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Fermée en 2010, l’usine Peaudouce fait partie du patrimoine industriel de Linselles. Avant sa démolition à l’automne pour faire place à des logements, des anciens salariés nous racontent leurs années « Peaudouce ».
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Paulette Delcroix a fait toute sa carrière chez Peaudouce. Sa fille, Lydie, y a travaillé plusieurs étés.
Paulette Delcroix a fait toute sa carrière chez Peaudouce. Sa fille, Lydie, y a travaillé plusieurs étés.

Norbert et Paulette Delcroix se sont rencontrés à l’âge de 12 ans, fiancés à 16 ans et mariés à 20 ans. Paulette a commencé à la filature Descamps le jour de ses 14 ans, comme bobineuse, où son papa était maçon. Avant d’intégrer Peaudouce (comme beaucoup d’anciens de chez Descamps après le rachat de la société). Elle y a fait toute sa carrière (ouvrière, emballeuse…) qu’elle a terminée en 2000 au courrier et au standard. « Mon poste a été supprimé, mais j’avais fait mes années. J’ai été parmi les premières à partir. Mais on savait que les autres allaient suivre. » Disparu il y a six ans, son époux y a également travaillé une vingtaine d’années et sa fille, Lydie, aussi, trois étés, « pendant les vacances scolaires, à partir de l’âge de 16 ans », d’abord sur le site de Wambrechies, puis à Linselles.

« Il ne faut pas s’attacher à des briques. De toute façon, même si on a mal au cœur, ils le feront… »

« Il y avait une bonne entente entre les ouvrières, raconte Paulette Delcroix, aujourd’hui 75 ans. Quand on papotait trop à la pause, le contremaître venait nous chercher. Mais, en manutention, on devait bosser. Plus on travaillait, plus on avait de primes de production. On était bien payé… Toutes les années où j’ai travaillé, je n’ai rien à redire. On avait du plaisir, il y avait une bonne ambiance. » La transformation de Peaudouce en logements ? « Il ne faut pas s’attacher à des briques. De toute façon, même si on a mal au cœur, ils le feront… »

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Dominique Delbecque a le sentiment «d’avoir vécu une aventure formidable. Tous les six mois, on changeait de business, de technologie ou de produit.»
Dominique Delbecque a le sentiment «d’avoir vécu une aventure formidable. Tous les six mois, on changeait de business, de technologie ou de produit.»

« J’ai commencé en 1963 au peignage de lin Descamps comme mécanicien et, après mon service militaire en 1967, on a appris que l’usine était vendue aux frères Willot. Ils misaient tout sur la marque Peaudouce, témoigne Dominique Delbecque, 75 ans. J’ai installé la première machine pour fabriquer les couches bébé. J’ai senti que le développement allait se faire sur la couche et, à 25 ans, je suis passé contremaître. J’étais dans mon élément au niveau technique, j’avais l’impression qu’on changeait de siècle. »

« Il y avait une fierté d’appartenir à cette entreprise. Peaudouce, c’était un état d’esprit ! »

À l’époque, c’est Gérard Lucas qui est à la tête de l’usine. Dominique Delbecque en garde le souvenir de quelqu’un de « fantastique. Le matin, quand il arrivait, il faisait le tour des ateliers. C’était une révolution. D’autant que chez Descamps, les gens avaient travaillé toute leur vie sur des postes individuels et là on leur demandait de travailler par équipe. Sur une ligne de production, il y avait un conducteur, une emballeuse… Mais ils se sont habitués. » En 1987, Dominique Delbecque prend la direction d’une unité qui s’occupait de l’hygiène féminine.
L’âge d’or passé, en 2002, Dominique Delbecque est licencié. « Les machines sont parties en Slovaquie. » Avec le recul, il garde le sentiment « d’avoir vécu une aventure formidable. Tous les six mois, on changeait de business, de technologie ou de produit. On était dans une ambiance de compétition et on gagnait bien notre vie. Il y avait une fierté d’appartenir à cette entreprise. Peaudouce, c’était un état d’esprit ! »
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Norbert Colleit a passé 41 ans dans la même boutique.
Norbert Colleit a passé 41 ans dans la même boutique.

De 1950 à 1991, de Descamps à Peaudouce, ouvrier, magasinier, contremaître, Norbert Colleit a passé 41 ans « dans la même boutique. » « C’était le bon temps, il y avait le plein-emploi, les heures supplémentaires », se souvient avec nostalgie Norbert Colleit, 87 ans, Linsellois pur jus. Ses parents, originaires de Belgique, ont aussi été concierges chez Descamps et Peaudouce.

« Il y avait une nouvelle à aller chercher au porche. J’y suis allé et je me suis marié avec elle »

« Ils sont arrivés chez Descamps en 1923 et ils se sont installés à la cité Sainte-Marie que Descamps avait fait construire. » Lui a rencontré sa femme chez Descamps en 1958. « Je rentrais de l’armée, j’avais un petit grade, on m’a dit « il y a une nouvelle, il faut aller la chercher au porche. » J’y suis allé et je me suis marié avec elle. »
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Salvatore Lo Re habite toujours en face de l’ancienne usine Peaudouce, rue de la Vignette.
Salvatore Lo Re habite toujours en face de l’ancienne usine Peaudouce, rue de la Vignette.

Salvatore Lo Re habite toujours rue de la Vignette juste en face de l’ancienne usine Peaudouce, dans une maison de la société. « Un ancien café tenu par des Espagnols, sourit son épouse. Ici, c’était le lotissement Peaudouce. » Genève, Amsterdam, les États-Unis aussi, Salvatore Lo Re, chef de fabrication, a sillonné le monde pour l’entreprise de couches. De cette époque, il garde une petite amertume liée au sentiment de ne pas avoir été payé à sa juste valeur « parce que j’étais Italien. »

« Les incendies du printemps 2021 ont tiré des larmes aux riverains »

Salvatore Lo Re dirigeait trois équipes (56 ouvriers). « J’étais sévère, mais j’étais aimé. » « Peaudouce, c’était une grande famille, avec des gens très solidaires les uns des autres, raconte sa femme, qui confie avoir eu les larmes aux yeux lors des incendies en mai 2021. Quand ça a brûlé, on pleurait sur le trottoir. » Alors, la démolition à venir de Peaudouce, « ça me fait mal ! », lâche Salvatore Lo Re. Une société qu’il a pourtant quitté il y a déjà 30 ans, en 1992.
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