La tranquille sous-préfecture de Langon a connu deux très grands événements populaires depuis l’après-guerre. La visite du général de Gaulle il y a soixante ans, le 15 avril 1961. Et le concert de Manu Chao, il y a vingt ans. C’était le 1er août 2001.
Comme le fondateur de la VRépublique, le fondateur de la Mano Negra, tête d’affiche du festival des Nuits atypiques, a fait déplacer les foules à Langon. Environ 15 000 entrées payantes et peut-être 1…
Comme le fondateur de la VRépublique, le fondateur de la Mano Negra, tête d’affiche du festival des Nuits atypiques, a fait déplacer les foules à Langon. Environ 15 000 entrées payantes et peut-être 1 000 ou 2 000 spectateurs de plus massés dans le parc des Vergers. « Une marée humaine » avait titré à la Une « Sud Ouest » le lendemain. « Affluence phénoménale », « Chao emporte tout »…, pouvait-on lire.
Fin d’après-midi, des milliers de voitures convergent vers Langon. Tous les parkings sont mobilisés, même celui du centre commercial Leclerc. Les véhicules stationnent de chaque côté des grands axes d’entrée de la ville sur plusieurs kilomètres.
Michel Perron est à l’entrée du parc des Vergers. L’emblématique bénévole des Nuits atypiques et de Musicalarue vérifie les billets. « J’en avais mal au poignet de mettre des coups de tampon sur le bras des gens. Le soleil se couchait, la lumière était magnifique, et il y avait cette vague humaine qui n’en finissait plus d’arriver. »
Le festival fête alors ses dix ans. Les organisateurs veulent marquer le coup. Plus de 250 bénévoles sont mobilisés. Manu Dibango, Fabulous Trobadors, Emir Kusturica sont quelques-unes des têtes d’affiche programmées de longue date pour les quatre soirées. Au sommet après avoir vendu trois millions d’exemplaires de son premier album solo « Clandestino », Manu Chao semble alors bien inaccessible pour la petite ville de Langon. Mais Patrick Lavaud, directeur du festival à l’époque, avait quelques bonnes cartes à jouer pour convaincre l’artiste « citoyen du monde » autoproclamé.
« Tout le monde le voulait. J’avais candidaté et monté un gros dossier. Le festival avait une dimension altermondialiste. On avait prévu un colloque avec Attac. On parlait commerce équitable, paysans sans terre… Des thèmes qui lui sont chers. Et puis il y avait aussi son frère, Antoine Chao, qui n’habite pas très loin, à Uzeste. Et au cas où il accepterait on s’était dit que l’on commencerait le festival un soir plus tôt », se remémore Patrick Lavaud qui a lâché les rênes du festival l’an dernier.
La nouvelle tombe en mai. Manu Chao accepte. Les organisateurs revoient en urgence leur communication déjà lancée, rajoutent une date au festival qui va être un cru exceptionnel. « Il est arrivé la veille par le train, on est allé le chercher en voiture à la gare de Bordeaux avec Jérôme Guillem qui était le président du festival, poursuit Patrick Lavaud. Il est descendu du train comme n’importe qui. On avait l’impression que l’on allait récupérer un copain que l’on n’avait pas vu depuis une semaine ».
Manu Chao est conduit à Uzeste, chez son frère où il a prévu de passer la nuit. Une fête s’improvise devant l’Estaminet. Bernard Lubat et Manu Chao tapent le bœuf. Là aussi, la soirée a été mémorable pour les quelques privilégiés qui étaient là. « Il était très accessible et très curieux de ce que l’on faisait aux Nuits atypiques. Il ne venait pas juste faire un concert et puis c’est tout », se remémore Jérôme Guillem, aujourd’hui maire de Langon.
Au soir du 1er août, le public assiste d’abord à un « artifice-opéra d’oc » donné par la compagnie Lubat. Il est 23 h 30, l’orage d’été que l’on a craint un moment n’a finalement pas craqué. Le public est prêt. « Je me souviens qu’avant de monter sur scène Manu Chao et ses musiciens se sont regroupés, un peu comme des sportifs avant un match. Il y avait comme un fluide qui passait entre eux, c’était beau, témoigne Patrick Lavaud. Il est d’abord monté seul sur scène et là tout s’est embrasé. Il a donné plus de deux heures de concert, c’était absolument gigantesque. »

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