Permaculture et Écovillage Global
le 19 novembre 2021

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Décompte minutieux des diverses populations d’insectes dans des haies, analyse de la biodiversité, relations entre les cycles de vie de chaque espèce et leur présence à l’époque de l’étude
Cette étude vient en complément à la revue Passerelle Eco n°77 sur le thème des haies fruitières et des jardin forêts

Contexte de l’évaluation :
 La première haie (Haie de Montesquieu) est toujours constituée d’une alternance d’arbres fruitiers et d’arbustes par groupe de 4, dont la majorité sont des noisetiers (58 %), viennent ensuite pour 15 % des cognassiers et néfliers et enfin 12 % de cerisiers acides.
 La seconde haie (Haie de Laas) est bordée d’un côté par une vigne et un champ. Elle est constituée d’une alternance d’arbres fruitiers et d’arbustes par groupe de 3. De taille plus modeste, elle compte, par contre, plus de variétés fruitières arbustives différentes : Malus, noisetier, néflier, cognassier, figuier, Ste Lucie, grenadier et prunier Ferlenain. La majorité des arbres implantés dans les arbustes sont des cerisiers et des pommiers en alternance. Cette haie se trouve au milieu du verger du conservatoire près du Château de Laas.
 La troisième haie (Haie d’Etouars), est constituée d’une alternance d’arbres fruitiers et d’arbustes par groupe de 4, qui sont pour 1/3 des cognassiers, viennent ensuite pour 21 % de noisetiers, 16 % de cerisiers acide et de prunus mahaleb et 12 % de néfliers. Elle est située au centre du petit village d’Etouars et est bordée d’un champ et du jardin d’une propriété privée.

Méthodes culturales pour les trois haies :
Du BRF et les déchets de taille sont déposés au pied de ces trois haies. Aucun traitement chimique n’a été fait depuis leur plantation. Les arbres et arbustes de la haie ne reçoivent aucune protection phytosanitaire.
Méthode de comptage :
Le comptage a été effectué en une journée par site à la fois sur les arbustes et les arbres constituant la haie et ne se veut être qu’une photographie instantanée des espèces d’arthropodes rencontrées dans les végétaux de ces haies à un instant donné de la saison.
Deux systèmes de comptage ont été utilisés :
 Observations directes qualitatives et quantitatives simples sous forme de classe sur le feuillage, avec prélèvement si nécessaire et photographies
 Frappage et récupération sur un drap blanc au pied des groupes d’arbustes avec prélèvement si nécessaire et photographies.
Résultats et commentaires :
 Ravageurs observés :

Malgré la présences de ces ravageurs, les arbres insérés dans les haies d’arbuste étaient très peu touchés et très sains. Nous n’avons observé que quelques tigres sur quelques pommiers et poiriers.
 Auxiliaires observés :
Haie de Montesquieu : 145 auxiliaires sur les 50 relevés faits. Comme les années précédentes, Il y a une grande majorité de prédateurs et quelques espèces de parasitoïdes appartenant au groupe des Aphididae. Les parasitoïdes sont spécifiques des pucerons et les prédateurs sont plus polyphages.

Les auxiliaires naturels présents et observés sont répartis entre les araignées (22 espèces différentes), les coléoptères représentés principalement par la coccinelle chinoise Harmonia axyridis, les Micro-hyménoptères, les punaises représentées principalement par des nymphes de Deraeocoris ruber mais aussi par Orius sp., les diptères (syrphe et Cecidomyiidae sous représentés les années précédentes sur ce site) : 12 individus observés cette saison, les sauterelles et les chrysopes.
Les araignées sont largement majoritaires qualitativement et quantitativement. On les trouve principalement sur les noisetiers et sur les néfliers qui est, cette fois, l’essence la plus riche en auxiliaires de la haie. Elles sont présentes dès le début de saison même si les conditions climatiques et de nourriture ne sont pas tout à fait optimales. Moins sensibles aux températures fraîches du printemps, elles jouent un rôle important dans la limitation des ravageurs en hiver et au printemps (Marc & Canard,1997 ; Marc et al., 1999 ; Korenko & Pekar, 2010), La majorité des araignées sont capables de reprendre leur activité de prédation plus tôt dans la saison et les araignées s’attaquent alors aux colonies fondatrices de pucerons (Boreau de Roincé et al., 2013).

