Le corridor européen annoncé le 20 octobre reliera Barcelone à Marseille. Des élus de la région réclament un "détour" par le site de production et de stockage d’hydrogène vert en cours de réalisation sur le littoral audois.
Un gazoduc peut en cacher un autre. Et une polémique chasser l’autre. Le MidCat et sa percée des Pyrénées jugée écocidaire enterrés, l’annonce d’un pipeline sous-marin reliant Barcelone à Fos-sur-Mer/Marseille aurait pu générer le consensus. L’ouvrage transportant du gaz avant de basculer rapidement en mode "hydrogenoduc" Las. Les élus régionaux s’aperçoivent qu’un tracé sous-marin direct court-circuiterait le littoral d’Occitanie et son futur site de production d’hydrogène vert à Port-La Nouvelle, dans l’Aude (lire aussi l’encadré ci-dessous). Et si la ministre espagnole de la Transition écologique assure qu’il n’y a "pas encore de tracé parfaitement identifié", les élus d’Occitanie veulent anticiper pour éviter que les 150 millions d’euros d’argent public investis à Port-La Nouvelle par la Région, regardent passer ce corridor énergétique européen.
C’est le sénateur audois Sébastien Pla qui a réagi le premier en interpellant la ministre de la Transition écologique sur le sujet, lors des questions au gouvernement du 2 novembre. "J’avais contacté au préalable Terega (station de compression de Barbaira, près de Carcassonne-NDLR), les entreprises impliquées et la Région ; on a convenu de cette question au gouvernement, il fallait aller vite pour mettre en lumière le risque pour notre territoire d’être déconnecté de ce corridor européen", raconte le sénateur qui a aussi écrit (avec 26 autres parlementaires) un courrier à Elizabeth Borne. Et, surtout, pris soin de proposer une alternative au "tout droit" Barcelone-Marseille.

Le sénateur de l’Aude Sébastien Pla, défenseur d’un tracé qui passerait par Port-la-Nouvelle et Barbaira.
Le sénateur de l’Aude Sébastien Pla, défenseur d’un tracé qui passerait par Port-la-Nouvelle et Barbaira. L'Independant – N. AMEN VALS

"Après la première voie qui était le MidCat, la deuxième qui est ce BarMar, on propose une troisième voie semi-sous-marine, semi-terrestre qui permettrait de raccorder l’hydrolyseur de Port-la-Nouvelle", explique Sébastien Pla. L’idée étant de relier Barcelone à Port-la-Nouvelle par la mer, Port-la-Nouvelle à la station de compression de Barbaira puis au site de Fos-sur-Mer par la terre. Barbaira serait alors aussi relié au gazoduc qui traverse les Pyrénées jusqu’au Pays basque/Nouvelle-Aquitaine : "On réaliserait ainsi un maillage de ces infrastructures car en Occitanie, tous ceux qui travaillent sur l’hydrogène en auront besoin et on n’en produira pas assez".

Infographie L'Indépendant
Infographie L'Indépendant Denis Dulcet

Il faut de l’hydrogène d’Occitanie dans ce pipeline
Sébastien Pla rapporte les besoins émis par de gros industriels en région. "Il y aurait aussi un usage régional pour Airbus par exemple qui veut être connecté à ce corridor car il travaille à un avion à hydrogène pour 2030-2035, mais aussi les cimenteries et bien sûr les bornes de recharge hydrogène, toutes les mobilités…". Autant d’usages qui, une fois développés, nécessiteront plus d’énergie que Port-la-Nouvelle n’en produira. L’hydrogène en provenance d’Espagne, voire d’Afrique du nord, serait alors bienvenu. 
Mais Sébastien Pla insiste sur l’indépendance énergétique : "Pour ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, il faut de l’hydrogène d’Occitanie dans ce pipeline. Je travaillerai jusqu’au bout pour ce projet car l’hydrogène est une chance pour la région".

source

Catégorisé: