l’essentiel E. comparaissait ce jeudi 13 octobre devant le tribunal de Cahors. Il était poursuivi pour avoir agressé sexuellement sa fille en 2020, âgée de 16 ans à l'époque des faits. L'homme a été reconnu coupable et a été condamné.
Pour C., l'espoir de retrouvailles familiales s'est transformé en cauchemar. À l'automne 2020, cette jeune fille, à l'époque âgée de 16 ans, est une adolescente épanouie. Elle vit en Bretagne, avec sa mère, qui l'élève seule. Si elle est en contact avec E., son père,  leurs relations sont plus qu'épisodiques. Ils s'échangent quelques SMS, notamment aux anniversaires. Ils se voient très peu. Entre 2004, année de naissance de la jeune fille, et 2016, ils ne se rencontrent que quelques fois. Entre 2016 et 2020, ils ne se verront pas du tout. E. est le père supposé de l'adolescente : il ne l'a jamais reconnue devant la loi et aucun test ADN n'a jamais été effectué pour prouver le lien de filiation. L'homme en question est pour autant considéré par tous – par lui-même, par l'adolescente et par la mère de cette dernière – comme étant le père de C.
Pour les vacances de la Toussaint, en 2020, il est décidé que C. prenne le train depuis la Bretagne pour passer quelques jours chez son père, qui réside dans une commune du Lot. Un moment vivement attendu par la jeune fille, heureuse à l'idée de revoir E. après une longue séparation. Elle prévoit même à ce moment-là d'évoquer avec lui l'idée d'un processus de reconnaissance de paternité.
Pour la première fois, C. se retrouve seule avec son père. Leurs précédentes rencontres avaient toujours eu lieu en présence de tierces personnes, notamment le demi-frère et la demi-sœur de l'adolescente, qu'E. a eus avec une autre femme. La première soirée et la première journée se déroulent normalement. Puis, le deuxième soir, E. invite un de ses amis. Il demande à C. de se faire passer pour sa compagne, pour faire une blague à son ami. C. trouve la démarche étrange, mais accepte. La blague dure quelques instants, puis la vérité est rétablie. Le père et son ami boivent ensuite des bières et du whisky en grande quantité. Au cours de la soirée, E. demande à C. de s'asseoir sur ses genoux. Encore une fois, la jeune fille est interloquée mais accepte. L'adolescente va ensuite se coucher.
Il est alors environ 2 heures du matin. Le père entre dans la chambre où se trouve sa fille, se glisse sous la couette avec elle. Puis, il lui caresse la poitrine. L'adolescente lui demande d'arrêter, et finit par s'endormir. Lorsqu'elle se réveille, sa poitrine est nue : son père a relevé son t-shirt. Sa main est positionnée au niveau des parties génitales de la jeune fille. Elle repousse son père, qui obéit.
Deux jours plus tard, E. récidive. Selon le témoignage de l'adolescente, il lui caresse et lui lèche la poitrine. Il touche de nouveau son sexe, et la jeune fille parle d'un acte de pénétration. Le lendemain, C. repart chez sa mère. En état de choc, elle appelle dans le train la gendarmerie, qui lui conseille d'aller porter plainte, ce qu'elle fera en novembre après avoir parlé des agressions à sa mère.  Après les faits, l'état de santé de C. se dégrade brutalement. Elle est aujourd'hui toujours sous traitement antidépresseur. « C'était une adolescente parfaitement équilibrée, avec des passions, comme la danse, le piano. Cela corrobore le fait qu'il s'est effectivement passé quelque chose », argumente l'avocate de la partie civile. 
Ce jeudi 13 octobre au tribunal de Cahors, C. n'est pas présente. Son avocate rapporte qu'elle a peur de voir de son père, et peur de ce qu'il pourrait dire. À la barre, E. dit n'avoir aucun souvenir du premier soir où les attouchements se sont déroulés, mais réfute les faits. « J'étais content de sa venue. Pourquoi je ferais ça ? Je suis le père de deux autres enfants. Je respecte les femmes » lance-t-il. Quant au fait de faire passer sa fille pour sa petite amie : « C'était juste de la rigolade. Il ne faut pas prendre ça au sérieux ».
S'agissant du deuxième soir, s'il conteste tout attouchement sur les parties intimes de sa fille, il reconnaît cependant avoir caressé ses seins. « J'ai demandé si je pouvais toucher sa poitrine. C'est là que j'ai dérapé, mais je ne le percevais pas comme ça. Dans ma tête, je passais un moment de tendresse avec ma fille », explique le prévenu, qui parle d'une « admiration physique » pour sa fille. « Ce n'est pas une caresse d'un père. Aucun père ne fait ça. Sauf ceux qui viennent ici », rétorque le président du tribunal. « Ça m'inquiète un peu pour votre fille qui n'est pas concernée », poursuit-il, faisant référence à la demi-sœur de C., actuellement âgée de 13 ans. L'avocat du père reconnaît un « comportement inadapté », mais plaide qu'il peut y avoir eu un « quiproquo » sur les gestes. 
Le rapport d'expertise établit que le témoignage de C. est « digne de foi », et qu'il n'y a « aucun signe d'altération de son discernement ». Le père, quant à lui, est décrit comme une personne ayant un « narcissisme surdimensionné » et une « tendance à la manipulation d'autrui pour satisfaire son plaisir personnel ».
Après délibération, le tribunal a décidé de requalifier l'accusation portée envers E., dans la mesure où aucune preuve matérielle n'indique qu'il est effectivement le père de C. Il est donc accusé d'agression sexuelle sur mineure de plus de 15 ans, et non d'agression sexuelle incestueuse.
E. a été reconnu coupable des fais qui lui sont reprochés. Peine principale : un suivi sociojudiciaire pour une durée de cinq ans, avec obligation de soins et interdiction de contact avec la victime, sauf dans un cadre judiciaire. Le tribunal fixe à deux ans la peine encourue en cas de non-respect des obligations du suivi sociojudiciaire. E. a désormais interdiction de toute activité en contact avec des mineurs, et est privé de son droit d'éligibilité. Il est aussi condamné à verser 4 000 € à sa fille en réparation du préjudice moral, 800 € à la mère pour le préjudice moral également et 785 € pour le remboursement des frais de suivi psychologique. Il versera aussi 800 € supplémentaires à la partie civile. E. dispose de dix jours pour faire appel.

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