Morgan Trintignant est restaurateur à Aix-en-Provence. Il est, à l’instar de beaucoup d’autres entrepreneurs, touché de plein fouet par le confinement. Il se confie au micro de Boulevard Voltaire. L’occasion d’évoquer ce mouvement des chemises blanches qu’il a fondé avec d’autres.

Vous êtes entrepreneur dans la restauration à Aix-en-Provence. Le confinement vous touche de plein fouet. Aujourd’hui, quelle est votre situation ?
Je suis dans la situation d’un chômeur en fin de droit.
Dans mes structures, j’ai une société mère. Cette dernière ne peut pas me verser de salaire. Comme les filiales appartiennent à la boîte mère, les aides ne nous sont pas destinées si ce n’est, la dernière. Depuis la dernière, je vais pouvoir commencer à payer le loyer et toutes les charges qui ne servent à rien, c’est-à-dire les assurances qui ne nous remboursent pas.
Pour parler crûment, vous êtes abandonné…
Je dirais plutôt sacrifié. Abandonné, c’est lorsqu’on n’a pas le choix. Sacrifié, c’est lorsqu’on décide volontairement qu’une catégorie de la population va se régénérer toute seule en s’effaçant et en étant remplacée par d’autre.
Selon vous, d’un point de vue politique , un choix a été fait…
Ils auraient très bien pu dire aux propriétaires fonciers « cette année exceptionnellement, vous ne toucherez pas de loyers, comme si vous n’aviez pas de locataires ». Ils ne l’ont pas fait et n’en ont même pas eu l’idée. Ils ont protégé le capital de l’immobilier et financier. Par conséquent, les entrepreneurs vont pour beaucoup, tout perdre. Ceux qui font du locatif ont peut-être aussi besoin de revenus… Si ces derniers ont des charges, ils peuvent décaler le crédit. Dans 90 % des baux commerciaux, les taxes foncières sont payées par le locataire. C’est une hérésie et une aberration, mais c’est la loi.
Si des propriétaires fonciers ne peuvent pas se passer de quelques mois de loyers, alors comment les entrepreneurs peuvent non pas se passer de salaire, mais perdre de l’argent tous les mois ?
Les propriétaires fonciers vont récupérer des fonds de commerce et des entreprises à bas coût. Et une fois que la conjoncture sera meilleure, ils vont revendre le pas de porte.
 
Vous êtes aussi fondateur et responsable du mouvement des chemises blanches. Ce mouvement est né après les Gilets jaunes.
Pouvez-vous nous rappeler qui sont les chemises blanches ? Ce mouvement est-il concerné par cette situation ?
Les chemises blanches sont des hommes et des femmes en France qui en ont marre et qui surtout, ne sont pas dans le commentaire, mais dans l’action. Dès l’instant que le sentiment d’injustice les touche, ils essaient de manifester leur mécontentement par de l’action en espérant montrer à beaucoup de Français qui pensent comme eux que tout espoir n’est pas perdu et que la créativité, le style, le panache même dans la défaite restent agréables à regarder.
Vous parlez de créativité et de style. Envisagez-vous des actions ?
Notre prochaine action concerne les choix de notre gouvernement. Nous avons une autre action que nous aimerions bien mener, mais nous ne savons pas encore comment nous allons communiquer. Nous aimerions inciter les restaurateurs comme moi, les barmans, les patrons de discothèques, les chefs de bar à strip-tease, les vendeurs de gaufres de ne plus jamais servir monsieur Macron, monsieur Véran et monsieur Castex.
Selon le code de la consommation, il est interdit de refuser à un consommateur, la vente d’un produit sauf pour un motif légitime.
Le motif légitime serait de ne pas servir ce monsieur qui a essayé de me tuer. C’est peut-être illégal de ne pas servir Véran, mais j’aimerais bien voir monsieur Véran porter plainte contre un restaurateur qui a refusé de le servir. Je pense que la boucle sera bouclée. Ce gouvernement qui n’est pas à une aberration près pourra nous prouver à quel point, il manque d’idée, d’ingéniosité et encore plus de classe.
Vos entreprises sont-elles menacées de disparition ?
On est voué à mourir. Mes camarades les plus gros sont devenus très maigres et mes camarades les plus maigres sont déjà morts.
Quel est votre état d’esprit ?
Mon sentiment français est la révolte et l’incompréhension. Et mon sentiment chemises blanches est l’esprit de revanche.
 
18 novembre 2020
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Cette frappe servirait d’exemple : « frapper la France une fois » ferait en sorte que « tout le monde ait peur ».
La situation actuelle était prévisible, et seul le gouvernement est coupable de manque d’anticipation.
Boccace : un bien joli nom emprunté à l’écrivain italien du XIVe pour un prix désormais réservé, on l’aura compris, à une catégorie d’auteurs finement triés sur le volet idéologique.
La cancel culture, c’est aussi cela : entre faire vaciller une statue, une église, à grands coups de butoir et la laisser à l’abandon jusqu’à ce qu’elle s’effondre, il n’y a qu’une différence d’horloge.
Si Charlie Hebdo a parfaitement le droit de s’exprimer en toute liberté – et ce n’est pas BV qui lui récusera ce droit -, doit-on forcément approuver tout ce que fait Charlie Hebdo ?
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