Face au réchauffement climatique, de plus en plus de promoteurs déploient des solutions innovantes pour réduire l'empreinte carbone de leurs programmes. Exemples situés dans trois grandes villes françaises.
Avec ses 56 mètres de haut, elle est loin de rivaliser avec La Défense 2000. Mais la tour Elithis Danube , inaugurée en mars 2018 le long du canal Dusuzeau à Strasbourg, a d'autres arguments pour se distinguer. C'est le premier immeuble d'habitation à énergie positive en France. Comprenez : il produit plus d'énergie qu'il n'en consomme. Et ce n'est pas seulement grâce aux panneaux photovoltaïques installés sur les toitures et les façades sud.
La conception bioclimatique très innovante du bâtiment, tout en verre et en aluminium, joue aussi beaucoup. Pour offrir une parfaite isolation, toute l'enveloppe a ainsi été recouverte de 20 centimètres de laine de verre. Afin de capter un maximum de lumière naturelle « gratuite », tous les logements ont été équipés de larges baies vitrées avec double vitrage et stores à lames orientables qui peuvent être commandés à distance.
« Les occupants ont été pourvus d'un outil conçu entre intelligence artificielle et domotique pour, en un instant, suivre et réguler leur consommation », explique Claire Cauchetier, directrice de la marque et du développement chez Elithis, le bureau d'études à l'origine du projet. « Ceux qui adoptent les bons comportements réussissent non seulement à ne plus payer de facture d'énergie mais à recevoir en plus en fin d'année une prime en monnaie locale qui peut être dépensée dans les commerces du centre-ville. » D'autres projets de ce type devraient bientôt voir le jour à Saint-Etienne, Dijon et Bordeaux.
L'immeuble situé au 12, de la rue Monceau dans le 8e arrondissement de Paris entame sa troisième vie. Construit en 1929 comme un espace de bureaux, il a été racheté en 1954 par la Ville de Paris pour accueillir une école. Une campagne de travaux plus tard, il abrite désormais 24 logements sociaux, du T1 au T5, et un local d'activité.
Si le bâtiment a changé de fonction, il conserve tout son cachet d'origine. Les façades des années 1930 en pierres de taille ont été ravalées et isolées par l'intérieur. Les menuiseries extérieures ont été remplacées par des menuiseries double vitrage en bois sur la rue et en aluminium sur la cour, la courette et le pignon arrière. « A l'intérieur, nous nous sommes efforcés de réutiliser au maximum ce qui était déjà là », insiste Béatrice Vivien, architecte à l'agence Virtuel.
« On a ainsi conservé tous les garde-corps des escaliers, la serrurerie des cages d'ascenseur, les radiateurs en fonte et les grès cérame des paliers. On a aussi démonté un ancien monte-charge pour en faire un élément de décoration et récupéré toutes les anciennes patères de l'école, ainsi que les lettres en fonte du frontispice. » Un moyen à la fois de préserver la mémoire des lieux, de rompre avec les standards architecturaux, tout en limitant les déchets.
Mais la démarche de développement durable ne s'est pas arrêtée là. Deux chaudières numériques ont été installées au sous-sol pour préchauffer l'eau chaude sanitaire en captant la chaleur dégagée par les processeurs informatiques. Les toitures ont également été végétalisées, tandis qu'un jardin de pluie a été aménagé dans la cour au rez-de-chaussée pour la rétention des eaux pluviales. Le chantier a été livré en 2020 pour un coût 3,6 millions d'euros hors taxes.
Imaginez une résidence sans climatisation ni chauffage qui garantit une température de 22 °C minimum en hiver et 26 °C maximum en été. De la science-fiction ? Pas du tout ! Cet immeuble expérimental baptisé « Essentiel 2226 » sortira de terre en 2025, dans le quartier Confluence à Lyon (Rhône). Il s'intègrera dans un ensemble de 33.000 mètres carrés, répartis sur 11 bâtiments : 13.000 mètres carrés de locaux d'enseignement supérieur et 240 logements.
Bâtiment Essentiel 2226 à Lyon : une résidence sans climatisation ni chauffage qui garantit une température de 22 °C minimum en hiver et 26 °C maximum en été.Nexity
« Le cahier des charges, fixé par la ville de Lyon, la métropole et l'aménageur SPL Lyon Confluence, imposait de proposer un programme à la fois bas carbone, sobre en énergie, avec différentes typologies de logements pour répondre à tous les besoins », explique Frédéric Marchal, directeur général adjoint de Nexity immobilier résidentiel.
A côté des bâtiments bas carbone plus classiques, son équipe a imaginé le premier immeuble d'habitations bioclimatique en France , en s'inspirant d'un concept développé par l'architecte autrichien Dietmar Eberlé. « On va revisiter les principes constructifs de nos anciens », indique Frédéric Marchal. « L'enveloppe sera ainsi constituée de double murs de 60 centimètres en briques avec un vide d'air entre les deux, pour garantir une excellente inertie thermique. Les menuiseries seront équipées de triple vitrage. La chaleur sera produite par les occupants, les appareils de cuisine et les équipements informatiques. Un système piloté par ordinateur permettra de mesurer, dans chaque pièce, la température, l'hygrométrie et le taux de CO2 et de commander l'ouverture de certaines fenêtres. »
Retrouvez l'intégralité de notre dossier – Logement : trouver un habitat vert et confortable
Cet îlot ne sera pas seulement innovant dans sa conception, mais aussi dans son fonctionnement, puisque les 23 logements qu'il abritera seront tous en bail réel et solidaire (BRS). Un nouveau dispositif qui permet aux ménages à revenus modestes d'accéder à la propriété à un prix très abordable en achetant seulement le bâti et pas le foncier. Le chantier démarrera à la fin du premier trimestre 2023 pour une livraison prévue en 2025. L'objectif est ensuite de démultiplier le concept dans l'Hexagone.
Mathilde Riaud
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