Les autres prédateurs plus classiques (Adalia bipunctata, Episyrphus balteatus et Aphidoletes aphidimyza) ne se nourrissent de pucerons que lors que les colonies sont bien établies (Dib et al.,2010). La présence des araignées en début de saison atténue le développement exponentiel des populations de ravageurs en début de saison (Birkhofer et al., 2008) et laisse le temps aux prédateurs naturels de s’installer. Les araignées représentées dans les comptages sont de taille, de techniques de chasses et de niches trophiques différentes. Certaines espèces comme les Philodromus auront une large niche trophique, ce qui correspondra à un comportement de prédations plus général ; au contraire, d’autres espèces comme Metellina auront une niche plus petite mais seront considérés comme des top prédateurs.
Cette grande diversité permet un champ d’action plus large et plus complet sur les proies qu’elles peuvent capturer (Sanders et al., 2014) et rentrent totalement dans le cadre de notre quête d’une plus grande biodiversité. Cette année encore, on retrouve l’araignée crabe (Thomisidae) Synema globosum en grand nombre. Pour mémoire, ces araignées chassent à l’affût et n’utilisent leur toile que pour conserver leur proie, fabriquer des cocons et s’en servir de filet de rabattage (Foelix, 2011). Même si elles consomment également parfois des auxiliaires, elles éliminent thrips, tigres ou même pucerons.

En ce qui concerne les coléoptères, on retrouve Rhagonycha fulva à deux reprises et très largement la souche américaine de la coccinelle chinoise Harmonia axyridis que l’on rencontre à 34 reprises. Elle a largement pris le pas sur les deux autres espèces communes Adalia bipunctata (1) et Propylea quatuordecimpunctata (2). Harmonia axyridis est l’espèce d’auxiliaire la plus rencontrée sur le site. Ces trois espèces consomment majoritairement des pucerons.

Après les araignées et les coléoptères viennent les Micro-hyménoptères et en particulier les Aphidius (11 Aphidius ervi et 9 Aphidius colemani). Tous deux parasitoïdes de pucerons. On retrouve ensuite les punaises prédatrices et en particulier les nymphes de Deraeocoris ruber (7). Pour mémoire, cette punaise se nourrit de jeunes stades de papillons, d’acariens et de différents petits insectes dans les vergers de pommiers, sur Rubus sp., Urtica sp. et de pucerons sur les noisetiers (Herard, 1986).
L’ensemble des autres punaises à l’exception d’une Pentatomidae (Ancyrosoma albolineatum) et de la Reduvidae classique Rhinocoris iracundus sont des punaises prédatrices de petites tailles qui s’attaquent aux pucerons, psylle, acariens et chenilles de papillons. Les diptères (8 syrphes et 4 Cecidomyiidae) sont toujours présents mais en quantité plus faibles que les autres groupes. Il en est de même pour les chrysopes (3).

Cette année encore les indices de la biodiversité sont positifs sur les haies de Montesquieu et d’Etouars même si la quantité d’arthropodes observés sur cette dernière était limitée. Il est possible qu’auxiliaires et ravageurs se soient déplacés vers d’autres parties du site, dans le verger ou sur la végétation qui était très abondantes à cette période de l’année.
A Laas, la quantité d’arthropodes était légèrement supérieure à ce qu’on observait à Etouars mais le peu d’échantillon ne permet pas de faire une étude poussée en fonction des essences qui composent la haie.
D’un point de vu général, les arbres de la haie ne sont pratiquement pas attaqués par des ravageurs. Tous les arbres ont été examinés et ils ne présentaient pas de problème particulier. A cette période de l’année, les ravageurs et en particulier les pucerons sont sur les arbustes et les populations naturelles d’auxiliaires semblent les maintenir au-dessous d’un seuil tout à fait acceptable pour les arbustes et sans que nous ne les remarquions. Nous avions déjà expliqué cette attraction des arbustes par la structure végétale plus complexe et donc plus attrayante pour les arthropodes sur ce type de végétaux.
Ce document est extrait des comptes rendus d’activité 2013-2015 du Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine Domaine de Barolle 47130 MONTESQUIEU, et vient en complément à la revue Passerelle Eco n°77 sur le thème « haie fruitière et jardin-forêt »

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