« Je conçois que certaines de mes attitudes et surtout mon vocabulaire puissent avoir été inappropriés. Mais ce n’était pas volontaire, c’est dans ma culture depuis ma plus tendre enfance. J’en ai pris conscience avec la psychologue. » Ancien responsable du service informatique du centre hospitalier du sud Seine-et-Marne, alors basé à Montereau-Fault-Yonne, Christophe se défend au tribunal correctionnel de Fontainebleau face aux plaintes de trois agents hospitaliers.
Il est poursuivi pour agression sexuelle sur Sonia* du 6 janvier 2020 au 15 mars 2020, harcèlement sexuel et moral sur la même agente du 6 janvier au 28 juillet 2020, mais aussi pour harcèlement moral sur Didier* du 1er décembre 2016 au 1er septembre 2019 et enfin pour harcèlement moral sur Sylvia * du 1er avril 2019 au 24 juillet 2020.
C’est le pire du monde du travail qui s’invite à l’audience, avec cette circonstance aggravante que ces délits sont commis par une personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction. Après sa garde à vue en février 2020, l’ex-cadre a été suspendu.
Dès son arrivée au service informatique, Sonia subit des attouchements car chaque matin, quand elle lui fait la bise, il a la main baladeuse sur ses fesses, son entrejambe et ses cuisses. Un témoin confirme. Elle lui dit d’arrêter. Rien n’y fait. Elle refuse ses avances. Ses « boutades » passent mal. « Tu ferais mieux de me sucer au lieu de sucer du sucre », lui dit-il un jour qu’elle mange une sucette. Ou encore, « je vais te mettre un doigt, ça te passera l’envie de pisser ». Cela dégénère. Il la siffle, l’insulte. Elle affirme même qu’il la « déclasse » : en février 2020, elle devient cogestionnaire de projets, puis en juin gestionnaire de commandes.
Christophe conteste les agressions sexuelles. La sucette ? Le doigt ? « Mensonges ! » Il nie tout déclassement de Sonia : « En février je lui ai donné plus de tâches pour l’intéresser à son travail. En juin, comme on récupérait le service biomédical, j’ai pensé à elle qui avait du temps libre ».
Infirmière, Sylvia postule au service informatique suite à un problème de santé. Son savoir permet de renseigner le logiciel dans son volet médical. Mais elle se sent vite harcelée par ses deux chefs directs et par Christophe qui l’appelle « Cosette » ou « la Dépression » et la traite de « bonne à rien ». En juin 2020, elle tente de se suicider du deuxième étage de l’hôpital de Montereau. Elle sera empêchée in extremis.
Enfin Didier parle d’« humiliations gratuites » peu après l’arrivée de Christophe. Suite à un stage de formateur en 2019, il est muté à Nemours. « Je n’ai jamais demandé ça ! J’avais acheté un logement à Montereau. Ça faisait des kilomètres chaque jour ! » Il y voit la patte de son chef. Pour revenir à l’hôpital à Montereau, il accepte un poste d’homme de ménage.
« Les victimes auraient aimé entendre des excuses », insiste Me Coralie Malagutti. Au nom du fort impact traumatique – insomnies, cauchemars, etc. – confirmé pour chacune à l’examen de l’Unité médico judiciaire dont elles souffrent, l’avocate demande 4 000 euros pour Sonia, 2 500 euros pour Sylvia et 2 000 euros pour Didier.
La procureure requiert 36 mois de prison dont 24 avec sursis probatoire deux ans et 12 sous bracelet électronique, avec notamment l’inscription de son nom au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles et violentes (Fijais).
Des réquisitions « disproportionnées » selon l’avocat de la défense qui doute des agressions sexuelles : « Ce n’est matériellement pas possible qu’un témoin les ait vues ». Pour lui, « Il n’est pas le monstre qu’on dit, ni tout puissant. S’il y a doute, il doit lui être favorable ».
Licencié en août 2022, l’ex-cadre a été condamné à 18 mois de prison dont 10 mois avec sursis probatoire pendant deux ans, obligation d’indemniser ses victimes, interdiction d’entrer en contact avec elles. Les huit mois restants seront aménagés sous bracelet électronique. Le tribunal prononce son inéligibilité pendant cinq ans, son inscription au Fijais. Il devra verser aux parties civiles les demandes faites par Me Malagutti.
* Le prénom de la victime a été modifié.
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