L’argent dans le couple est un sujet surtout lorsque ce sont les femmes qui en parlent. Pour autant, certains stéréotypes perdurent dans les faits, particulièrement quand on évoque le partage des dépenses. Les femmes continuent souvent à gérer « le panier » de la maison au sens propre, (on retrouve la théorie du « pot de yaourt » évoquée par Titiou Lecoq), quand leur époux ou compagnon finance les grosses dépenses telles le logement et la voiture.
Lorsque Delphine…
Lorsque Delphine et celui qui partage sa vie se sont mariés, ils vivaient ensemble depuis dix ans et avaient un enfant. « Le mariage sous le régime de la communauté s’est introduit dans nos vies comme une protection en cas de décès de l’un de nous deux après une histoire dramatique dans notre environnement proche. »
L’union n’a rien changé sur le fonctionnement de la famille. « Nous avions déjà un compte commun que nous alimentons à la même hauteur et qui nous sert pour le crédit de la maison, les factures, les assurances, la voiture. » Les courses ? « On partage : moi, le frais, lui, le courant. » Les vacances aussi sont partagées, au doigt mouillé avec les comptes individuels. Des comptes vraiment personnels. « Je n’ai pas de regard sur le sien, ni lui sur le mien. On veut pouvoir se faire plaisir sans rendre des comptes… »
L’importance de l’argent dans le couple ? « Aucun de nous n’aurait la capacité d’assumer financièrement, notre train de vie, seul… » Quant à savoir si les femmes et les hommes sont égaux devant l’argent, Delphine est catégorique : « Je l’ai longtemps cru. Ce n’est plus le cas : tant que nous ne serons pas égaux en termes de salaires dans le travail, nous ne pourrons l’être à la maison. »
« Mon épouse et moi arrivons de milieux où l’argent a toujours manqué. Aujourd’hui, tous les deux cadres supérieurs, nous avons un bon niveau de vie et l’argent est un moyen de se faire plaisir, de faire des surprises à l’autre et de se rassurer. » Il aura fallu qu’ils contractent un crédit immobilier – et ce, alors qu’ils étaient mariés –, pour que le couple sans enfant opte pour un compte commun.
« Compte qui sert à payer tout ce qui tourne autour de la maison et les courses. Mon épouse verse dessus deux fois plus que moi car elle gagne deux fois plus. » Pour les vacances, chacun puise dans son compte personnel en proportion de ses revenus. Sébastien a les codes d’accès de son épouse et vice-versa « mais il ne viendrait à l’idée d’aucun d’entre nous de les activer ! » Le couple n’a clairement pas de problèmes d’argent, pour autant Sébastien regarde ses comptes (l’individuel et le commun) « tous les jours », « pour me rassurer. Quand vous avez manqué d’argent jeune, vous avez toujours peur… »
Comme Delphine, Aurore et son compagnon, qui vivaient ensemble depuis onze ans, se sont passé la bague au doigt, quand ils ont acheté leur appartement « pour se protéger en cas de décès ». « Nous avons fait un contrat de mariage, car Franck est un travailleur indépendant et il a une société. »
Pas de compte commun. Deux comptes personnels. « Je gagne le Smic, lui beaucoup plus, même si c’est fluctuant d’un mois à l’autre. Franck paie le crédit, moi les courses. Il me renfloue quand j’ai besoin. Je n’aurais pas de compte personnel, ça ne changerait rien, car je ne m’achète pas grand-chose. » Les vacances ? « Franck met de côté. Moi je n’ai pas les moyens. D’ailleurs, si je devais vivre seule, je ne pourrais pas me loger sur Bordeaux, je serais peut-être en coloc… à 45 ans… »
Hélène a deux grands enfants d’un premier mariage et une fille avec son actuel mari. Avec ce dernier, pas de compte commun. « J’ai un prélèvement à la source à un taux individualisé, car mon époux gagne dix fois plus que moi. » Hélène paie les études des grands, les courses et l’école de sa fille dans son actuel ménage. La maison est à son nom à lui.
« Nous n’avons pas accès aux comptes de l’autre. Je ne sais rien de ce qu’il a et je ne cherche pas à savoir. Je ne lui demande rien non plus. » Le gros des vacances (billets d’avion, location), c’est Monsieur. Madame gère les dépenses sur place. « Sans que rien ne soit figé. J’ai bien conscience que je baisserais de niveau de vie si nous nous séparions. Mais ça n’est pas une angoisse pour moi. » Freinée par le passé dans sa progression professionnelle par sa vie de maman, Hélène veut aujourd’hui avancer. « Je veux gagner plus. J’ai une quête, à 50 ans, d’autonomie totale… »

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