 470 communes n'ont pas rouvert leurs écoles cette semaine dans l'Aisne, l'Oise et la Somme. Avec un record dans l'Oise où 52% des maires ont pris un arrêté de fermeture jusqu'à nouvel ordre. On est loin des chiffres affichés nationalement.
C’est un sujet qui semble tabou en Picardie. Personne ne parvient à répondre à cette question au centre des préoccupations : “Combien de communes rouvriront-elles leurs écoles dans l’Aisne, l’Oise et la Somme cette semaine ?”



Au niveau national, pourtant, la situation semble sans équivoque : “Plus de 90% des communes vont ouvrir leurs écoles cette semaine”, annonçait ce lundi 11 mai le ministre de l’Education nationale sur les réseaux sociaux.

 
À ce jour (17 mai), ils sont donc au moins 470 maires picards à ne pas rouvrir leurs écoles pour le moment (en rouge et en orange sur notre carte). Et au moins 296 qui ont pris la décision d’accueillir à nouveau des élèves dans leurs écoles dès cette semaine (en vert sur notre carte)



Si nous écrivons pour les deux catégories “au moins 470” et “au moins 296″, c’est parce que ces deux nombres ne peuvent que varier à la hausse. En effet, malgré plusieurs jours d’”enquête”, nous ne sommes parvenus à recueillir les données “que” pour 766 des 1182 communes qui possèdent au moins une école en Picardie.



C’est tout de même suffisant pour affirmer que plus de 39% des maires picards ont pris la décision de ne pas rouvrir leurs écoles cette semaine. Et donc que moins de 61% des communes vont pouvoir accueillir à nouveau des élèves cette semaine dans l’académie d’Amiens. C’est bien en deçà des “90%” espérés il y a une semaine par la rectrice Stéphanie Dameron et annoncés au niveau national ce lundi 11 mai par le ministre Jean-Michel Blanquer. Et c’est peut-être pour cela que l’Académie d’Amiens “n’est pas en mesure de communiquer sur le sujet”.
D’autant que dans l’Oise, on atteint des records. Et pour ce département au moins, le rectorat dispose bien de chiffres détaillés, commune par commune. Nous en avons maintenant la confirmation.



Lundi 11 mai, lors d’une visioconférence avec des représentants de l’association des maires de l’Oise, la directrice académique des services de l’Education nationale a affirmé : “268 communes (ndlr : sur 518) ne rouvriront pas leurs écoles dans l’Oise. 218 maires ont pris un arrêté de fermeture jusqu’à nouvel ordre et 50 autres en ont informé le Préfet par courrier».



Dans l’Oise, 52% des maires sont donc opposés à une reprise de l’école dans l’immédiat. Une partie d’entre eux n’envisage même pas une réouverture avant septembre. Une situation qui s’explique notamment par la volonté des municipalités de ne prendre aucun risque dans un département qui fut le premier foyer de l’épidémie du Covid-19 en France, et qui est toujours classé rouge sur la carte du déconfinement. A l’échelon de la Picardie, ce sont au moins 34% des maires qui ont pris cette décision de fermeture de leurs écoles jusqu’à nouvel ordre.

 
À la fois confrontés à la crainte de voir leur responsabilité pénale mise en cause en cas de contamination d’un élève, et à la difficulté de répondre aux consignes sanitaires très strictes, de nombreux maires ont décidé de jeter l’éponge. A l’image de Christophe Dietrich, maire (DVD) de Laigneville, qui fustige le protocole de 54 pages édicté par le ministère de l’Education nationale : “Toutes ces précautions sanitaires, c’est du grand délire ! Rouvrir l’école, c’est une impossibilité technique, humaine et matérielle”.



Une position partagée par de nombreux édiles en Picardie, et résumée par Jean-Claude Billot, le président de l’association des maires de la Somme : “On a tous envie de rouvrir nos écoles, sur le papier, tout parait simple, mais dans la réalité tout est compliqué voire impossible à mettre en œuvre”.
« Il faut apprendre à vivre avec le risque »
Malgré toutes les contraintes, certains maires ont eux décidé d’ouvrir leurs écoles dès cette semaine (en vert sur notre carte). C’est le cas par exemple à Longueil-Sainte-Marie, dans l’Oise, où le maire Stanislas Barthélémy (LREM) voit cette rentrée du 12 mai comme une opportunité : celle d’une répétition générale avant une rentrée massive en septembre prochain. “Il faut apprendre à vivre avec le risque, le fuir n’est pas la solution. Je préfère ajuster mon dispositif maintenant que de me retrouver en septembre avec les 200 élèves de l’école élémentaire sans qu’aucune solution concrète n’ait été trouvée, ce serait catastrophique.”



Confrontés à un véritable dilemme, les maires font donc ce qu’ils peuvent, avec les moyens qu’ils ont. Certains “attendent pour voir”. Plusieurs communes picardes ont ainsi préféré reporter le retour des élèves d’une voire plusieurs semaines (en orange sur notre carte), comme à Montataire dans l’Oise où le maire ne pouvait pas “envisager organiser une rentrée scolaire en quelques jours”.



Jean-Pierre Bosino (PCF), “attaché au retour des enfants à l’école mais pas à n’importe quel prix” a donc décidé de reporter la rentrée au 25 mai, pour les élèves de la grande section au CM2, mais seulement les lundi, mardi et jeudi : ” Le vendredi sera consacré à l’enseignement à distance et au grand nettoyage des écoles. Les trois autres jours, toutes les classes seront divisées en 2 groupes, accueillis une semaine sur deux” 



Face à cette situation inédite et complexe, “c’est partout du sur-mesure”, explique Pierre-Jean Verzelen, le président de l’union des maires de l’Aisne. “Il y a autant de cas particuliers que de communes. Et le problème se pose particulièrement en milieu rural où le moindre problème de ressources humaines oblige à laisser l’école fermée.”





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Aisne (74 communes)

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